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Raymond Domenech distribue cartons rouges et bons points

Dans son livre "Tout seul", à paraître mercredi, l'ancien sélectionneur de l'Equipe de France se confie sur ses années à la tête des Bleus. Et raconte sa version de l'insulte de Nicolas Anelka, en juin 2010. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Raymond Domenech, ancien sélectionneur de l'équipe de France, avant la rencontre contre l'Afrique du Sud, lors de la coupe du Monde de football, le 22 juin 2010.  (IVAN ALVARADO / REUTERS )

FOOTBALL – Qu'a lancé Nicolas Anelka à son coach Raymond Domenech, à la mi-temps du match France-Mexique lors de la Coupe du monde de football en 2010 ? La question trouve une réponse dans le livre Tout seul, de Raymond Domenech, dont l'Agence France Presse publie les bonnes feuilles, lundi 19 novembre. 

Dans cet ouvrage à paraître mercredi, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France s'appuie sur son journal et livre le fond de sa pensée sur certains de ses joueurs. Une confession qui s'accompagne tantôt d'une distribution de blâmes, tantôt d'une distribution de bons points. 

Nicolas Anelka : blâme pour écart de langage  

C'est la première fois que Raymond Domenech donne sa version des faits au sujet de cette altercation survenue à la mi-temps du match France-Mexique, le 17 juin 2010. Les prétendus propos de Nicolas Anelka avait alors été rapportés par L'Equipe sous le titre équivoque : "Va te faire enculer, sale fils de pute !".

L'ancien sélectionneur se souvient avoir dit à Anelka : "J'avais demandé de la profondeur et toi Nico, sur le premier ballon, tu restes là sans bouger", se souvient-il. Le joueur proteste. Selon Raymond Domenech, "Patrice Evra a alors essayé d'éteindre le feu qui couvait (...) Mais Anelka ne s'est pas calmé et a lancé : 'Enculé, t'as qu'à la faire tout seul, ton équipe de merde ! J'arrête, moi...'".

"Je n'ai pas tout entendu. La fin de la phrase m'a échappé dans le brouhaha", précise l'ancien coach, ajoutant avoir "été moins choqué par l'insulte que par le tutoiement qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie". L'incident a provoqué une scission entre les joueurs et le coach. Nicolas Anelka a été renvoyé du groupe, et les Bleus ont fait grève en soutien au joueur exclu. "Anelka a tué le groupe (...). Au terme de ce naufrage, une image m'a réveillé un peu, écrit Raymond Domenech : Gallas et Anelka en train de rigoler après le match. Quelle inconscience." 

Un blâme pour Ribéry, la "diva", et pour Gourcuff, trop apathique

"Un joueur cadre de l'Euro 2008 m'avait prévenu au sujet de Ribéry, et moi je lui ai donné les clés ! Quel con je suis..". Après le fameux France-Mexique du Mondial 2010, le sélectionneur ne cache pas sa déception au sujet de l'atitude de Franck Ribéry. A l'issue du match Serbie-France en septembre 2009, le sélectionneur écrit dans son journal : "Quand j'ai voulu le remercier, il m'a envoyé paître en retirant son bras : 'Ne me touchez pas' ! Tout Ribéry qu'il était, je l'aurais volontiers accroché au plafond", raconte-t-il. Des "attitudes de diva susceptible", néfastes pour le groupe, selon Domenech. 

Le sélectionneur revient notamment sur les relations tendues entre Franck Ribéry et Yoann Gourcuff. Avant le premier match du Mondial 2010, Domenech dit à Gourcuff : "Je t'ai donné les clés, à toi de jouer !" et constate l'animosité persistante entre les coéquipiers. "Le pire à ce moment précis est le regard de Franck Ribéry: J'ai vu dans ses yeux la haine, le mépris ou la jalousie. Il ne l'aime pas, c'est certain." Mais Domenech n'est pas tendre non plus avec le joueur de l'OL, qu'il accuse de vivre dans "son monde des Bisounours" : "J'avais envie de lui mettre des gifles avec son air de garçon candide, de pauvre petit malheureux à qui on veut du mal, reconnaît-il en juin 2010. Un meneur c'est un guerrier, pas un suiveur, réveille-toi Yoann." 

Nasri, Benzema et Malouda : blâme collectif pour égoïsme

Chez ces trois joueurs, le sélectionneur dénonce une atitude peu compatible avec le jeu collectif :  "Samir Nasri symbolise cette dérive des joueurs ne pensant qu'à leur gueule. Au sein d'un groupe, il vient toujours appuyer là où ça fait mal et révèle la faille au lieu de la colmater (...) et dans sa position de meneur de jeu, il fait seulement illusion", écrit Domenech. "Il convenait surtout d'éteindre ces ego se mettant à ébranler le collectif. Comme celui de [Karim] Benzema maugréant des insultes 'Tous des cons' parce qu'il n'était pas entré en jeu aux Iles Féroé" , en août 2009. Toutefois, il reconnait le "talent exceptionnel" de son ancien joueur. 

Quant à Florent Malouda, il "fait la gueule à chaque fois que je lui donne un conseil. Il est même arrivé à tacler Valbuena et Diaby sans raison (...) Je l'ai repris de volée devant tout le monde: "Si tu crois que fracasser tes potes réglera ton problème, casse-toi !' Il n'a pas répondu, heureusement, sinon il prenait l'avion du retour."

Bon point pour la génération Thuram, Zidane et Makelele

Pas tendre avec la jeune génération, Raymond Domenech a des mots plus affectueux à l'égard des anciens. A la veille de France-Italie à l'Euro 2008, il s'entretient avec Lilian Thuram : "Nous avons parlé de l'équipe et des jeunes bien sûr, [Thuram] a lâché: 'Il y a des petits cons, entendez-moi bien, coach, des petits cons.'" Ce même jour,  "je l'ai remercié pour sa droiture et assuré de mon admiration et de mon respect", poursuit-il.

Enfin, il ne tarit pas d'éloges sur Claude Makelele, "un homme et un joueur comme tous les coachs en rêvent". De plus, "personne n'a pu prendre la place de Zidane, patron aussi évident avec l'équipe que joueur exceptionnel sur le terrain", concède le coach. "L'autorité du leader s'avérait incontestable." Ce qui facilitait sans doute la tâche du sélectionneur.

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