Geoffrey Blancaneaux, la tête dans les étoiles
"Oula". C'est le premier mot lâché par Geoffrey Blancaneaux à son entrée dans la salle de presse situé dans les entrailles du court Philippe-Chatrier. C'est ici que quelques minutes avant, Kristina Mladenovic et Caroline Garcia avaient évoqué leur émotion d'après-titre. C'est ici, derrière cette table, que Rafael Nadal avait annoncé son forfait voici quelques jours, que Garbine Muguruza avait raconté toute sa joie après son premier titre en Grand Chelem, hier. C'est en ce lieu qu'Andy Murray et Novak Djokovic viendront parler de leur joie ou de leur peine, à l'issue de la finale. Mais à ce moment-là, c'est lui, le Parisien de bientôt 18 ans, qui est le centre du monde.
Vidéo: La remise du trophée
"Il y a beaucoup de monde", glisse-t-il dans un sourire. Depuis 2004, la France attend d'inscrire le nom d'un représentant au palmarès du tournoi juniors. Après (sur les 35 dernières années) Henri Leconte (1980), Tarik Benhabilès (1982), Fabrice Santoro (1989), Paul-Henri Mathieu (2000), Richard Gasquet (2002), Gaël Monfils (2004), Geoffrey Blancaneaux a soulevé le trophée de Roland-Garros. En anglais, il évoque son émotion, et la difficulté de ce succès final, après avoir sauvé trois balles de match. "Je me disais juste que je ne voulais pas perdre". Mais à 17 ans, le vocabulaire lui manque dans la langue de Shakespeare: "Je n'ai pas les mots, désolé", dit-il dans un sourire face à une question. Cela met fin à l'examen de passage en anglais.
"Le mental, c'est le minimum"
Au terme d'un match épique, dans une ambiance de feu dans la formidable arène du court N.1, il a reçu le soutien d'un public acquis à sa cause, et aussi celui du dernier vainqueur de Roland-Garros en senior: Yannick Noah. "Il m'a encouragé, il m'a donné beaucoup d'énergie, tout ce qu'il avait. Il m'a poussé au-delà de mes limites", soufflait rapidement le jeune joueur au sujet du capitaine de Coupe Davis, avec lequel il avait juste discuté dix minutes dans les vestiaires. A la fin du match, il lui a dit quelques mots sur le terrain: "Il m'a félicité. Il m'a dit que j'avais été fort mentalement, malgré des hauts et des bas dans le jeu." Mais pour Geoffrey Blancaneaux, "le mental, c'est le minimum en tennis. Si tu n'en as pas, tu ne peux pas y arriver. Dès que je suis en difficulté, je m'accroche comme un dingue."
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Il l'a donc fait face au très jeune Felix Auger Aliassime, seulement 15 ans, dont le Français dit qu'il a "eu beaucoup d'émotions dans les deux derniers jeux. Il m'a laissé plus de temps". Classé -15 en France, 39e mondial chez les juniors, entraîné par Cédric Raynaud à l'INSEP, le Parisien sait qu'il va désormais changer de dimension. Depuis Alexandre Sidorenko, vainqueur en Australie en 2006, aucun Français n'avait remporté le moindre tournoi du Grand Chelem. "Je n'arrive pas à me rendre compte que j'ai gagné Roland-Garros. Je suis dans les étoiles." L'intrusion dans la salle de Caroline Garcia et Kristina Mladenovic hurlant "allez la France" ne l'a pas ramené sur terre.
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A photo posted by @francetvsport on Jun 5, 2016 at 6:46am PDT
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