Vine : la Ligue de football peut-elle attaquer Twitter ?
La Ligue de football professionnel envisage d’attaquer Twitter en justice. A l’origine de sa colère : le réseau-social de vidéos "Vine" récemment racheté par Twitter et regorgeant d’images de Ligue 1 utilisées sans autorisation. Après avoir adressé par l’intermédiaire d’un cabinet d’avocats américains spécialisé pas moins de trois mises en demeure à Twitter sans obtenir de réponses, la Ligue de football professionnel (LFP) menace maintenant d’engager une action en justice. " Si Twitter refuse de prendre en compte la question des ayants droit, nous serons contraints d'agir devant les tribunaux" , a expliqué la semaine dernière au Figaro l’avocat de la LFP, Jerôme Perlemuter.
Le format idéal
Le format court des vidéos Vine (6 secondes) correspond parfaitement à la diffusion d’un but ou d’une action spectaculaire. Et les comptes spécialisés ne cessent de se multiplier à l'instar de "Football Vines" et de ses 540.000 abonnés. Ces vidéos sont ensuite partagées via Twitter et peuvent très rapidement faire le tour du monde.
"Avec Facebook ou Instagram, c'est plus lent. Sur Vine tout va très vite."
Medhi, 18 ans a expérimenté le potentiel viral du réseau Vine. Avec ses amis il a créé un compte au début de l’été et rencontré un succès inattendu : "On a commencé petit et puis on s’est aperçus que nos vues augmentaient : 2.000, 10.000, on a même fait des pics jusqu’à 100.000 vues ! Et puis il y a deux semaines notre compte a été suspendu. Parce que l’on filme Bein Sports et Canal, et que l’on retransmet ces images à nos abonnés ". Il aura donc fallu plusieurs mois avant que Twitter ne supprime les images piratées.
Un combat perdu d’avance ?
Le réseau Vine avec sa diffusion instantanée et libre n’agace pas que la LFP. Bein Sports et Canal Plus ont payé à eux deux 607 millions pour les droits de la Ligue 1. Si la chaîne cryptée ne souhaite pas s’exprimer elle se réjouit de voir la Ligue monter au créneau pour défendre ses droits. Quant à Bein Sports, son responsable marketing Laurent de Camas a exprimé cet été son ras-le-bol.
Du côté de l’Equipe.fr, qui fait partie des ayant-droits, le rédacteur en chef, Frédéric Waringuez est partagé : "Je ne défends pas la position de la Ligue, mais je la comprends. Que des images se retrouvent sur les réseaux sociaux de manière illégale, évidemment ça pose problème. Ceci dit batailler contre Twitter, c’est très compliqué… Le combat de la Ligue ressemble à un combat perdu d'avance. Nous, ce qui nous pose problème ce n’est pas tant les réseaux sociaux que les autres sites de sport qui utilisent ces images. Dans ces cas-là, notre service juridique intervient."
"Il y a un vrai préjudice."
Face à Twitter, la Ligue en reste pour l’instant aux menaces. Mais elle a déjà assigné par le passé deux grands sites pour avoir posté des vidéos sans accord, obtenant même 5.000 euros par vidéo postée. En se basant sur ce précédent et le nombre de vidéos en ligne sur le réseau Vine, la Ligue estime qu’elle serait en droit de réclamer de Twitter pas moins de 10 millions d’euros.
Si Twitter ne semble jusqu’ici pas très inquiet, l’action de la Ligue serait fondée en droit selon Fabienne Fajgenbaum, avocate spécialisée en droit du sport : "La Ligue détient le droit d’exploitation exclusif sur le championnat de France. Elle doit pouvoir signer des contrats d’exclusivité avec des ayant-droits et leur garantir cette exclusivité. Dans ce cadre le rôle de Twitter est parasitant. Il y a un vrai préjudice."
Le club des "rabat-joie"
La Ligue française n’est pas la première à s’attaquer au problème. En Italie, la Lega Calcio n’a pas hésité à interdire à ses propres clubs de diffuser des Vines d’avant et d’après match pour protéger ses ayant-droits Mediaset et Sky. En Angleterre, les dirigeants de la Premier League ont mis en garde les fans postant des vidéos de match en ligne : "Au risque de passer pour des rabat-joie, nous devons protéger notre propriété intellectuelle " a déclaré Dan Johnson, directeur de la communication de la Premier League.
"Bein est bien content qu'un Vine fasse la pub de son commentateur."
Une situation qui laisse sceptique "Saintmtex", devenu célèbre sur la toile pour son art de capturer les instants les plus insolites des différents championnats européens qu’il met désormais au service des "Cahiers du Foot" : "Je ne fais plus les buts de L1 parce qu’il est vrai que les médias paient pour une exclu. En même temps ils feraient mieux d'évoluer avec ce média : à mon avis, un gif ou un vine fait la promotion d'une chaine, contrairement à un streaming par exemple. Quand Omar Da Fonseca s’enflamme et qu’il est repris sur la toile, je pense que Bein est bien content qu'un Vine fasse la pub de son commentateur".
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