RC Lens : après des années de musique d'ascenseur entre la L1 et la L2, les Sang et Or vont savourer l'hymne de la Ligue des champions
Comble de la frustration pour les supporters lensois : leur stade a jusqu’alors accueilli davantage de matchs de Ligue des champions du rival lillois (7) que de leur propre club (6). Mais cette anomalie sera réparée dès la saison prochaine, puisque les Lensois, victorieux d’Ajaccio samedi 27 mai, se sont qualifiés directement pour la prochaine campagne de la prestigieuse coupe européenne, qu’ils n’avaient plus disputée depuis 2002-2003. Après plusieurs années de montagnes russes entre la Ligue 1 et la Ligue 2, et avec seulement le 10e budget de l’élite, les Sang et Or ont réalisé une saison presque parfaite pour s’offrir à nouveau le parfum des grandes soirées européennes.
"Mon rêve secret, c’est de ramener l’Europe à Bollaert". En confiant cette ambition à La Voix du Nord en décembre 2019, alors que son club stagnait en Ligue 2 depuis cinq saisons, Joseph Oughourlian, actionnaire principal et président du Racing Club de Lens, ne pensait peut-être pas que ce rêve deviendrait si vite réalité, et que Lens retrouverait l’Europe par la plus grande des compétitions.
"C’est génialissime, ça vient valider tout ce qu’ont bien fait Franck Haise et ses hommes, s’exclame Guillaume Warmuz, gardien des Artésiens lors des deux seules campagnes de Ligue des champions du club, en 1998-1999 et 2002-2003. Lens est un club à l’histoire et aux supporters spécifiques, qui est reconnu pour cela et pour son beau jeu, mais qui doit valider tout ça par des titres ou des parcours européens, pour devenir un grand club, qui se stabilise tout en haut".
Le Covid-19 et un retour en Ligue 1
La dernière campagne européenne des Sang et Or remontait à la saison 2006-2007, et les huitièmes de finale atteints en Coupe de l’UEFA, mais depuis, les Artésiens ont connu l’ascenseur entre la Ligue 1 et la Ligue 2, avec trois relégations en 2008, 2011 et 2015. Et s’ils espéraient remonter rapidement dans l’élite après la dernière, les Sang et Or sont finalement restés pensionnaires de la deuxième division pendant cinq ans, se mêlant régulièrement à la lutte pour la promotion.
Une montée qui se refuse une première fois au club du Pas-de-Calais, à l’issue de la saison 2018-2019. Le RCL accroche la cinquième place de Ligue 2 et dispute les barrages d’accession, avec succès, jusqu’à un dernier match contre Dijon, barragiste issu de la Ligue 1, perdu 3-1. Ce n’est que partie remise pour les Lensois, qui, deuxièmes de Ligue 2 en mars 2020, profiteront de l’arrêt des championnats et du gel des classements en raison de la crise sanitaire, pour être promus. Et cette fois, l’ascenseur restera à l’étage Ligue 1, puisque les Artésiens assurent brillamment leur maintien et passeront même tout près d’un retour en coupe d’Europe avec une septième place en 2020-2021 et 2021-2022.
"Ramener Lens en coupe d'Europe, c'est une grande fierté"
Pour afficher un tel niveau dans l’élite, en ne disposant que du 10e budget de L1, les Lensois ont recruté malin. Facundo Medina, arrivé tout droit du championnat argentin, Brice Samba, brillant en deuxième division anglaise, Przemysław Frankowski, en provenance de Chicago ou encore Loïs Openda, acheté au Club Brugges, sont venus renforcer l’effectif sang et or. Déjà présents en Ligue 2, Florian Sotoca, Jonathan Gradit, Massadio Haïdara et Steven Fortes sont toujours présents, tout comme leur entraîneur Frank Haise, qui mesure le chemin parcouru. "Il y a trois ans, on était encore en Ligue 2. Il y a eu du travail de réalisé. Tout le monde voit ce qui se passe tous les dix jours mais c’est d’abord un travail d’avant la montée, avec mon prédécesseur et avec plein de gens qui bossent. Ce qui est sûr, c’est que ramener Lens en coupe d’Europe, c’est une grosse fierté", déclarait-il début mai.
Au-delà d’un recrutement intelligent et d’un jeu alléchant, le RC Lens s’appuie également sur la présence d’anciens joueurs dans son organigramme, comme Eric Sikora, responsable de la post-formation, Alaeddine Yahia, responsable du recrutement de l’académie, ou encore Yohan Démont, entraîneur des U19. "On a besoin d’avoir la mémoire de ces anciennes gloires qui ont connu les plus belles heures du club pour transmettre et donner confiance aux jeunes. Tous les grands clubs européenns s’appuient sur leurs anciens joueurs, et Lens le fait bien aussi", observe Guillaume Warmuz.
Lens figurera vraisemblablement dans le chapeau 4 pour le tirage au sort de la phase de groupes et doit s’attendre à affronter trois grandes équipes, comme en 2002-2003, où le RCL était opposé au Bayern Munich, à La Corogne et surtout à l’AC Milan, futur vainqueur de la compétition mais battu à Bollaert (2-1). De mémoire d’ancien gardien, Guillaume Warmuz tient à le rappeler : "Avec la force que le public donne aux joueurs, c’est toujours compliqué pour l’adversaire, quel qu’il soit".
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