Quand Raymond Kopa fumait de l'eucalyptus et donnait son nom à une rose
Le pépiniériste Jacques Travers a bien connu l'ancien footballeur, mort à l'âge de 85 ans. Il se souvient pour franceinfo d'un "homme d'exception".
"Je veux bien donner mon nom à une rose, mais je veux la voir et je veux qu'elle soit très belle." Jacques Travers n'oubliera jamais les mots de Raymond Kopa, mort à l'âge de 85 ans, vendredi 3 mars. Aussi, en 1998, la légende du foot français donnait son nom à une fleur conçue aux pépinières de la Saulnay, à Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire). "Il est venu dans notre carré d'essai choisir sa variété avant l'inauguration de la rose, en juin 1998", en présence de sa famille et d'anciens joueurs du Stade de Reims, raconte ce pépinériste de 77 ans.
Cette année-là, nous avions le choix entre plusieurs coloris orange. Le choix s'est arrêté sur une rose très vigoureuse, d'un orange très puissant, semblable au feu. Mais aussi pleine de santé, pleine de vivacité. Cela correspondait bien au joueur.
Jacques Traversà franceinfo
Raymond Kopa est plutôt flatté par l'hommage. Quand il part en vacances, et notamment en Corse, il emmène toujours des rosiers, pour en offrir à ses amis, comme les sœurs Goitschel. L'ancien footballeur plante un massif dans le jardin de sa maison de Porticcio (Corse-du-Sud).
Jacques Travers a fait la connaissance de Raymond Kopa, il y a une quarantaine d'années, une vingtaine d'années avant l'épisode de la rose. Gardien de but des vétérans de Saumur, il affronte de temps en temps le "Messi" des vétérans de Notre-Dame-des-Champs, près d'Angers. "Avec Raymond Kopa, on s'est croisés pendant quinze ans sur les terrains, tout en se fréquentant dans la semaine, pour des parties de pêche."
"Il aimait faire marquer les autres"
Le pépiniériste se souvient d'un joueur d'exception. "Il ne marquait pas beaucoup de buts, car il aimait faire marquer les autres." Sauf une fois, quand France Football est venu faire un reportage sur l'ancien international. Ce jour-là, Jacques Travers ne voit pas de roses mais des pâquerettes. "Il avait décidé de se faire mousser un peu, hein. Il a mis six buts. Il s'arrêtait aux 18 mètres, me regardait et plantait."
A Saumur, on payait toujours un coup de crémant à Notre-Dame-des-Champs. Lui, il fumait des cigarettes d'eucalyptus, qui embaumaient dans les vestiaires.
Jacques Traversà franceinfo
Sur le terrain, Raymond Kopa ne supporte pas qu'on lui chatouille les chevilles. "Et puis, il était un peu mauvais perdant, se souvient Jacques Travers. Mais en dehors du terrain, c'était un type d'exception." L'ancien international français a joué jusqu'à 55 ou 58 ans, précise le pépiniériste.
"La dernière fois que je l'ai vu, c'était à l'automne"
Au passage, il gratifie ses coéquipiers de quelques anecdotes. "Lors d'une finale de Coupe du Roi, en Espagne, alors que le Real était mené 3-0 par Barcelone, l'ancien président de Reims était venu le voir, et ils ont bu du champagne à la mi-temps. Le Real s'est imposé 4-3." Ou encore : "Quand il est parti de Reims, il pouvait s'acheter une 4CV tous les trimestres, quand il était au Real, c'était 6 !"
"La dernière fois que je l'ai vu, c'était à l'automne. Il semblait fatigué – il avait eu des opérations du genou – mais il était au niveau intellectuellement, toujours nickel." Forcément, Jacques Travers est "très triste" après la perte de ce "type sympathique". Aujourd'hui, la rose Raymond Kopa est épuisée dans les stocks de la pépinière. Nul doute qu'elle éclose à nouveau.
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