Ghetto, trashtalk, frasques...comment Conor McGregor est devenu la plus grande star des sports de combat
• Le "trashtalking", ou l'art de rentrer dans la tête de ses adversaires
Conor McGregor est l'un des plus habiles metteurs en scène des sports de combat aujourd'hui. Costumes déjantés, tatouages, répliques et phrases chocs : un peu comme un Zlatan Ibrahimovic en football ou un Mohammed Ali en son temps, McGregor maîtrise sa communication à la perfection et s'est créé un personnage adapté aux codes des réseaux sociaux. Mieux, il fait de sa provoc' une arme mentale qui désarçonne ses adversaires avant même que le combat n'ait lieu. "Je vais lui briser le visage" avait-il tweeté avant son combat du siècle contre Floyd Mayweather.
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"Conor excelle dans tous les domaines, le combat mental comme le combat physique, explique Dana White, le patron de l'UFC, dans Sports Illustrated. C'est le meilleur pour vendre un combat depuis Mohammed Ali".
McGregor utilise cette stratégie dès ses premiers combats, et avant même qu'il ne soit la super-star qu'il est aujourd'hui. "Il avait déjà ça, se souvient Ciaran Campbell, son premier adversaire en MMA, dans la biographie Obsessions, de Charles Thiallier (Hugo Sports, 2019). Il m’a provoqué dès le départ, il m’a fait sortir complètement de mon combat, il en était capable juste par un geste ou une petite provocation verbale’.
Il pousse même sa stratégie jusqu'à prophétiser l'issue de ses combats. Il se risque à des prédictions très précises sur le déroulement de ses combats en amont, comme battre son adversaire au premier round. Souvent, il touche dans le mille. En décembre 2015, il prédit qu'il battra Jose Aldo dès les premières secondes du match. Résultat : le Brésilien s'effondre, K.O, dès la 13e seconde. Crochet du gauche. McGregor évoque des "techniques de visualisation", mais il y a sans doute un peu (beaucoup ?) d'intimidation mentale dans tout ça. C'est de là que provient l'un de ses nombreux surnoms : Mystic Mac.
• Des frasques en pagaille
Ses frasques sont nombreuses. Et de plus en plus fréquentes. Parlerait-on autant de McGregor s'il avait été un enfant de chœur ? En novembre 2017, il pousse et tente de frapper un arbitre en célébrant la victoire de son collègue Charlie Ward lors du Bellator de Dublin. En réaction au retrait de l'un de ses titres mondiaux, il attaque un bus transportant des combattants lors d'un évènement UFC en avril 2018. L'un d'eux est blessé au visage, l'obligeant à se retirer de son combat. Il est inculpé pour trois agressions, et plaidera coupable trois mois plus tard.
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En août 2019, il s'en prend un homme dans un bar sous prétexte que celui-ci aurait "refusé le verre" qu'il lui offrait. La vidéo fait le tour du monde. Enfin, son dernier dérapage pourrait être celui de trop puisqu'en septembre, il est placé deux jours en garde à vue en Corse après une plainte visant des faits d'exhibition et agression sexuelle. L'affaire est en cours.
• Porté par son Irlande natale
Avant de boxer sur les rings prestigieux de l'UFC, Conor McGregor a patiemment fourbi ses armes en Irlande. Le MMA est alors loin d'être le sport populaire qu'il est aujourd'hui grâce à ses succès. C'est au fil de ses victoires, de son ascension, de la construction de son personnage, que l'Irlande va reconnaître en lui une idole nationale. Son influence sur la jeunesse ira jusqu'à façonner la mode et les codes vestimentaires. Dans Obsessions, Charles Thiallier raconte comment les barbiers de Dublin ont dû se mettre à reproduire sa barbe, sa moustache et ses cheveux courts sur le côté pour satisfaire la jeunesse irlandaise.
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La star doit aussi sa popularité à son patriotisme revendiqué. La musique qui l'accompagne lors de ses entrées sur les plus grands rings du monde est Foggy Dew, un chant indépendantiste de l'Insurrection de Pâques de 1916.
McGregor contribue ainsi à faire connaître l'Irlande bien au-delà de ses frontières. Il est désigné par le magazine Time comme l'une des cent personnalités les plus influentes en 2017. Forbes le considère en 2020 comme l'une des 100 célébrités les mieux payées du monde, même s'il n'a plus combattu depuis 2018. Il possède son personnage dans le jeu vidéo Call of Duty, et d'après The Independant, il a été approché pour jouer le rôle du méchant dans un opus de la série James Bond.
• Une enfance de survivant
La débrouillardise et la démerde, Conor McGregor connaît bien : il a dû s'en servir dès ses plus jeunes années pour s'échapper des griffes de la mafia. Né le 14 juillet 1988 à Crumlin, une banlieue de Dublin où régnaient - et règnent toujours - le trafic de drogue et les batailles de gangs, Conor McGregor a grandi dans un milieu où il faut s'imposer. Au Boxing Club de Crumlin, dès l'âge de 12 ans, il n'hésite pas à défier les plus grands et va progressivement les dominer.
Il se met à gagner quelques titres lors de combats amateurs en boxe anglaise, avant de se lancer dans la lutte et le grappling. Le MMA n'arrive que quelques années plus tard, lorsqu'il fait la rencontre de Tom Egan, un autre jeune combattant rêvant d'intégrer l'UFC un jour. A deux, ils bâtissent un véritable programme d'entraînement pour atteindre leur objectif. Ils y arriveront.
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