Reportage "C'est compliqué pour nous de gérer ça" : ces clubs de foot amateurs confrontés à la violence de parents de jeunes joueurs

Plusieurs clubs essaient d'enrayer une banalisation de la violence de la part de certains parents de joueurs. Dernier exemple en date, le FC93, en Seine-Saint-Denis, dont les séances d'entraînement vont se dérouler à huis clos.
Article rédigé par Fanny Lechevestrier - édité par France Info
Radio France
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Des jeunes footballeurs dans un club en France. (ADRIEN NOWAK / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP)

Montrouge, Chartres, Linas-Montlhéry, Villejuif : autant d'équipes de football qui, ces derniers jours, ont été confrontées à la violence des parents de jeunes joueurs. Face à cela, Villejuif (Val-de-Marne) a annoncé mardi 19 décembre annuler tous ses entraînements de la semaine, après l'agression d'un de ses entraîneurs par le père d'un apprenti footballeur. Dans d'autres clubs, après les vacances de Noël, toutes les séances se feront à huis clos. Une mesure radicale qui gagne du terrain, seule réponse trouvée par les clubs pour alerter sur le fléau et protéger au mieux leurs éducateurs face à certains parents de plus en plus violents.

Il n'y aura donc plus de parents le long des rambardes les jours d'entraînement. Reda Bekhti, le responsable du pôle Jeunes du FC93 (club basé à Bobigny, en Seine-Saint-Denis), a pris cette sanction radicale dès le début de la saison. "Ras-le-bol avec les parents qui sont en concurrence entre eux lors des séances d'entraînement, tranche-t-il. Ce qui fait que les gamins étaient malheureusement plus obnubilés par ce qui se passait dans les tribunes que par ce qui se passait sur le terrain. C'était aussi une façon de protéger les gamins dans leur travail." 

"Beaucoup de parents deviennent fous"

Les effets de la mesure vont vers le positif. Mais difficile pour un club d'enrayer une banalisation de la violence dans toute la société, souligne Reda Bekhti, qui cite en exemple les agressions à l'encontre des enseignants. Il faut ajouter, dans le football amateur, ce qu'on appelle aujourd'hui "le projet Mbappé", avec des parents qui veulent vivre à travers leur progéniture la même réussite que l'enfant de Bondy. 

"Il y a beaucoup de parents qui deviennent fous par rapport à ça", constate Reda Bekhti. "L'appât du gain, le rêve... Demain si votre enfant est bon, il peut devenir joueur professionnel et faire gagner des millions d'euros. Mbappé n'a pas fait que des heureux. Au niveau amateur, c'est compliqué pour nous de gérer ça. Cette ascension va parfois faire péter les plombs des gens."

Et face la hausse des agressions, les instances sportives sont pour le moment démunies. "C'est l'enfant qui trinque", se désole Jamel Sandjak, le président de la Ligue Paris Ile-de-France, qui en appelle à la ministre des Sports pour trouver les bonnes sanctions. Mais il demande aussi à revoir le contenu de la formation des éducateurs, trop tournés vers la quête de la performance selon lui. 

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