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Guerre en Ukraine : appel au boycott des compétitions en Russie et demandes d'arrêt du conflit, des sportifs prennent position

Depuis le début de l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine, jeudi, de nombreux athlètes ont pris la parole sur les réseaux sociaux. 

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Earvin Ngapeth, le 9 novembre 2018, lorsqu'il évoluait à Kazan.  (MAKSIM BOGODVID / SPUTNIK)

Le sujet bouleverse le monde entier depuis le jeudi 24 février au matin, et les sportifs ne font pas exception. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a fait réagir de nombreux athlètes qui réclament l'arrêt du conflit et l'annulation des épreuves sportives en Russie. 

Dernier en date, le volleyeur Earvin Ngapeth y est allé de son tweet. En réponse à un post qui indiquait que la fédération internationale de volley allait à contre-courant et maintenait son championnat du monde sur le sol russe, le Français a répondu laconiquement "sans moi merci". Le Varois, qui a évolué quatre saisons en Russie, fait donc savoir son intention de boycotter le mondial qui doit débuter le 26 août. 

Avant lui, les Ukrainiens ont été les premiers à s'exprimer sur l'invasion de leur pays par la Russie. Oleksandr Zinchenko, footballeur jouant Manchester City, a été l'un des plus virulents. Dans une story instagram dévoilant le visage de Vladimir Poutine, il s'adresse à l'autocrate russe : "J’espère que tu vas mourir de la plus douloureuse mort qui soit, monstre". Depuis, le défenseur ukrainien ne manque pas de montrer son soutien à ses compatriotes, via des messages sur le réseau social.

Un autre footballeur ukrainien, le Ballon d'or 2004 et ancien sélectionneur national, Andreï Shevchenko, s'est également fendu d'un message, jeudi, sur Twitter. "Tôt le matin, une guerre à grande échelle initiée par la Russie a commencé. Mon peuple et ma famille sont en danger. L'Ukraine et son peuple veulent la paix et l'intégrité territoriale."

De son côté, le joueur ukrainien de l'Atalanta Bergame Ruslan Malinovskyi a célébré son but, jeudi, face à l'Olympiakos en Ligue Europa en dévoilant un t-shirt floqué du message "Non à la guerre en Ukraine".

"Mon cœur saigne… Nous, Ukrainiens, demandons le soutien et l'aide de tout le monde civilisé, a pour sa part écrit la joueuse de tennis Elina Svitolina dans un tweet. Mes sincères remerciements à nos gars et filles qui défendent notre patrie." Dans le cadre de la loi martiale, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé que les hommes âgés de 18 à 60 ans avaient l'interdiction de quitter le territoire national

De leur côté, les basketteurs Alex Len et Sviatoslav Mykhailiuk, les deux seuls joueurs ukrainiens de NBA, ont "condamné" vendredi dans un communiqué l'offensive russe. "Nous espérons que cette terrible guerre prendra fin le plus rapidement possible. Chers compatriotes ukrainiens, tenez bon ! Notre force est dans l'unité ! Nous sommes avec vous"ont déclaré les deux joueurs de Sacramento et Toronto sur les réseaux sociaux.

Le Bordelais Ignatenko en pleurs 

En France, le milieu ukrainien de Bordeaux Danylo Ignatenko, recruté lors du mercato hivernal de football, n'a pu cacher son émotion jeudi. "Il est arrivé à l'entraînement en pleurs", a confié son entraîneur David Guion. "On a discuté avec lui, il est très affecté, il a sa famille sur place qui devait le rejoindre [à Bordeaux] le 1er mars. Malheureusement, ils ne pourront pas venir."

Ignatenko, 24 ans, est originaire de Zaporijia, ville située à une centaine de kilomètres de Donetsk, théâtre d'opérations militaires d'envergure engagées jeudi matin par l'armée russe. S'il s'est entraîné normalement vendredi matin au Haillan, sa participation au match de Clermont dimanche n'a pour l'heure pas été décidée par le staff girondin. "Très sincèrement, c'est au jour le jour", a déclaré Guion

Galtier et De Zerbi solidaires

Un autre entraîneur du championnat de France a pris la parole. En conférence de presse avant le déplacement de l'OGC Nice à Strasbourg, Christophe Galtier a "osé espérer" que le football tricolore fasse "quelque chose" pour montrer leur solidarité. "Je ne sais pas de quelle manière on peut les soutenir, a-t-il poursuivi. Mais on doit soutenir tous les joueurs et les entraîneurs qui sont aujourd'hui en Ukraine, et qui sont sous les bombardements".

Le coach italien Roberto De Zerbi est pour sa part directement concerné. Entraîneur du Shakhtar Donetsk depuis cet été, il est bloqué à Kiev, où son équipe est désormais basée, avec plusieurs joueurs étrangers, notamment son fort contingent brésilien"L'ambassade d'Italie nous avait exhortés à partir mais moi, sportif, je ne pouvais pas tourner le dos au club" a-t-il expliqué à Sportitalia. "Je devais jouer un match samedi et donc, je le répète, je ne pouvais pas m'enfuir. C'est difficile de l'expliquer à nos proches, à ceux qui nous aiment, aux enfants qui nous envoient des textos pour nous dire de revenir. Ce matin, ils ont suspendu le championnat et maintenant notre présence devient superflue. A ce stade, nous espérons que l'ambassade et le gouvernement nous aideront à rentrer."

Rublev, Sivakov, Ovechkin, les sportifs russes se mouillent

Des sportifs russes ont également réagi. Sur Instagram, l'attaquant russe du Dynamo Moscou Fedor Smolov s'est fendu d'un "Non à la guerre !". Une prise de parole russe rare depuis le début de l'invasion. Actuellement à Dubaï, où il dispute le tournoi ATP, le joueur de tennis Andrey Rublev a exprimé devant la presse combien son match n'était "pas important" au vu de ce qu'il se passe de "bien plus terrible" en Ukraine. 

La biathlète Svetlana Mironova, médaillée d'argent en relais lors des derniers Jeux olympiques de Pékin, a elle aussi réagi sur ses réseaux sociaux. "Le monde ne sera plus le même […]. Malheureusement, nous ne pouvons pas influencer la situation actuelle, mais nous pouvons montrer plus d’amour, d’attention et de soutien les uns envers les autres, surtout en ces temps difficiles. J’envoie de l’amour à tous ceux qui en ont besoin et je prie Dieu pour que tout se termine. Pas de guerre.", a-t-elle écrit sur Instagram.

En fin de journée vendredi, le tennisman russe Andrey Rublev a inscrit "No War please" ("Pas de guerre, s'il vous plaît") sur la caméra, à la suite de sa victoire en demi-finale du tournoi de Dubaï face à Hubert Hurkacz (3-6, 4-5, 7-6).

Dans la soirée du 25 février, le cycliste franco-russe Pavel Sivakov (Ineos Grenadiers) a aussi tenu à s'exprimer sur la situation sur son compte Twitter : "D'abord, je veux dire que je suis totalement contre la guerre [...], toutes mes pensées vont vers le peuple ukrainien. Deuxièmement, je veux aussi que les gens comprennent que beaucoup de Russes veulent seulement la paix et n'ont jamais demandé ce qui se passe."

Le hockyeur russe Alex Ovechkin, l'une des plus grandes stars de son pays à évoluer aux Etats-Unis, en NHL, est également sorti de son silence. "S'il vous plaît, plus de guerre", a-t-il imploré. "Peu importe qui est en guerre, que ce soit la Russie, l'Ukraine ou d'autres pays, je pense que nous devons vivre en paix. C'est une situation compliquée. J'ai de la famille en Russie et ce sont des moments qui font peur. Mais nous ne pouvons pas ne rien faire. J'espère juste que ça va s'arrêter et que tout va bien se passer", a-t-il développé.

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