Euro 2022 de handball : "C'est une grosse remontada", retour sur les quinze minutes de folie où la France a écœuré le Danemark
Menés de cinq buts à quinze minutes de la fin, les Bleus ont réussi à battre le Danemark 30-29. Ils se qualifient au forceps pour les demi-finales grâce à leurs ressources mentales et quelques arrêts de Vincent Gérard.
"C'était un match dont on se souviendra tous très longtemps." Il sera difficile de contredire Nikola Karabatic. Pour accéder au dernier carré, la France ne devait pas perdre contre le Danemark, mercredi 26 janvier, lors du dernier match du tour principal. Souvent distancés, parfois largués, les Bleus ont réussi une folle remontée pour renverser les Danois qui menaient encore de cinq buts à un peu moins de quinze minutes du terme (27-22). À la fin, ils arrachent une victoire détonante 30-29 et obtiennent leur billet pour les demi-finales.
Un discours positif à la pause
Malgré un début de seconde période qui semblait continuer sur la lancée de la première, c'est bien durant la pause, aux vestiaires, que cette remontée a puisé sa source. "À la mi temps, on ne s'est pas éparpillés, a raconté Vincent Gérard sur BeIN Sports. On s'est dit : 'si on perd, on perdra avec les honneurs'." "On avait trente minutes pour ne rien regretter", poursuivait Nikola Karabatic.
Cette "grosse remontada" dixit ce dernier, les hommes de Guillaume Gille, toujours absent du banc à cause du covid, l'ont décrochée grâce à un sacré mental. Alors que les mauvaises nouvelles s'amoncellent depuis le début de la compétition avec les tests positifs au Covid successifs de Karl Konan (de retour depuis lundi dernier), Guillaume Gille, Kentin Mahé et au dernier moment, hier, de Nicolas Tournat, ils ont toujours cru en leur destin. Celui-ci a pourtant été malmené pendant toute la partie par des Danois qui, eux, étaient déjà qualifiés pour les demi-finales.
"Quelle histoire, quelle abnégation, retenait le gardien Vincent Gérard. On aurait pu lâcher mais on se bat, c'est une vraie fierté car personne n'a rien lâché. On n'avait pas le droit d'abandonner." Ces Bleus n'ont pas abdiqué, jamais, pas même quand Niklas Landin a sorti deux nouvelles parades à bout portant devant Théo Monar et Nikola Karabatic, en échec (18-23, 41'). Le précipice n'était pourtant plus très loin.
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— beIN SPORTS (@beinsports_FR) January 26, 2022
Vincent Gérard : "Quelle histoire, quelle abnégation !"#DANFRA pic.twitter.com/tQZClxq4d9
Trois minutes plus tard (20-24, 44'), Vincent Gérard réalisait enfin son premier arrêt après une première partie de rencontre vierge de toute parade. C'est cet arrêt qui aurait pu marquer le tournant du match mais un nouveau contre-temps est venu entraver la marche des Bleus. Ludovic Fabregas a écopé d'un carton rouge pour une troisième exclusion temporaire (47'), laissant le poste de pivot au jeune Théo Monar.
Un carton rouge en guise de détonateur
"Le carton rouge de Ludo nous fait du mal", confessait Erick Mathé, coach assistant propulsé sur le devant de la scène depuis trois matchs. Mais l'expulsion a certainement été le déclic pour l'équipe de France : "J'étais très inquiet par l'exclusion de Fabregas mais elle a finalement éteint les Danois car ils se sont dits que c'était gagné, confie Jérôme Fernandez à Franceinfo: sport. Au contraire, cela a sonné la révolte, ça les a remobolisés."
La dynamique s'est alors inversée et la France a retrouvé son handball. "Ils nous ont laissé une fenêtre de tir et après on a su saisir notre chance", analysait Valentin Porte. Surtout, Vincent Gérard a commencé à sortir de sa boîte en sortant quelques arrêts au moment opportun. "Vincent ne fait pas beaucoup d'arrêts mais il fait ceux qu'il faut dans les dix dernières minutes", glissait Erick Mathé sur BeIN Sports. "Il a permis aux Français de se projeter en montées de balles et en contre-attaques, observe notre consultant Jérôme Fernandez. Ils ont commencé à y croire car les Danois ne réussissaient plus à marquer."
Entre la 47e et la 55e minute, les joueurs de Nikolaj Jacobsen sont en effet restés muets pendant huit longues minutes. "Quand on arrive à un ou deux buts, ils commencent à regarder le tableau, les dynamiques s'inversent", savourait Vincent Gérard.
Dika Mem en feu
De l'autre côté du terrain, le jeu offensif a retrouvé un peu d'allure après avoir longtemps bégayé en l'absence de son maître à jouer Kentin Mahé. Nikola Karabatic, Hugo Descat et Dika Mem en feu permettent aux Bleus de recoller. À eux trois, ils ont inscrit onze des douze derniers buts tricolores : six pour Mem, deux pour Karabatic et trois pour Hugo Descat, impeccable aux jets de sept mètres. "On a continué notre jeu, sans refuser les tirs et pour ne pas avoir de regret", rejouait Karabatic.
Le doyen de l'équipe de France (37 ans) a même donné de sa personne pour montrer l'exemple. À cinq minutes de la fin, le Parisien s'est jeté au sol pour récupérer un ballon perdu par les Danois. "On a vu Nikola Karabatic se jeter sur tous les ballons. Ce sont encore une fois des signes qui ne trompent pas avec des anciens qui montrent l'exemple et des jeunes qui tiennent derrière", expliquait Valentin Porte en conférence de presse.
L'équipe de France espère surtout retenir son dernier quart d'heure fondateur pour préparer sa rencontre face à la Suède, vendredi (20h30), en demi-finales. "Ce genre de match permet de rendre l'aventure plus belle, de faire plaisir aux spectateurs sûrement, et surtout de forger le caractère d'une équipe", poursuivait le capitaine. Cette remonta "peut être un déclic mental", veut également croire Jérôme Fernandez. Les Suédois sont prévenus : les champions olympiques en titre ont du caractère !
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