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Le Real Madrid donne la leçon à Lyon

En 8e de finale retour de la Ligue des Champions, le Real Madrid ne s'est pas fait une nouvelle fois piéger par l'OL, gagnant (3-0) au terme d'un match maîtrisé. Un magnifique but de Marcelo (37e), un de Benzema (66e) et un de Di Maria (76e) pour un 1er retour en 1/4 depuis 2004. Lyon s'arrête là, loin de sa demi-finale de l'an dernier, sans avoir jamais vraiment cru pouvoir faire la différence après le nul de l'aller (1-1): seulement 2 arrêts décisifs de Casillas.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 10min
 

Di Maria, Özil, Benzema et Ronaldo devant

Le poker-menteur d'avant-match voulu par Jean-Michel Aulas face à José Mourinho avait fonctionné à merveille. La tactique défensive annoncée par le président lyonnais avait trouvé écho chez l'entraîneur madrilène avec un quatuor offensif Di Maria, Özil, Benzema et la titularisation de Cristiano Ronaldo. Et le début du match donnait encore raison au visionnaire olympien: un coup franc de Ronaldo au-dessus (3e), une sortie de Lloris dans les pieds d'Ozil, le gardien français devant encore dévier au ras de son poteau une frappe du gauche de Marcelo (4e)... Cela allait vite, très vite, mais la base défensive locale restait bien en place pour repousser les premiers débordements lyonnais, par Cissokho (6e) ou Lisandro (7e).

Si la partie s'équilibrait en terme de possession, les attaques du Real étaient beaucoup plus tranchantes, plus affirmées, plus dangereuses, comme sur cette passe trop longue de Cristiano Ronaldo pour Benzema (10e) ou cette offrande du Français pour le Portugais devancé par Lloris (11e). L'OL avait des difficultés à prendre de la vitesse, à trouver Gourcuff, et les actions se précisaient sur leur but. Un coup franc de Xabi Alonso des 35m était dévié par Cristiano Ronaldo mais capté par Lloris (17e). Devant obligatoirement marquer pour se qualifier, Lyon réagissait par sa seule action cadrée et dangereuse, avec cette frappe très bien enroulée de Delgado, détournée par Casillas (22e). Özil, très actif sur tout le flanc de l'attaque et entre les lignes, posait de nombreux problèmes mais c'est Ronaldo qui montait en régime. Malgré le coup de poker lié à sa présence après sa blessure musculaire, il prenait de plus en plus confiance, témoin ce crochet et cette frappe enchaînée du droit, détournée magnifiquement par le portier français (27e). Et dix minutes après, il était là pour temporiser avant de délivrer le deuxième acte d'un une-deux provoqué par Marcelo, qui dribblait Cris avant de crocheter Lovren pour ouvrir le score du gauche, un ballon touché par Lloris (37e, 1-0). Cela ne changeait rien aux impératifs lyonnais, qui devaient de tout façon marquer à Santiago-Bernabeu.

Benzema fossoyeur de l'OL

La pause permettait à Claude Puel de lancer Gomis dans les débats, pour tenter d'apporter plus de poids à l'axe de l'attaque, à la place de Briand qui évoluait excentré sur le côté droit, sans grand succès, Lisandro s'exilant du coup sur ce côté. Et si l'OL appuyait davantage ses attaques, se montrait en plus grand nombre aux avants-postes, la dangerosité était encore du côté madrilène, avec un double une-deux entre Benzema et Özil, l'Allemand voyant sa frappe contrée en corner par Cris (53e). Di Maria envoyait un coup franc au premier poteau, boxé par Lloris (54e). Cristiano Ronaldo trouvait dans le trou Benzema, repris à l'épaule dans la surface par Réveillère alors qu'il allait armer sa frappe (64e). Sur un long ballon de Marcelo qui avait récupéré sur une passe manquée de Réveillère, Lovren balançait Özil, l'arbitre ne disait rien mais alors que Cris s'était arrêté, Benzema avait poursuivi son action et, en duel avec son ancien coéquipier lyonnais, trompait du droit (66e, 2-0) pour son sixième but de la compétition, son neuvième personnel sous le maillot madrilène lors des sept derniers matches. Cela ne s'arrêtait pas là, car l'attaquant français enlevait tout juste sa reprise sur un superbe service d'Özil (67e). Dos au mur, Lyon tentait de remettre l'offensive au goût du jour, la frappe de Gomis n'étant pas maîtrisé par Casillas (72e). Et sur le corner, Lisandro ne parvenait pas à reprendre le ballon au deuxième poteau (73e). Et l'addition se salait un peu plus, avec un raté de Toulalan qui profitait à Özil de donner de la tête à Di Maria qui, d'une pichenette, trompait Lloris (76e, 3-0). Et heureusement qu'Özil était signalé hors-jeu avant de délivrer son centre taclé dans son propre but par Lovren (84e)... 

Si Lyon n'a pas pris la marée, si Lyon a paru faire jeu égal, Lyon n'est jamais parvenu à hausser son niveau de jeu, tant sur le plan physique que technique, pour déstabiliser une formation espagnole très à l'aise, ayant joué à sa main dans un stade où elle n'a pas encore connu la moindre défaite cette saison. L'OL a surtout manqué de percussion, de poids offensif, tout le contraire de l'équipe de José Mourinho, dont les joueurs ont souvent harcelé l'arrière-garde et ont su accélérer lorsqu'il le fallait. En battant pour la première fois Lyon après trois défaites et quatre matches nuls, et pour la première fois depuis la saison 2003-2004, le Real Madrid se hisse en quarts de finale de la Ligue des Champions. Mais il reste encore bien du chemin pour atteindre une dixième Ligue des Champions, derrière laquelle le club court depuis 2002. Pour Karim Benzema, ce 9e but en 7 matches et son 6e personnel dans cette Ligue des Champions, confirme sa grande forme. Un but à l'aller, un but au retour, il a été le fossoyeur des espoirs de ses anciens coéquipiers lyonnais.

Réactions

Claude Puel (entraîneur de Lyon): "Nous avons fait des choses intéressantes offensivement en première période. Nous sentions que nous pouvions avoir une certaine maîtrise avec le ballon et faire des décalages. Nous leur avons trop donné de munitions et de ballons faciles, ils ont pris les espaces. Hugo (Lloris) nous a maintenu dans le match. Nous avons entamé la seconde période correctement. Le second but nous a fait mal. Nous offrons deux beaux cadeaux à cette équipe et le match a été plié. Nous n'avons jamais su nous lâcher et élever notre niveau de jeu. Nous sommes tombés sur une belle équipe. Nous n'avons jamais retrouvé l'esprit conquérant affiché à l'aller. Bravo au Real qui a mérité sa victoire et qui peut aller au bout de cette compétition s'il garde sa solidité défensive. Le Real y est pour beaucoup. Je ne pense pas qu'il y ait des regrets sur ce match sauf peut-être sur la manière. C'est un accident. Nous ne devons pas avoir de regret par rapport au contenu si ce n'est que nous n'avons pas su rivaliser. Il faut se projeter très vite sur le championnat pour disputer de nouveau ce genre de match. C'est à travers ce genre de match que l'on apprend beaucoup également."
Cris (défenseur de Lyon): "On a joué contre une équipe qui a été plus forte que nous ce soir. Ils ont fait un bon match, ils ont bien débuté. On a pris un but juste à la fin de la première mi-temps. Après, on a ouvert (le jeu) pour essayer de marquer car il fallait marquer. Et ils ont marqué le deuxième et le troisième en contre. On a eu des occasions en première mi-temps, eux aussi. C'était un match ouvert. C'est triste d'être éliminé mais il faut relever la tête pour samedi."
José Mourinho (entraîneur du Real Madrid): "Cela devait bien arriver un jour de franchir les 8e de finale. Nous passons car nous avons été meilleurs que notre adversaire qui était de bon niveau. Nous avons été meilleurs. Nous avons gagné à la maison. Nous avons mieux joué. Nous n'avons pas énormément souffert. Nous avons livré un match complet. Je suis satisfait et tranquille. Il est normal d'arriver en quart de finale. A la mi-temps, ce n'était pas joué et il fallait continuer à jouer. Il n'était pas évident de décider de faire jouer Cristiano Ronaldo, mais on ne peut pas deviner la suite. Cela ne sert à rien de réserver des joueurs si on ne se qualifie pas pour les quarts de finale. Il a un mental fort et tous les joueurs avaient confiance en lui et il a pu le faire. Pour samedi, contre l'Atletico, peut-être ne pourra-t-il pas jouer et après un tel match et la blessure dont il souffre, il ne sera peut-être pas présent. S'il joue, cela sera prendre un risque plus important que de l'avoir fait jouer aujourd'hui (mercredi). Pour le tirage, je préfère éviter le club de Chelsea. C'est difficile de jouer contre ses amis. L'an dernier avec l'Inter, j'avais affronté Chelsea, mais ce n'était pas évident. Les titres ne viennent pas d'une obsession, mais d'un travail dur et collectif. Nous sommes dans la bonne direction et si le titre n'arrive pas cette année, ce sera pour l'année prochaine, c'est pour cela que je suis tranquille. Les équipes sont meilleures dans la deuxième année que dans la première et ainsi de suite. C'est pour cela que je trouve normal de parvenir en quart de finale. Ne pas y être serait anormal."
Karim Benzema (attaquant du Real Madrid): "J'ai beaucoup de réussite ces temps-ci. A moi d'en profiter. Et j'en profite. On a effacé cette malédiction. Jamais, on n'avait gagné contre cette équipe. Ce soir il y a tout, il y a la manière et on fait tous un très bon match. Aujourd'hui, ça se passe bien. Si j'avais lâché, aujourd'hui, je ne serais pas là. Il faut toujours se remettre en question et c'est ce que j'ai fait. Je ne pensais qu'au foot, mais il faut avoir des opportunités et savoir les saisir. Je pense que (les Lyonnais) ont fait une bonne première mi-temps. Après, en deuxième mi-temps, cela a été un peu plus difficile pour eux. Sur le match retour, c'était un autre match (par rapport à la saison dernière). On a toujours des occasions, il faut rester concentré."

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