Ryder Cup - Fleetwood, Molinari, Spieth, Woods: le baromètre de la 42e édition
• Les bons choix: Thomas Björn
Le capitaine de l'équipe européenne avait surpris son monde en titularisant quatre de ses cinq novices lors de la première matinée, vendredi. Le (3-1) encaissé pouvait lui donner tort, sauf que Tommy Fleetwood a brillé de mille feux, et il n'a jamais décliné. Autre novice: Jon Ram, vainqueur en simple dimanche de Tiger Woods, Thorbjorn Olesen, qui a concassé Jordan Spieth également dimanche Deux bonnes pioches. A son image, l'équipe européenne a, collectivement, concassé les belles individualités américaines. Autour d'un principe édicté et rappelé sans cesse par le capitaine: "Nous sommes une équipe. Nous sommes un groupe de joueurs réunis autour d’un même objectif. Nous avons besoin que chaque joueur sur le parcours fasse ce qu'il faut."
• Les mauvais choix: Jim Furyk
A l'opposé de son homologue, Jim Furyk paraissait avoir fait les bons choix vendredi matin. Seule l'association Tiger Woods-Patrick Reed y avait laissé échapper un point. Ce duo n'a jamais été à la hauteur de l'événement. Si Woods n'a pas été au mieux, il n'a jamais pu compter sur son coéquipier, qui formait un bien meilleur duo avec Jordan Spieth en 2014 et 2016. "J'assume ce choix", a affirmé le capitaine après la défaite. Autre grand nom très éloigné du niveau de l'épreuve: Phil Mickelson. Hors du coup vendredi après-midi, il n'a pas été aligné samedi, et a été placé en 8e rencontre dimanche. Pour une défaite, celle offrant la victoire à l'Europe. Pour le recordman des matches en Ryder Cup, la semaine au Golf national a été un calvaire. Avec une équipe qui n'a pas daigné reconnaître le parcours, avec un collectif qui n'a pas toujours montré une énorme solidarité, Jim Furyk a failli à mettre fin à 25 ans d'insuccès sur la terre européenne. "Thomas a été un meilleur capitaine que moi", a-t-il résumé. "On a une équipe formidable. Je les reprendrais tous si cela m'était proposé. On a une équipe pour gagner, même si on a un goût amer dans la bouche quand on vient en Europe."
• La surprise : Tommy Fleetwood
Vainqueur de l'Open de France en 2017 était l'un des petits nouveaux à découvrir cette Ryder Cup dans l'équipe européenne. Associé à l'Italien Francesco Molinari, dont c'était la 3e Ryder, l'Anglais de 27 ans a été cornaqué par l'un des joueurs les plus solides de la semaine. Et les quatre victoires conquises en deux jours (une première pour l'Europe dans l'histoire) ont construit une énorme confiance. En Fourballs, le novice a compilé 7 birdies, dont 5 ont donné l'avantage aux Européens. A ses côtés, l'Italien en a délivrés 9, dont 8 ont fait mieux que les USA. Une sacrée performance donc pour Fleetwood, balayé néanmoins lors de son simple (6&4) contre Tony Finau, autre "rookie" très solide depuis le début en Fourballs et auteur du premier eagle de la compétition. Cela n'a pas empêché Fleetwood de fêter la victoire collective telle une rock-star.
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•L'habitude : Tiger Woods
Sa sélection avait représenté un tsunami sur la planète golf, et même au-delà. Mais Tiger Woods n'a pas connu de « happy end » pour cette saison 2018, en forme de résurrection. Vainqueur dimanche dernier de son premier tournoi sur le circuit PGA depuis cinq ans, l'ancien N.1 mondial avait remis les projecteurs sur lui avec ce 80e succès en carrière. Mais comme lors de ses 7 précédentes participations, il n'a pas été moteur pour les USA dans cette Ryder Cup.
En 33 matches, il n'en avait gagnés que 13, pour 17 défaites. A Saint-Quentin-en-Yvelines, il a ajouté quatre défaites, pour aucune victoire. Comme en 2012, date de sa dernière participation, il finit avec un zéro pointé. Dimanche, malgré le seul eagle de cette ultime journée (superbe sur le trou 9), le "Tigre" n'a pas rapporté de point, sur le match 4, face au novice Jon Ram. Sa deuxième défaite en carrière en simple en Ryder. Il a couru après son putting toute la semaine, et peut regretter d'être tombé trois fois sur le duo incandescent Molinari-Fleetwood. "J'ai joué 7 semaines sur les 9 dernières", remarquait l'Américain. "On donne beaucoup d'énergie. J'ai beaucoup joué en peu de temps. J'ai perdu quatre matches, et c'est très décevant sur le plan personnel. Cela me donne une meilleure idée de l'entraînement que je devrais suivre la saison prochaine pour faire face à la saison."
• Les cadres : Jordan Spieth et Dustin Johnson (USA), Francesco Molinari, Sergio Garcia (Europe)
Redevenu N.1 mondial dimanche dernier, Dustin Johnson était le fer de lance de la formation américaine. Sauf que le grand public n'en avait que pour Tiger Woods. A l'arrivée, le joueur de 34 ans a tenu son rôle, petitement. Vainqueur de sa première partie avec Rickie Fowler, alors qu'ils faisaient face à McIlroy-Olesen, il a ensuite subi les foudres du duo Stenson-Rose en Foursome, et de Paul Casey, associé à Tyrrell Hatton le lendemain en Fourballs. Sa défaite dans un combat au forceps contre Ian Poulter, M. Ryder de l'Europe, n'a fait que précipiter la chute des Etats-Unis.
Autre joueur dans l'ombre après une saison très neutre, Jordan Spieth a été l'axe fort américain. Accompagné par Justin Thomas, il est le seul à avoir remporté deux points en double, l'un en Fourballs (contre Casey-Hatton), l'autre en Foursome (contre Poulter-McIlroy). Le deuxième plus jeune vainqueur du Masters d'Augusta a malheureusement (pour les USA) subi le jeu d'un intenable Thorbjorn Olesen, qui a évolué à un niveau incroyable.
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Dans l'équipe européenne, Francesco Molinari n'était pas une star, alors que Sergio Garcia avait vu sa sélection très discutée. Pourtant, les deux hommes ont fait largement pencher la balance en faveur de l'Europe. L'Italien, extrêmement solide, a largement contribué à faire de Fleetwood la belle surprise de la semaine. Quatre victoires en autant de matches à deux, cela n'avait jamais été fait par une équipe du Vieux Continent. Il a ajouté un succès plein de symboles en simple, contre Phil Mickelson, puisque c'est le point qui permet à l'Europe de remporter cette Ryder Cup. Cinq victoires, personne ne l'avait plus fait depuis 1979. Le Transalpin l'a réalisé.
Quant à l'Espagnol, il a flambé en Foursome avec Olesen pour son entrée dans la compétition, avant de relancer totalement Rory McIlroy le samedi matin en Fourballs. Et de continuer à surfer sur cette vague, pour conclure par une victoire sur Rickie Fowler en simple, au terme d'un combat acharné. Sa 22e victoire en 41 matches de Ryder Cup, pour 25.5 points gagnés, un record qui valait bien quelques larmes. Toute la preuve de son attachement à cette compétition. Et dépasser Nick Faldo n'est pas donné à tout le monde.
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• Les déceptions : Patrick Reed, Phil Mickelson et Justin Rose
Vainqueur du Masters en avril dernier, 2e de l'USPGA en 2017, Patrick Reed représentait une belle carte pour les USA. Il n'a été que l'ombre de lui-même. En 2014 et 2016, associé à Jordan Spieth, il avait brillé (6 victoires, 2 nuls, 1 défaite). Ce duo a été cassé par Jim Furyk pour que le Texan soit aux côtés de Tiger Woods. Mauvaise pioche : 0 victoire, et une entente jamais visible entre les deux. Avec 4 petits birdies en deux parcours de Fourballs, Reed a été transparent. Sa victoire sur Hatton dans le simple n'a pas effacé sa semaine décevante. Le héros de la Ryder 2016 est nettement rentré dans le rang.
Quant à Phil Mickelson, 48 ans, cette Ryder était la 12e de sa carrière. Certainement ps la plus mémorable. Lancé le vendredi après-midi pour le Foursome avec le jeune Bryson DeChambeau, il n'a plus joué jusqu'à son simple, dimanche. Et là, il a eu la malchance de tomber sur un la "machine" Molinari. Le recordman des rencontres en Ryder Cup (47) reste bloqué à 21.5 points rapportés aux Etats-Unis dans cette compétition.
N.1 mondial jusqu'à dimanche dernier, Justin Rose n'a pas raté sa Ryder comme les deux Américains. On pouvait simplement en attendre plus de lui. Ses deux victoires en Foursome, avec Stenson, ont sauvé ses deux revers, le premier matin comme toute l'équipe d'Europe, et en simple dimanche contre un extraordinaire Webb Simpson, vainqueur au trou 16 (3&2).
De notre envoyé spécial
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