Euro de hand : l’Autriche, invitée inattendue et symbole des nations émergentes

Pour leur troisième match du tour principal, lundi, les Bleus devront se méfier des Autrichiens, dont le niveau étonne après leurs trois matchs nuls contre la Croatie, l’Espagne et l’Allemagne.
Article rédigé par Hortense Leblanc - De notre envoyée spéciale à Cologne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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Les Autrichiens célèbrent leur match nul contre l'Allemagne, samedi 20 janvier 2024 à l'Euro de handball. (TOM WELLER / AFP)

Les Autrichiens peuvent tenir en échec une grande nation du handball une fois, mais pas trois… En fait si, ils le peuvent. Invitée surprise du tour principal alors qu’elle était placée dans le groupe de l’Espagne, vice-championne d’Europe en 2022, et de la Croatie, vice-championne d’Europe en 2020 (derrière les Espagnols), l’Autriche n’en finit plus de surfer sur sa bonne dynamique. Les Bleus, qui ont l’occasion de se qualifier pour les demi-finales s’ils l’emportent lundi 22 janvier, vont devoir s’en méfier pour ne pas faire partie des cadors piégés par des nations émergentes dans cet Euro.

"Quand ils sont rentrés à l’hôtel après leur match contre l’Allemagne, je peux vous assurer qu’on n’aurait pas fait moins de bruit si on était champions d’Europe", souriait Guillaume Gille, le sélectionneur de l’équipe de France, en conférence de presse dimanche midi. L’Autriche, qui a obligé l’Allemagne au partage des points (22-22) samedi, est sur un petit nuage. "C’est fantastique, c’est le genre de matchs que je n’aurais jamais pensé jouer et encore moins viser la victoire. En tant qu’Autrichiens, nous ne sommes pas habitués à cela en comparaison aux autres nations", s’est enthousiasmé Constantin Möstl, le gardien héroïque contre les hôtes de l’Euro (17 arrêts, 47%).

Il faut dire que l’Autriche a traversé le précédent Euro sans exister, avec 3 défaites en autant de rencontres, n’a jamais fait mieux qu’une huitième place en championnat d’Europe (en 2020), et n'a jamais atteint le dernier carré d'une compétition majeure. "C’est génial, tout le monde porte soudainement de l’attention sur ce que nous faisons. L’équipe de foot, le vice-chancelier… Tout le monde nous félicite et il y a beaucoup d’intérêt pour nos performances. On sait que l’on est en train de faire quelque chose de grand, mais peut-être qu’on ne réalise pas encore assez, tant qu’on est dans la compétition", s’est félicité Ales Pajovic, le sélectionneur slovène de l’Autriche.

Avec ses bons résultats, son équipe, qui n'a pas encore perdu dans cet Euro, est troisième du groupe 1 du tour principal mais compte autant de points (4) que la Hongrie, deuxième. "C’est bien de les affronter maintenant, parce qu’on ne peut plus être surpris", soulignait Luka Karabatic, dimanche. "On a vu ces dernières années qu’ils avaient commencé à progresser. C’est un handball qui se rapproche de ce que fait l’Allemagne, avec des joueurs qui évoluent souvent en Bundesliga, et ils ont un coach installé depuis longtemps", analysait déjà le capitaine des Bleus la veille. Petit bémol tout de même : si elle a tenu en échec plusieurs cadors du handball européen, l’Autriche ne dispose pas de la même profondeur de banc et joue essentiellement "avec huit-neuf joueurs", selon Guillaume Gille, tandis que les Bleus peuvent eux se permettre une plus grande rotation.

"Ça montre à quel point le handball européen est compétitif et relevé"

Son émergence s’inscrit toutefois dans un contexte de montées en puissance de nations moins attendues dans ce championnat d’Europe. La Norvège a par exemple concédé le match nul contre les Iles Féroé (26-26), la Suisse a elle aussi tenu les Bleus en échec (26-26), les Pays-Bas ont fait trembler la Suède (défaite d’un point, 29-28), et le Portugal s’est qualifié pour le tour principal pour la troisième fois de son histoire (en huit participations, sur seize éditions). "C’est cool, je trouve que cet Euro a permis à des nations comme l’Autriche ou les Iles Féroé de se montrer un peu. Ça fait plaisir, ils ont aussi de gros joueurs. On a vu la Croatie qui se renouvelle, la Suisse qui était costaud mais qui n’a pas eu de chance en tombant dans notre groupe avec l’Allemagne, les Pays-Bas qui sont au tour principal… Je peux en citer plein, c’est un bel Euro", s’enthousiasme Samir Bellahcene, gardien des Bleus.

"C’est bien pour le spectacle quand on voit qu’une équipe est capable d’embêter des nations historiques comme l’Espagne ou la Croatie. C’est bien de voir un turn-over, c’est positif pour le handball européen et ça montre à quel point il est compétitif et relevé", abonde Luka Karabatic. Compétition la plus dense sur la scène internationale, l’Euro pourrait-il devenir encore plus dur à remporter ? Les Bleus, six fois champions du monde, ne comptent "que" trois championnats d’Europe à leur palmarès. 

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