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Stallone, Saddam et Messi, ou comment tout savoir sur l'équipe d'Ukraine

Vous ne connaissez rien à l'adversaire des Bleus vendredi, en barrage de la Coupe du monde de football ? Ça peut s'arranger.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'attaquant ukrainien Andreï Yarmolenko célèbre un but contre la Pologne, le 11 octobre 2013, à Kharkiv (Ukraine). (SERGEI SUPINSKY / AFP)

"L'Ukraine n'est pas là par hasard", a souligné Didier Deschamps après le tirage au sort qui a offert l'ex-république soviétique à l'équipe de France pour les barrages de la Coupe du monde de football, les 15 et 19 novembre. Sauf qu'en France, depuis la retraite du Ballon d'or Andreï Chevchenko, on connaît mal la formation "Jovto-Blakytni" (jaune et bleu en VO). Séance de rattrapage. 

Le sélectionneur : écoles soviétique et irakienne

Valeri Lobanovski, le légendaire entraîneur du Dynamo Kiev et de l'Ukraine, est mort il y a dix ans. Mais il n'a pas pour autant cessé d'officier : neuf entraîneurs lui ont succédé sur le banc de l'équipe nationale, six d'entre eux directement formés par celui qu'on appelait "le colonel", en référence à son grade au sein du KGB. Mikhaïl Fomenko, l'actuel sélectionneur, est l'un de ses disciples. Sa carrière a emprunté quelques chemins de traverse, notamment sur le banc de l'Irak époque Saddam Hussein. Mais la collaboration avec le fils du dictateur irakien, Oudaï, en charge des sports, s'est avérée tellement compliquée que Fomenko a préféré fuir son job. 

Le sélectionneur de l'équipe d'Ukraine, Mikhaïl Fomenko, lors d'un match contre la Pologne, à Kharkiv (Ukraine), le 11 octobre 2013.  (GLEB GARANICH / REUTERS)

Fin 2012, Fomenko est le patron des entraîneurs ukrainiens. On lui demande de trouver un sélectionneur compétent. Des trois candidats approchés, l'un préfère la politique, le deuxième, un club anglais de seconde zone, et le dernier l'argent. A reculons, Fomenko s'y colle. Avec succès : depuis son intronisation, l'Ukraine est invaincue. Et ce n'est pas grâce à ses blagues dans le vestiaire. "Je ne l'ai jamais vu sourire", confie un journaliste ukrainien au Telegraph (en anglais). Quand les journalistes anglais lui demandent, début septembre, ce qu'il pense de l'attaquant Rickie Lambert, il grommelle : "C'est un secret", rapporte The Independent (en anglais). Sa plus longue réponse de la conférence de presse.

Les deux stars : les ailes de l'enfer

Yarmolenko et Konoplyanka. Les Bleus n'ont que ces deux noms à la bouche quand on leur demande de parler de l'Ukraine. A raison. "Les autres joueurs de l'effectif sont d'un bon niveau, mais ces deux-là représentent les deux plus grandes menaces pour l'équipe de France", estime Dominic Norris, spécialiste du football de l'Est, contacté par francetv info.

Andreï Yarmolenko (G) et Yevhen Konoplyanka, lors d'un match contre la Bulgarie, à Kiev (Ukraine), le 7 octobre 2011.  (SERGEI SUPINSKY / AFP)

Côté droit sur le terrain, Yarmolenko, un ailier XXL (1,90m), supersonique, mais qui ne défend pas beaucoup. A gauche, Konoplyanka, qu'on surnomme "le Messi ukrainien", excusez du peu. Nicolas, qui suit le championnat ukrainien sur le site Lucarne opposée, est dithyrambique à son sujet. "C'est un pur dribbleur doté d'une super vision du jeu et d'un sens de la passe assez impressionnant. C'est pour moi le joueur le plus excitant de cette sélection."

La défense : "un super Ribéry ne suffira pas"

Lors de l'Euro 2012, la France avait battu l'Ukraine 2-0. Moment marquant du match : le déluge qui s'était abattu juste avant le coup d'envoi, pas la résistance des locaux. Un an et demi plus tard, la donne n'est plus la même. "Le principal changement instillé par l'arrivée de Fomenko, c'est que les joueurs se battent les uns pour les autres", analyse Dominic Norris. La preuve : l'équipe ukrainienne n'a plus pris de buts depuis sept matchs.

Le mur ukrainien sur un coup franc monténégrin, lors d'un match de qualification à la Coupe du monde, à Podgorica (Monténégro), le 7 juin 2013.  (STEVO VASILIJEVIC / REUTERS)

L'arrière-garde ukrainienne, un peu tendre lors de l'Euro, a deux ans d'expérience de plus. Nicolas, de Lucarne opposée, est catégorique : "Un super Ribéry ne suffira pas. Les Anglais, déjà qualifiés, n'ont pas battu cette sélection lors des matchs de poule."

Le "made in Ukraine" se porte bien

Sur les 25 joueurs appelés par Mikhaïl Fomenko, un seul évolue à l'étranger : l'inoxydable milieu défensif Anatoli Timochtchouk. Tout le reste de l'effectif provient du championnat ukrainien, notamment du méconnu FC Dnipro, premier fournisseur de la sélection, avec six internationaux. Comme les équipes du haut de tableau, le club appartient à un milliardaire. Cependant, la réalité du football ukrainien est moins rose : Arsenal Kiev vient de déposer le bilan, et des clubs promus ont refusé de monter en première division pour ne pas se mettre dans le rouge financièrement.

Deux joueurs ont tout de même été naturalisés : le milieu Edmar, d'origine brésilienne, et le redoutable attaquant Devic. Mais le précédent sélectionneur a mis fin à cette pratique, préférant donner leur chance à de jeunes pousses locales : "Stallone aussi a des origines ukrainiennes ! Faisons-le jouer sur un côté tant qu'on y est !", a-t-il résumé, selon  When Saturday Comes (en anglais).

Dernier élément à prendre en compte : la météo. On attend 2°C vendredi au Stade olympique de Kiev. A peu de choses près la température qui règnera au stade de France pour le match retour. 

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