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Voile, golf, Erik Orsenna revient avec Nelson Monfort sur ses passions sportives

Pour France tv sport, Nelson Monfort s'est entretenu avec Erik Orsenna. Prix Goncourt 1988 avec "L'exposition coloniale" et membre de l'Académie française depuis 1998, l'écrivain est aussi un amateur de sport, notamment de voile et de golf.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
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  (ULF ANDERSEN / ULF ANDERSEN)

Comment avez-vous vécu le confinement ?
Erik Orsenna :
"Pour un écrivain, être confiné est la moindre des choses. Il faut se replier sur soi-même pour savoir ce que la vie nous a enseigné. Les écrivains sont des solitaires. On sait que beaucoup de grands romans ont été écrits par des gens qui s'exilaient. Regardez les 19 ans d'exil de Victor Hugo sur l'île de Guernesey. La solitude est liée à l'écriture. Il y a un autre élément : je suis aussi ambassadeur de l'institut Pasteur et du réseau international. J'ai des liens avec le monde entier ! J'écris un livre sur l'unité de la vie, c'est-à-dire la fin des frontières entre les humains et les animaux. Toutes les semaines, j'ai reçu des leçons sur les chauves-souris, mon confinement était plutôt ouvert que fermé."

"La navigation m'a appris que la valeur d'un équipage est celle du plus faible"

Est-ce l'amour que vous portez à La Fontaine qui vous a rapproché des animaux ?
EO :
"Bien sûr ! Mon sentiment est que nous sommes un même équipage. La planète est un vaisseau spatial. Nous pensons qu'un seul être devrait dominer tous les autres, alors que pas du tout, nous partageons la vie. La navigation m'a appris que la valeur d'un équipage est celle du plus faible. Regardez ce qui se passe, le plus infime être vivant, c'est-à-dire le virus qui ne comporte que 5 gènes. L'humain en possède entre 25 et 30 000 ! C'est le petit qui nous tient par la barbichette. Au lieu d'être dans la domination, nous devrions être dans l'association."

"Le Vendée Globe est la course qui me passionne le plus"

Le Vendée Globe va s'élancer en novembre prochain des Sables d'Olonne…
EO :
"Tout à fait, d'ailleurs pour préparer le Vendée Globe, il y a une course qui se nomme la Vendée Arctique les Sables d'Olonne, elle va partir le 4 juillet. Aux dernières nouvelles, 25 bateaux y seront pour préparer le Vendée. Ce sera une course d'entrainement fabuleuse."

Quel sera votre rôle dans cette course ?
EO :
"Cela fait 15 ans que je suis parrain d'un bateau du Vendée Globe. C'est la course qui me passionne le plus. L'an dernier, j'étais parrain de Jean-Pierre Dick, qui a terminé 4e."

"le golf est une leçon de la vie"

La dernière fois que nous nous sommes vus, vous étiez ambassadeur de la Ryder Cup de Golf.
EO :
"J'étais un des ambassadeurs. Ce qui me passionne avec le golf, c'est que ce n'est pas du tout réciproque. J'adore le golf, mais je n'arrête pas de me faire humilier. Je suis complètement nul bien que je joue depuis 50 ans. Quand on y pense, le golf est une leçon de la vie, il faut être obstiné et relâché. C'est une leçon de marche et de concentration. C'est aussi une leçon d'amitié. On a toujours un espoir… Quand j'étais jeune, je pensais que j'allais avoir un swing… Bon je ne l'ai toujours pas, mais j'ai de plus en plus d'amis !"

Avez-vous dépassé la lettre G à l'Académie française ?
EO :
"On n'arrête pas ! Nous sommes à la lettre U, et quand on sera à la lettre Z, on recommencera. Cela dit, nous ne sommes pas frénétiques, donc, quand on reviendra à la lettre G, je pense que je ne serai plus sur terre, j'ai beau être immortel, je ne suis pas éternel."

Avez-vous des projets littéraires ?
EO :
"Je souhaiterais que l'après ne soit pas l'avant en pire. Si nous avons subi cette pandémie, c'est parce que nous avons maltraité les copropriétaires, c'est-à-dire les animaux qui sont avec nous. Mais ce qui me dérange, c'est que nous pouvons vaincre le covid, mais pas le dérèglement climatique. Si nous laissons ce dernier se développer, je peux vous dire que cela causera beaucoup plus de morts que le covid. Il ne faut pas oublier les maladies causées par les moustiques, chaque année 750 000 personnes meurent à cause d'eux. Mais on s'en fiche parce que ça ne touche que les pays du Sud."

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