Testicules à l'air, ego XXL et ballon rond : qui es-tu Louis Van Gaal ?
L'équipe de France rencontre la sélection néerlandaise en match amical, ce soir, à Saint-Denis. Après avoir lu ce papier, vous ne regarderez que le coach des Oranje.
"Je suis qui je suis, et j'ai mon mode de fonctionnement. Je n'en changerai pas, et je n'ai aucun désir de le faire." Bienvenue dans le cerveau de Louis Van Gaal, le sélectionneur des Pays-Bas, qui défient la France au Stade de France (Saint-Denis), mercredi 5 mars. Un entraîneur génial, couvert de titres, mais aussi un coach très controversé, qui n'a pas la langue dans sa poche, surtout quand il s'agit de raconter sa vie sexuelle.
"Je suis le meilleur !"
Louis Van Gaal est né à deux pas du stade de l'Ajax, l'équipe phare d'Amsterdam, en 1951. Comme Johan Cruyff, légende du football néerlandais, vainqueur de trois Ballons d'or. Il est repéré par l'Ajax pour intégrer ses équipes de jeunes. Comme Johan Cruyff. Au poste de meneur de jeu. Comme Johan Cruyff. Mais le club le remercie au bout d'un an. Trop lent ! Contrairement à Johan Cruyff, Louis Van Gaal se contente d'une carrière anonyme dans le ventre mou du championnat hollandais. Il passe huit ans au Sparta Rotterdam, et sa coupe de cheveux et son regard bizarre sur sa vignette Panini ne varient pas. Il passe son diplôme de prof de gym à la fin de sa carrière, mais c'est le foot qui l'intéresse. Il gravit les échelons, devient entraîneur adjoint de l'Ajax. L'entraîneur principal Leo Beenhakker est débauché par le Real Madrid, et on lui propose le poste, en juin 1991. Quand il signe son contrat, il lâche : "Bravo, vous avez fait signer le meilleur coach du monde !"
Ce que les gens voient chez Louis Van Gaal, c'est cet extraordinaire aplomb... pour ne pas dire son arrogance. Il préfère parler de confiance en soi. Il prend en main le Barça, en 1997 ? "J'ai gagné plus avec l'Ajax en six ans que le Barça en un siècle." ll est débarqué du même Barça, trois ans plus tard, en menant le club à son pire résultat de l'après-guerre ? "Amis journalistes, je m'en vais, vous avez gagné." Il est nommé sélectionneur des Pays-Bas en 2000 ? "J'ai signé un contrat jusqu'en 2006, donc nous avons le temps de gagner deux Coupes du monde". Il échoue à qualifier les Oranje pour le Mondial asiatique et se fait débarquer au bout d'un an et demi ? "Louis Van Gaal n'a plus rien à apprendre" (à la troisième personne, si, si). On lui demande si Eric Gerets est l'homme idéal pour entraîner la Belgique ? "L'homme idéal, c'est moi". Il remporte le titre de champion de la première division néerlandaise avec la petite équipe d'Alkmaar, en 2009 ? "Je suis le meilleur", se félicite-t-il, cité par le Telegraph (en anglais).
"Le nain vénéneux" qui empêche les joueurs de dormir
Curieusement, ses surnoms ne font pas référence à son ego, mais à ses pratiques. On le surnomme "la Tulipe de fer", référence à ses méthodes très strictes. Sa devise ? "La discipline est la base de la créativité". Le sobriquet "le tsar d'Alkmaar" ne l'a pas quitté pendant ses trois ans en poste. C'est au Barça qu'il a laissé le plus vif souvenir. On le surnommait le "nain vénéneux" – "El Enano Veneno" en VO – rapporte le site spécialisé When Saturday Comes (en anglais).
Entre 1997 et 2000, Louis Van Gaal conquiert deux titres de champion, une coupe du roi et une réputation exécrable. Arrivé au mercato d'hiver, Christophe Dugarry fanfaronne dans Libération : "Van Gaal m'a choisi". Six mois plus tard, la musique n'est plus tout à fait la même : "La pire expérience de ma vie. Van Gaal était puant, pédant... Que je sois bon ou mauvais, il gueulait. Je partais à l'entraînement avec les larmes aux yeux. Jouer, faire des passes, ça doit être un plaisir. Là, c'était un calvaire." Van Gaal considère que les joueurs sont interchangeables et adore les faire changer de poste : Dugarry s'est plusieurs fois retrouvé milieu défensif. Comme Sonny Anderson, lui aussi avant-centre de formation : "Il me persécutait". "Il est inhumain", renchérit Laurent Blanc, qui n'a passé qu'un an en Catalogne. "C'est un robot", confirme le défenseur néerlandais Winston Bogarde. "Je le hais, et il me hait en retour", ajoute le talentueux Rivaldo, souvent confiné au rôle d'ailier.
Il parvient même à traumatiser les générations futures. Van Gaal est invité chez le grand-père de Gerard Piqué, 14 ans, qui évolue alors chez les jeunes du Barça. "Voici mon petit-fils, qui joue défenseur central dans les équipes de jeunes", présente le grand-père. L'entraîneur néerlandais toise l'adolescent, et brutalement, le pousse en arrière. Piqué chute et entend Van Gaal lui crier : "Tu es trop faible pour jouer défenseur au Barça." Quelques années plus tard, le joueur lui donne tort et se fait un plaisir de raconter l'anecdote au Guardian (en anglais)
"J'ai un corps de dieu. Enfin, avec un peu de bide"
Van Gaal n'en demeure pas moins un personnage haut en couleurs, qui compte aussi ses partisans. Lors de la finale de la Ligue des champions, remportée par son Ajax 1-0 face au Milan AC, il s'emporte après un pied haut de Marcel Desailly qui a envoyé un de ses hommes au sol. Un entraîneur normal se serait contenté de se plaindre au quatrième arbitre. Pas Van Gaal, qui mime littéralement un coup de pied assené au niveau des oreilles.
Un geste devenu emblématique, envahissant même. "Il n'a pas pu me faire sa demande en mariage à genoux, se rappelle Truus Van Gaal, sa seconde femme qu'il épouse en 2008 après quatorze ans de vie commune. Il avait une jambe dans le plâtre à cause de ce geste stupide qu'il a dû reproduire pour une satanée publicité !" Madame voulait organiser le mariage au Kuip, le stade du Feyenoord Rotterdam... l'ennemi juré de l'Ajax. Monsieur a refusé. Madame a proposé Las Vegas. Monsieur a imposé le Portugal.
Etre madame Van Gaal n'est pas de tout repos. Tendez un micro à Louis Van Gaal, il vous racontera tout. Vraiment tout. En costume traditionnel bavarois, pendant l'Oktoberfest (la fête de la bière de Munich), il lâche : "J'ai un corps de dieu. Enfin, un dieu qui aurait un peu de bide." Du second degré ? Sur un plateau télé, on lui demande comment ça se passe avec sa femme : "Nous partageons beaucoup. Les moments drôles comme les engueulades. Et Truus est très douce. Elle sait que j'aime être chouchouté. Elle fait ça très bien. Et on fait l'amour très souvent, c'est important." Ça tombe bien, Truus se trouve dans le public lors de l'émission... et le réalisateur a juste le temps d'immortaliser l'image où elle lève les yeux au ciel.
"Le coach a baissé son pantalon"
Les conseils de Van Gaal à ses joueurs sont du même ordre : "Hors du terrain, je leur demande de se reposer, raconte-t-il. Je leur dis de ne pas faire la fête, ni de courses. Juste de se reposer. Et s’ils s’ennuient, ils n’ont qu’à jouer un peu avec leurs épouses." Au Bayern, Van Gaal a utilisé la manière forte pour s'imposer dans un club réputé pour ses joueurs à forts ego. Luca Toni, l'attaquant italien, raconte dans Sportbild (article en allemand) : "Le coach a un jour voulu nous dire clairement qu'il pouvait décider de mettre sur le banc des remplaçants n'importe quel joueur, quel que soit son nom, car il avait des c... Pour nous le prouver, il a baissé son pantalon. Je n'ai jamais vu cela, c'était complètement fou." Avant de préciser : "Je n'ai pas vu grand-chose, car je n'étais pas au premier rang."
A 63 ans, Louis Van Gaal s'est (un peu) apaisé. Il ne vise plus qu'"une place dans le dernier carré" au prochain Mondial. La "Tulipe de fer" a fait un geste pour les joueurs en faisant installer une salle de jeux, dans le Clairefontaine hollandais, raconte-t-il à De Voetbaltrainer (traduit en anglais par le site dutchsoccersite.org). Il a même pesé de tout son poids pour obtenir l'internet haut débit "car les joueurs se plaignaient, à cause de leurs jeux en ligne".
Van Gaal a-t-il changé ? En apparence seulement. Ses conférences de presse en sélection ressemblent de plus en plus à celles du général de Gaulle, rapporte le site Dutch Soccer, qui relate celle du 16 juillet 2013. Avec un journaliste chinois, arrivé en retard, Van Gaal retrouve même ses réflexes de prof de gym un brin rétrograde : "Dans ma classe, quand on arrive en retard, on ne peut pas rester !" Le reporter s'écrase : "Pardon, pardon".
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