France-Angleterre: Pourquoi un tel exode ?
Newcastle, surtout, mais Queens Park Rangers, aussi, sont devenus au cœur de ce mercato hivernal les nouveaux "eldorados" pour joueurs français en quête d'un challenge plus "excitant". Pourtant, le club du nord de l'Angleterre ne pointe qu'à une piteuse 16e place en championnat, quand celui de Londres est carrément lanterne rouge avec seulement 15 points inscrits en 23 matches. A en croire, Mapou Yanga-Mbiwa, l'ancien défenseur montpelliérain, c'est la culture footballistique anglaise qui attire: "L'Angleterre, c'est un pays où tout le monde aime le football, tout le monde vit pour le football. Ça fait partie des choses qu'on a envie de découvrir en tant que joueur".
Hier Arsenal et Chelsea, aujourd'hui Newcastle et Queens Park Rangers
Pourtant, est ce que cela suffit à expliquer un tel exode ? Jugez plutôt: depuis le début du mois de janvier, Mathieu Debuchy, Loïc Rémy, Mapou Yanga-Mbiwa, Yoann Gouffran et bientôt, peut être, Yann M'Villa et Moussa Sissoko ont tous quitté la France pour les vertes pelouses anglaises. Cinq internationaux et le meilleur joueur actuel du champion de France 2009. Autrefois, la saignée des clubs français se faisaient principalement à destination des grands noms du championnat anglais, Arsenal, Chelsea, Manchester United, voire Tottenham. La tendance s'est ralentie depuis quelques années. Si Olivier Giroud et Hugo Lloris ont rejoint respectivement les rangs d'Arsenal et de Tottenham l'été dernier, le départ des bons joueurs de notre Ligue 1 s'effectue dorénavant vers la deuxième partie du classement.
Comment expliquer qu'un Loïc Rémy, deuxième du championnat de France, aille s'engluer dans les bas fonds de la Premier League, aussi prestigieuse soit-elle ? L'aspect financier est évidemment primordial. Selon Elie Baup, "la différence entre ce que gagne un joueur en France et en Angleterre, c'est un rapport de 1 pour 3". Pour l'ancien niçois, le chiffre de 400 000 euros mensuels a été avancé. Soit pratiquement deux fois plus que ce qu'il gagnait à l'OM. Suffisant pour jouer le maintien quand la lutte pour le titre lui tendait les bras en France ? Tous autant qu'ils sont, les joueurs français ont le même rêve en tête quand ils traversent la Manche: taper dans l'œil d'une grosse écurie. Risqué. A son époque, Thierry Henry était arrivé sans certitude en Angleterre mais il était à Arsenal.
Les bons exemples à suivre seraient plutôt à chercher du côté de Louis Saha, arrivé par Newcastle puis Fulham pour finir à Manchester United et de Steed Malbranque débarqué à Fulham avant d'attérir à Tottenham. A Newcastle, le contingent français est énorme. En cas de relégation du club, chose plus que possible en l'état actuel des choses, tous les expatriés ne trouveront pas de porte de sortie convenable et à hauteur de leurs ambitions. Envisageront-ils alors un retour en France, avec des conditions salariales moins avantageuses ? Difficile à dire. Dans le contexte actuel, il est impossible de ne pas s'inquiéter pour le niveau du championnat de France.
Quel avenir pour la Ligue 1 ?
Déjà très faible, la Ligue 1 va souffrir inexorablement de ce nouvel attrait pour des équipes de "seconde zone". Amputée d'une bonne dizaine de bons joueurs pendant ce mercato, la Ligue 1 n'a plus les moyens de lutter, financièrement parlant, avec la lanterne rouge de Premier League. Le coup de gueule de Frédéric Antonetti, il y a quinze jours, a soulevé un problème évident: Que doit faire la France pour relever son football ? Pour Alain Casanova, la solution est interne: "il faut se tourner vers la formation, ce qu'on fait depuis longtemps à Toulouse". Pour quel bilan ? Sissoko veut partir, Capoue a déjà des envies d'Angleterre et Elie Baup d'enfoncer le clou: "Nous devons être tournés vers les jeunes, sortir sans arrêts des jeunes talents". Sans arrêt, pour pallier les départs successifs des pépites locales. Le moindre "trou de génération" devient dès lors très problématique. Après avoir perdu Rémy, l'OM s'apprête à recruter Modou Sougou qui évolue… en Roumanie, à Cluj. A l'image d'un Cvitanich à Nice, les clubs français espèrent réaliser de gros coups sur des marchés encore moins important que le leur. Si la tendance devait se confirmer, la Ligue 1 pourrait intégrer de plein pied la deuxième division européenne.
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