Au tribunal, les vrais "casseurs" du PSG se font attendre
Les premières comparutions immédiates ont eu lieu, mercredi, jusqu'à deux heures du matin. De nouvelles comparutions se tiennent jeudi après-midi à Paris.
"L'audience est levée." Les yeux rouges mais encore ouverts, la présidente de la chambre correctionnelle 23-2 du tribunal de grande instance de Paris met fin au marathon. Il est 2 heures du matin, jeudi 16 mai, dans un palais de justice déjà endormi et quasiment dépeuplé.
Treize heures plus tôt, une tout autre ambiance, frénétique, s'emparait de la salle des pas perdus, envahie par des dizaines de journalistes venus "les" voir. Les casseurs du PSG, auteurs des violences survenues lundi soir au Trocadéro. L'heure des comparutions immédiates était arrivée, dans les chambres 23-1 et 23-2, et bientôt les premières condamnations allaient tomber. Pour l'exemple ?
Francetv info a assisté à cet après-midi, cette soirée et cette nuit judiciaires, finalement bien loin de ce qui était attendu.
Qui étaient les prévenus ?
Ils étaient treize, dont neuf devant la chambre 23-2. Mickaël, 27 ans, est un supporter du PSG "depuis tout petit", comme en témoigne sa garde-robe avec "presque tous les modèles de maillots" du club. Lundi, des policiers l'auraient vu, affublé de son maillot rouge floqué "Sakho" (qu'il porte encore à l'audience, deux jours après, faute d'avoir pu se changer), jeter une bouteille de whisky en leur direction.
Nelson, Moïse et Fostino appartiennent, eux, à la même famille brésilienne. Pas plus "ultras" que Mickaël, ces cordistes, "alpinistes du bâtiment" chargés de nettoyer les façades, ne connaissent le PSG "que de nom". Quant à Daouda, Dylan, Kévin et Djibril, jeunes majeurs dont l'un passe son bac jeudi, il leur est reproché d'avoir volé un tee-shirt Abercrombie & Fitch dans un carton trouvé, éventré, dans la rue. Le dernier prévenu, à l'identité incertaine et travailleur au noir, reconnaît, lui, avoir volé des sucreries dans un kiosque vandalisé par des casseurs.
"Nous n'avons pas devant nous des gens venus pour casser, mais plutôt des gens qui se sont laissés griser", constate rapidement la procureure de la 23-2, Anaïs Trubuilt. Soucieuse de justifier la "légèreté" de ses réquisitions, la jeune femme estime que les "vrais" casseurs sont ailleurs, "encore en garde à vue ou trop malins pour s'être fait attraper". Mais il faut bien se prononcer sur le sort des prévenus. Amanda Tartour, l'avocate des quatre premiers cités, craint alors, "vue la médiatisation des violences, qu'il y ait des peines de prison ferme pour tous, en guise de leçon". Et reconnaît une certaine impuissance, "car c'est la parole des prévenus contre celle des policiers, qui pèse plus lourd".
Quelles condamnations ont été prononcées ?
Derrière ses lunettes aussi noires que ses cheveux, la présidente Isabelle Pulver (et robe noire) a prononcé une seule peine de prison ferme, à l'encontre de Mickaël, au sujet duquel quatre policiers sont venus témoigner pour décrire les faits avec précision. Bien que niant ces accusations, il a écopé de quatre mois de prison dont deux ferme, assortis d'un mandat de dépôt. "Les vrais coupables, ils ne les ont pas arrêtés, avait-il soutenu à l'audience. Je me suis fait interpeller pour rien. lls m'ont arrêté parce que j'avais mal à la cheville et arrêté de courir."
Les mêmes accusations de jets de bouteilles ou canettes ont valu des peines d'un mois et trois mois avec sursis à trois autres hommes, jugés parallèlement dans la chambre 23-1. Un quatrième, en pleurs lors de l'audience, a écopé de deux mois de prison ferme pour rébellion lors de son interpellation. Tous ces condamnés se disent innocents et affirment "payer pour les autres", "pour l'exemple".
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