Coupe du monde 2018 : Thierry Henry, le cas de conscience
Quel sentiment envahira Thierry Henry mardi, aux alentours de 19h50, lorsque la Marseillaise va retentir dans le stade de Saint-Pétersbourg ? Un frisson léger, qui s'évanouira rapidement ? Ou un pincement plus douloureux pour le meilleur buteur de l'histoire des Bleus ?
A l'inverse, si la Belgique bat la France et va même au bout de cette Coupe du monde, quels enseignements pour l'équipe de France, désertée par celui qu'elle a chéri jusqu'à sa main heureuse lors du but de la qualification face à l'Irlande le 18 novembre 2009 ?
C'est tout le cas de conscience que la présence de Thierry Henry, adjoint de Roberto Martinez chez les Diables Rouges depuis août 2016, cristallise depuis l'annonce d'une demi-finale entre les deux voisins à la suite de la victoire de la Belgique face au Brésil (2-1).
Henry, revanche ou amertume ?
Pour le recordman de buts chez les Bleus (51 buts en 132 sélections), une victoire face à la France aura forcément un goût de revanche. Boudé par son pays après son contrôle de la main face à l'Irlande, qui avait propulsé les Bleus au Mondial 2010, puis la crise du bus de Knysna, le Français a refait sa vie ailleurs.
Passé par la MLS, Henry n'est pas devenu consultant pour une chaîne française, comme beaucoup de vainqueurs de 1998 avant lui. Il est allé en Angleterre, chez Sky Sports, sur la terre de ses plus beaux exploits avec Arsenal (226 buts avec les Gunners). Puis il a rejoint le Diables Rouges pour progresser dans sa reconversion d'entraîneur.
Peu présent dans les médias français, Henry a-t-il une rancune vis-à-vis de la France, lui qui a tant donné pour la sélection ? "C'est la vie qui est comme ça. Il est en Angleterre depuis longtemps, j'ai très peu de contact pour ma part", a indiqué à l'AFP le patron de la Fédération française de football (FFF) Noël Le Graët.
Désormais, il chérit les attaquants belges, notamment Romelu Lukaku, étincelant dans cette Coupe du monde pour son efficacité (4 buts en 4 matchs), mais aussi son intelligence de jeu. C'était notamment frappant sur le but de la victoire de Chadli face au Japon (90'+4), où son appel croisé et sa lucidité de laisser passer le ballon entre ses jambes avait permis aux Belges de se qualifier.
Egalement précieux sur les phases arrêtés, Henry apporte une plus-value stratégique à la Belgique, meilleure attaque du Mondial avec 14 réalisations. De quoi mettre encore plus les Bleus en danger, mardi.
Un avantage ou un inconvénient ?
"Ça fait bizarre de l'avoir contre nous", et "je serais fier de pouvoir montrer à Titi qu'il a choisi le mauvais camp", a expliqué Olivier Giroud (31 buts en bleu) à propos de son glorieux aîné."C'est une légende vivante du foot français, le meilleur buteur. Il a beaucoup apporté à l'équipe de France, on a beaucoup de respect pour ce qu'il a fait. Mais on n'y pense pas trop, on va être concentrés sur le terrain et le jeu", a déclaré l'avant-centre.
Giroud a sans doute résumé la perception de beaucoup de Français à la vue de Thierry sur le banc belge. Il se méfie de l'expérience du champion du monde auprès des jeunes Belges, néophytes à ce niveau de la compétition.
"Il donne ses conseils assez précis et importants aux Belges. C'est sûr que j'aurais préféré qu'il soit avec nous et nous donne ses conseils, à moi et aux autres attaquants, mais il ne faut pas être jaloux, ça ne me choque pas du tout, c'est normal dans sa carrière", a-t-il ajouté.
Affronter la Belgique avec Thierry Henry donnera-t-elle un surplus de motivation à Giroud et les siens mardi (20h) ? Difficile à dire. Ce match sera sans doute un tourbillon de sentiments contradictoires pour les deux équipes, mais surtout pour Henry.
"Si on gagne, il sera content aussi parce qu'avant tout c'est un Français", espérait samedi le défenseur des Bleus Lucas Hernandez. Peu importe le résultat final, ces 90 minutes resteront plus spéciales pour Thierry Henry que pour n'importe quel autre acteur de cette demi-finale.
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