Gilles Simon, ce marathonien
Le tennis est un sport particulier. Un sport où un spectateur paye autant pour voir Nadal ou Djokovic expédier leur adversaire en à peine plus d’une heure de jeu ou un Gilles Simon batailler pour quatre ou cinq heures dans une ambiance de corrida. Cauchemar des programmeurs, Simon est un bonheur pour le public nourrit au suspense de ses duels à rallonge.
"Je n'y croyais pas"
Ces duels, Gilles Simon les abhorre mais il ne peut s’empêcher d’en livrer chaque année lors des Grands Chelems. "J’en ai joué trop. Il (Jan De Witt, son coach) m’a dit que j’avais fait 30 matches (en cinq sets), c’est ce qu’il m’a dit à la fin du match. Un chiffre ahurissant qui témoigne à la fois de la difficulté à conclure les matches, de la ténacité qui le caractérise, du point le moins important au set le plus crucial. Et pourtant, le 18e joueur mondial a avoué avoir un peu perdu la foi face à Pella : "J’ai fait des matches à rebondissement mais quand je suis mené 2 sets 0, je n’en ai gagné qu’un, explique-t-il. Quand je ne trouve pas de solution au bout de 2 sets, c’est que je l’ai rarement trouvée au troisième dans ma carrière. Il (Guido Pella) joue deux fois mieux que moi, moi je n’arrive pas à faire grand-chose sur le terrain. J’essaie parce que je suis là, je me bats, c’est le minimum que je peux faire mais je n’y crois pas. Je n’y crois pas tant que cela parce que je le sens bien, il est là, il est stable sur ses frappes. Si tu regardes tranquillement, tu te dis qu’est-ce qui se passe ? Il joue deux fois mieux que moi. Ce n’est pas hyper encourageant." Pas hyper encourageant mais contrairement à d’autres, Simon ne flanche pas. Il plie oui, mais ne rompt pas. Ou alors au bout de l’effort comme face au numéro un mondial, Novak Djokovic, lors du dernier Open d'Australie (3-6n 7-6, 4-6, 6-4, 3-6).
"Tu fermes ta gueule, tu cours, tu te bats"
Comment se sort-on d’une ornière pareille quand on est au fond du trou ? La réponse tient en un mot : l’expérience. Galvaudée, l’expérience est employée à toutes les sauces et pourtant c’est Jan de Witt, qui connaît parfaitement son joueur, qui l’a remis sur les rails comme le raconte Simon : "en général, Jan m’encourage à essayer de jouer mon jeu, à me dire : ‘tu continues, tu t’appliques ; ça va venir’. Là, c’est la première fois dans ma carrière qu’il me dit en trois ans : ‘cela ne viendra pas, tu fermes ta gueule, tu cours, tu te bats’. C’est ce que j’ai fait et c’est pour cela qu’à l’arrivée, ma seule chance de gagner, c’est que j’ai finalement pris un choix". Où quand la relation entre un coach loin d’être débutant sur le circuit et un joueur dans le top 50 à l’ATP depuis dix ans permet de changer un scénario bien mal engagé. Pourtant, aussi expérimenté soit-il, Simon n’a pas souvent été celui qui renversait un adversaire. Une seule fois il a réalisé l’exploit. Déjà sur la terre battue de Roland-Garros, face à Lleyton Hewitt (3-6, 1-6, 6-4, 6-1 et 7-5 en 3h19), un autre habitué des combats épiques.
Au troisième tour, Gilles Simon sera opposé à Viktor Troicki. Que les spectateurs qui disposent d’un billet pour le Suzanne Lenglen (le match y est programmé en fin de journée) se réjouissent, le Serbe aime lui aussi les marathons avec pas moins de 26 matches en cinq manches dans sa carrière pour un bilan équilibré de 13 victoires pour 13 défaites (18-12 pour Simon). Si les deux hommes se rencontrent pour la première fois en Majeur, ils ont déjà été confrontés six fois sur le circuit, pour six succès du Français, le tout sans perdre un set. Gilles Simon va-t-il faire mentir sa réputation ?
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