Forme physique, qualité de jeu, tribunes vides et protocole Covid : pour la reprise, la Juventus déçoit mais se qualifie en finale contre Milan
Pour le symbole, l’Italie pouvait difficilement faire mieux comme affiche de reprise de son football : Juventus Turin - AC Milan, soient les deux plus grands clubs de la Botte. Mais aussi des clubs de deux des régions les plus touchées par la pandémie de Covid-19, le Piémont et la Lombardie. Le tout pour une demi-finale retour de Coupe d’Italie, presque quatre mois après la manche aller disputée à Milan (1-1). Bref, tous les ingrédients pour une reprise historique. Et si la première mi-temps a tenu ces promesses, la deuxième a plutôt déçu.
• Qualifiée en finale, la Juventus presque au rendez-vous
Adversaire de Lyon en huitième de finale retour de Ligue des champions en août, la Juventus va pouvoir se préparer et se jauger grâce à la reprise du championnat et de la Coupe de l’autre côté des Alpes. Une situation qui inquiète le président lyonnais, Jean-Michel Aulas. Et la prestation de ce vendredi contre l'AC Milan ne va pas rassurer le boss de l’OL. Car si la Juventus n’a pas été souveraine et irréprochable, elle a rendu une copie plutôt correcte après une si longue coupure.
De retour à l’entraînement depuis six semaines, les Turinois ont d’abord signé une première demi-heure de haute intensité, multipliant les occasions et les mouvements intéressants. Mais ils ont pêché dans la finition et butté sur un Gianluigi Donnarumma des grands soirs, l’une des rares satisfactions milanaises de la soirée. Surpassés dans le jeu et privés d’Ibrahimovic, suspendu et blessé, les Milanais n’ont pu qu’offrir un défi physique intéressant à la Juventus, qui a, là-aussi, pris le dessus. Au final, le 0-0 reflète assez peu un match maîtrisé par les Turinois. Mais il suffit à envoyer la Juventus en finale, en attendant l'autre demi-finale samedi entre l'Inter et Naples.
Finalement, le gros point noir de la soirée turinoise est le manque d’efficacité des hommes de Maurizio Sarri. A l’image de Cristiano Ronaldo, qui a vu son penalty détourné du bout des doigts par Donnarumma sur le poteau, les Turinois ont cruellement manqué de précision. Pire, en seconde période, ils n’ont été que rarement dangereux. Déjà maître du ballon avant d’être en supériorité numérique, la Juventus a semblé en panne d’inspiration dans le second acte. C’est peut-être la seule bonne nouvelle de la soirée pour les Lyonnais, qui tiennent là une piste tactique pour leur huitième de finale retour : laisser le ballon aux Turinois, très peu entreprenants au moment de faire le jeu.
• Physiquement, les joueurs pas encore au rendez-vous
Que ce soit en Allemagne ou en Espagne, les matches de reprise ont eu pour point commun de balayer les doutes sur les formes physiques des équipes. A Turin, la Juventus et le Milan se sont chargés de faire de même au nom du foot italien. Du rythme, de l’engagement et de gros duels, à l’image du coup de pied en pleine poitrine d’Ante Rebic - ce qui lui a valu une expulsion - : à l’exception des supporters, tous les ingrédients d’un grand match européen étaient au rendez-vous au Juventus Stadium en première période.
Techniquement, après de rares approximations en début de rencontre, les vingt-deux acteurs ont vite retrouvé leurs habitudes. Seule anomalie : voir Cristiano Ronaldo rater un penalty. A noter toutefois la baisse de régime de la Juventus en fin de première période, pourtant en supériorité numérique suite à l’expulsion de Rebic. Mais ces phases un peu moins rythmées auraient pu être bien plus nombreuses pour un match de reprise. Quant au rythme (trop) tranquille de la deuxième période, il peut s’expliquer par l’infériorité numérique du Milan AC conjuguée à la domination de la Juventus. Mais on est en droit d'attendre mieux. A l’inverse, l’état de forme de certains joueurs était plus inattendu. Ainsi, Douglas Costa et Cristiano Ronaldo ont paru particulièrement en jambes, avant de disparaître peu à peu.
• Vue des tribunes
Du côté des tribunes, rien à signaler. Logique, pour un huis clos. Seul l’habituel décor dessiné par les sièges colorés de l’Allianz Stadium était visible, mais aucun supporter en carton comme en Allemagne, et encore moins de chants enregistrés et rajoutés en post-production. En avant match, l’hymne de la ligue italienne est venu briser le silence de cathédrale qui a accueilli les équipes sur la pelouse. Après une minute de silence dans un stage plongé dans le noir en l’honneur des victimes du Covid-19, les vingt-deux joueurs ont pris possession des lieux. Très vite, les cris des staffs techniques et le bruit du ballon amplifié par les micros ont bercé la rencontre d’une triste mélodie : celle du foot sans supporters.
• Un protocole Covid respecté
Alors que la vie quotidienne reprend peu à peu ses droits en Italie, et que les musées et salles de spectacles se préparent à rouvrir, ce n’est pas encore le cas des stades face au Covid-19. Comme pour les autres pays ayant repris la compétition, le football italien se plie donc à un protocole sanitaire strict : match à huis clos, un siège d’écart entre chaque joueur sur le banc, et masques à l’effigie des clubs (pas toujours bien portés…). Contrairement à la reprise allemande il y a quelques semaines, la production télévisuelle n’a toutefois pas multiplié les plans sur les bancs de touche, se focalisant sur le jeu.
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