Les clubs de Serie A reconnaissent avoir un "sérieux problème de racisme"
"Nous devons reconnaître publiquement que nous avons un sérieux problème de racisme". Les 20 clubs de Serie A se sont unis vendredi dans une tribune pour dire stop aux incidents racistes qui se sont multipliés ces derniers mois. Matuidi, Kean, Balotelli, Koulibaly, Lukaku... la liste des joueurs touchés s'est considérablement garnie en 2019. Pour certains d'entre eux, c'est même devenu une triste habitude.
Mercredi soir, Romelu Lukaku en a encore fait l'expérience. Si l'Inter Milan était en République Tchèque pour affronter le Slavia Prague (3-1), l'attaquant belge a tenu tête à des supporters locaux après un but (invalidé ensuite), en se bouchant les oreilles face aux tribunes. Il avait déjà subi des insultes à Cagliari en début de saison et avait promis de réagir en cas de récidive. Les derniers incidents se sont déroulés à des kilomètres de l'Italie, ce qui prouve que le problème ne touche pas que la Botte, mais les scandales y sont plus fréquents.
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"Nous n'en avons pas fait assez ces dernières années (...). Nous n'avons plus de temps à perdre", ont reconnu les clubs du championnat italien. Cette prise de position n'a rien d'anodin. Rappelons que quatre jours plus tôt, le président de Brescia, lui-même représentant suprême d'un club, avait sacrément dérapé. Interrogé sur le mal-être et la méforme de sa recrue star Mario Balotelli, il avait son explication toute faite. "Il est noir, il travaille pour être plus clair mais c'est compliqué", avait-il répondu, sans aucune gêne, avant de prétexter une blague dans un communiqué...
Vers un changement d'attitude ?
Lors d'un match à Vérone, "Super Mario" avait menacé de quitter la pelouse à cause d'insultes racistes et de cris de singe proférés à son encontre. L'entraîneur du Hellas, Ivan Juric, avait nié tout incident. Et c'est là tout le problème du championnat italien. Les acteurs ne se rendent pas toujours compte du moment où les bornes sont franchies et le mal-être des victimes n'est pas systématiquement jugé légitime. On se rappelle l'expulsion de Sulley Ali Muntari en 2017, lorsqu'il explique à l'arbitre qu'il est insulté par les supporters adverses à cause de sa couleur de peau. Cela se traduit aussi par le fait de retenir un joueur qui veut quitter la pelouse, au lieu de le suivre en signe de soutien.
Dans leur tribune conjointe, les 20 clubs de Serie A n'ont pas évoqué ces problèmes en détail, mais ils demandent "une vraie politique anti-raciste, des lois plus strictes et un plan d'éducation". Si rien n'a vraiment été enclenché, c'est un premier pas de fait, mais s'il n'est pas suivi d'un autre, il ne s'agira rien de moins que d'un coup d'épée dans l'eau.
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