Euro de hand : dans l'ombre des légendes, des gardiens encore bleus

A eux trois, Rémi Desbonnet, Charles Bolzinger et Samir Bellahcene ne comptaient que 42 sélections avant l'Euro et connaissent un début de compétition en dents de scie.
Article rédigé par Hortense Leblanc - De notre envoyée spéciale à Cologne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Charles Bolzinger, Rémi Desbonnet et Samir Bellahcene, les trois gardiens de l'équipe de France pour l'Euro de hand 2024. (AFP)

Pas de Thierry Omeyer, ni de Vincent Gérard, cela faisait près de 24 ans, depuis les Jeux olympiques de Sydney 2000, que l'équipe de France de handball n'avait pas disputé une compétition majeure sans l'un de ses deux gardiens phares. Vincent Gérard blessé, Guillaume Gille a fait appel à trois gardiens assez peu expérimentés avec les Bleus pour disputer l'Euro : Rémi Desbonnet, Samir Bellahcene et Charles Bolzinger. Avant d'affronter l'Islande, samedi 20 janvier, ils restent sur des performances mitigées.

Si les Bleus ont rencontré des gardiens en état de grâce depuis le début de l'Euro, comme le Suisse Nikola Portner (9 arrêts) ou le Croate Dominik Kuzmanovic (13 arrêts), les portiers tricolores n'ont pas été aussi infranchissables. Il faut dire que le plus expérimenté d'entre eux, Rémi Desbonnet, qui peut être considéré comme le numéro 1 dans la hiérarchie, ne comptait que 29 sélections avant l'Euro, contre neuf pour Charles Bolzinger et quatre pour Samir Bellahcene. "Ils n'ont pas la connaissance d'un Niklas Landin (le gardien danois, triple champion du monde) au niveau international. C'est un poste particulier sur la connaissance des tireurs. Plus on avance en expérience, plus on est confronté à des joueurs que l'on connaît et ça peut aider", commente Christian Gaudin, ancien gardien de l'équipe de France.

"Le manque d'expérience a toujours une incidence, dans le sens où les grandes nations qui vont loin dans les compétitions ont souvent des gardiens expérimentés, qui connaissent bien le système défensif devant eux", ajoute Jérôme Fernandez, qui a tout gagné avec les Bleus. Les trois gardiens retenus par Guillaume Gille travaillent ainsi leurs automatismes avec la défense depuis le début de la préparation. "Si un joueur tire en position d'arrière, que va faire le joueur qui est en défense ? Est-ce qu'il prend le premier poteau ou le deuxième poteau, qu'on appelle le coin long ? On peut aider le gardien en prenant une position de contre et ce sont des choses qui doivent être mises en place", explique Christian Gaudin.

Bellahcene, l'homme en forme

Depuis le début de la compétition, le Montpelliérain Rémi Desbonnet est le seul à avoir disputé chaque rencontre, alors que Charles Bolzinger était présent sur la feuille de match contre la Macédoine du Nord en ouverture de l'Euro, et qu'il a depuis cédé sa place à Samir Bellahcene. "Rémi, son point fort, très clairement, c'est la relance. C'est un gardien très joueur, qui est capable vite de se projeter sur un jeu sur grand espace. Pour moi, aujourd'hui, c'est le gardien qui a la meilleure qualité de passe au monde. Après, il faut aussi faire des arrêts, mais il est capable d'être très fort sur les duels, plus que sur les tirs de loin", analyse Jérôme Fernandez.

Charles Bolzinger, 23 ans, a moins de temps de jeu, mais il représente l'avenir à son poste, selon l'ancien capitaine des Bleus. "C'est peut-être le plus complet, parce qu'il est grand, il prend de la place, il est capable d'être bon sur les tirs de loin, mais aussi sur les duels face aux ailiers et au pivot. Peut-être qu'il jouera moins dans cet Euro, mais on le verra sur les compétitions dans les années à venir, je ne suis pas inquiet, d'autant qu'il va continuer à progresser à Montpellier, un club exigeant", assure-t-il.

Finalement, avec 36% de tirs arrêtés (contre 25% pour Rémi Desbonnet), c'est peut-être le moins expérimenté des gardiens français qui donne le plus satisfaction depuis le début de l'Euro. Samir Bellahcene est l'homme en forme du moment, comme il l'a montré depuis quelques mois dans les cages du quadruple vainqueur de la Ligue des champions, le THW Kiel, après cinq saisons à Dunkerque. "C'est un gardien très stable depuis plusieurs saisons, mais il n'avait jamais évolué dans un grand club. A Kiel, il est titulaire, il fait ses preuves, et ils l'ont prolongé d'un an. Ça peut être la surprise du chef", s'enthousiasme Jérôme Fernandez.

"Peut-être qu'on a besoin de moins d'arrêts que certaines équipes"

"Je me sens de mieux en mieux, j'ai plus d'automatismes. J'ai du temps de jeu, mais si je n'en ai pas, c'est que Rémi et Charles sont bons, donc ça ne me pose pas de problème, j'ai simplement envie de gagner le premier titre de ma carrière", réagissait Samir Bellahcene à l'issue de la rencontre face à la Croatie. Un match dans lequel Rémi Desbonnet était en difficulté, et qui lui a donc offert du temps de jeu. Il en a notamment profité pour s'illustrer avec un arrêt sur jet de sept mètres.

"Il semblerait que même s'il n'y a pas pléthore d'arrêts, ils sont faits au moment où il faut les faire", souligne Christian Gaudin. "C'est sûr que sur les derniers matchs, les gardiens adverses ont été plus efficaces, mais ça ne nous a pas empêchés de gagner. Peut-être qu'au vu de la qualité de notre groupe, on a besoin de moins d'arrêts que certaines équipes, abonde Melvyn Richardson. C'est vrai que s'ils sortaient des matchs à 17 arrêts, ça serait beaucoup mieux pour l'équipe. Mais on a confiance en eux, on sait de quoi ils sont capables, ils sont très talentueux."

Jusqu'à quand les statistiques des gardiens français seront-elles suffisantes, alors que les Bleus ne visent pas moins que le sacre européen ? "C'est une bonne question, et ce serait mieux d'avoir un peu plus d'arrêts quand on voit les performances des gardiens danois (34 et 41% pour Niklas Landin et Emil Nielsen) ou suédois (49% pour Andreas Palicka), des équipes qui pourraient jouer le titre avec la France, répond Christian Gaudin. Mais on peut s'attendre à une montée en puissance, on a toujours eu de la chance en France d'avoir de bons gardiens sur les moments cruciaux."

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