Gymnastique - Samir Aït-Saïd, confiné mais actif dans un jardin improvisé en gymnase : "J'ai toujours un souci avec les JO, moi"
"J’ai toujours un souci moi, avec les JO…" Il est comme ça Samir Aït Saïd, une pointe d’humour même dans les moments les plus difficiles. Sous le auvent d’une maison à Antibes, le gymnaste s’entraîne, une paire d’anneaux suspendue à une poutre en bois, quelques poids et altères, un medicine ball, un tapis de course et quelques tapis en mousse sont posés sur les gravillons … "C'est ma nouvelle salle de gym", nous déclare-t-il fièrement. "Lorsque le confinement a été demandé à tous, je suis allé voir mes voisins, des personnes âgées de 90 ans, adorables. De loin, j’ai respecté les distances, je leur ai demandé s’ils accepteraient de me prêter un bout de leur jardin pour y mettre 2, 3 trucs et ils m’ont dit 'ok'. C’est trop petit chez moi, je ne pouvais pas avoir tout ce matériel… Maintenant tout est en place, j’ai repris l’entrainement ce matin. Mais tu vois, je passe de 5 entraînements par jour à 2 heures seulement..."
Arrêté par la police pour un jogging trop éloigné de son domicile
Depuis un mois et demi, le médaillé de bronze (aux anneaux) des derniers championnats du monde ne ménage pas son énergie, ni sa peine. Samir Aït Saïd est lancé dans la course olympique, et son entraîneur Rodolphe Bouché lui a donc concocté depuis mi-janvier, un programme aux petits oignons. De la gymnastique certes, mais aussi des sports de combat, comme la boxe et le ju-jitsu brésilien viennent s’ajouter à d’intenses séances de gymnastique. Alors, lorsque le gouvernement a annoncé le confinement il a fallu s’adapter : "Au début, je faisais 2 /3 séances d’abdos à la maison et j’allais courir. Mais mercredi, je me suis fait arrêter par la police parce que je suis allé trop loin de chez moi… C’est normal, il faut que chacun respecte ce qu’on nous demande. La santé avant tout. Il faut en venir à bout de ce virus de m…."
Les jours passent, et tous les indicateurs semblent indiquer la poursuite du confinement, alors Samir et Rodolphe décident d’aménager une mini salle de gym en plein air. "Je me suis dit s’il ne peut plus aller à la salle de gym, il faut que la salle de gym vienne à lui", sourit l’entraîneur. "Rodolphe a pris le camion et transporté tout seul le matériel… On n’avait pas le droit d’être à plusieurs." Voilà donc Samir Aït Saïd installé. "La longueur des câbles n’est pas la même mais il va pouvoir réaliser ses forces", nous explique Rodolphe Bouché, "On a décidé aussi d’entamer un programme diététique drastique, pour qu’il perde du poids. En fait, c’est comme si nous étions en situation de blessure de l’athlète. J’adapte la préparation, je mets en place un programme pour qu’il revienne plus fort après, sauf que là, on ne connait pas le délai et c’est ça le problème…" Bien difficile de se préparer en vue des JO, et l’entraîneur de renchérir : "Il faudrait que le CIO nous dise vite ce qu’ils veulent faire. On aurait alors une 'deadline' et une idée pour repartir après ce confinement."
"Les JO l'été suivant, ce serait mieux"
Les JO, Samir, lui, n’y croit plus trop, du moins pour cette année : "Je ne vois pas comment on peut faire les Jeux Olympiques, certains TQO n’ont pas eu lieu, tout le monde est confiné. L’été prochain, ça serait mieux, on aura tous repris le cours de la vie. Pour l’instant, il faut que tout le monde respecte les consignes de confinement. Moi je ne sors que pour faire les courses et les apporter à mon beau père handicapé…"
Interminable goutte à goutte des minutes pour "ce lion en cage", comme il se définit lui-même en ce moment. Alors il égrène le temps avec Sandy, sa compagne infirmière : "Ca fait mal, moi j’ai besoin de bouger mais je dis merci à Netfix, au Uno et à Jenga…" La course à la médaille olympique est désormais au ralenti pour Samir, lui qui avait fait de Tokyo la revanche de Londres (Ndlr : Samir s’était blessé aux Championnat d’Europe juste avant les jeux) mais surtout la revanche de Rio (une double fracture tibia péroné lors des qualifications l’avait privé de JO). "A Londres, il s’est passé quelque chose, à Rio il s’est passé quelque chose et là, il se passe quelque chose ! Mais là, on est tous dans le même bateau !" Avant de terminer notre entretien par ses mots : "Protégeons nous, ça reste que du sport. Vive la République, vive la France."
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