Euro de hand : Nikola Karabatic, un quatrième titre européen témoin d'une longévité hors-norme
"Niko il a 20 ans, il n’est pas vieux", rigolait Dylan Nahi dans la semaine à Cologne (Allemagne). Les performances de Nikola Karabatic, doyen de l’équipe de France de bientôt 40 ans en avril, ont effectivement prêté à confusion dans cet Euro 2024. Le Parisien, qui prendra sa retraite à l’issue des Jeux olympiques, a été une pièce maîtresse dans le collectif Bleu sacré champion d’Europe aux dépens du Danemark en finale (33-30 après prolongation), dimanche 28 janvier. Il remporte ainsi son quatrième Euro (2006, 2010, 2014 et 2024), et égale le record des Suédois Magnus Andersson, Martin Frändesjö, Ola Lindgren, Stefan Lövgren, Staffan Olsson et Magnus Wislander, vainqueurs en 1994, 1998, 2000 et 2002.
Un record égalé, mais à y regarder de plus près, c’est la longévité de Nikola Karabatic qui impressionne. Son quatrième sacre européen arrive 18 ans après le premier, 18 ans durant lesquels il s’est maintenu au plus haut niveau, en témoigne sa nomination pour le titre de meilleur arrière gauche du tournoi 2024, finalement remporté par le Portugais Martim Costa. "Quand j’étais jeune, je regardais tous les matchs de l’équipe de France, avec Daniel [Narcisse], Titi [Thierry Omeyer] et Nikola. C’est impressionnant qu’il ait joué avec tous ces joueurs et qu’il soit toujours là, à ce niveau. Ça ne me surprend pas, mais c’est incroyable", saluait Mikkel Hansen, son ancien partenaire danois au PSG, avant la finale.
"Il kiffe comme un gamin"
Aussi admiré que craint par ses adversaires, Nikola Karabatic fait également figure d’exemple auprès de ses coéquipiers. Beaucoup pointent sa rage et ses démonstrations de joie intactes quand il récupère des ballons en défense, même après 22 ans de carrière en Bleu et avec un palmarès auquel il ne manque aucun titre. "Il ne se cache jamais. Je vois comme il s'entraîne, comme il s'arrache sur chaque ballon dans chaque match. Pour lui, il n'y a jamais de petits matches, il se donne à fond", loue Dika Mem. "Je suis impressionné. J'ai la chance de l'avoir côtoyé pendant très longtemps au quotidien et j’ai vu le travail qu'il produit depuis maintenant 20 ans. Je l’ai vu se remettre des croisés en sept mois par un travail acharné, je l'ai vu passer des heures à la salle. Donc rien ne me surprend avec lui, c'est le meilleur joueur de notre sport et il le prouve encore, abonde Nedim Remili. Il kiffe comme un gamin, qu’il soit sur le terrain ou pas, si l’équipe gagne il est toujours fier, content".
Le "kiff", c’est exactement comme cela que Nikola Karabatic décrit ses sensations pour ses derniers mois en Bleu. "Depuis que j'ai annoncé que c'était ma dernière saison, je joue avec une énergie différente, où c'est un bonheur d'être sur le terrain, d'être là avec l'équipe de France. C'est mon rêve depuis tout petit. Je sais que ce rêve-là va bientôt s'éteindre, raconte le Parisien. Je me dis : 'Il ne te reste plus beaucoup de temps, prends le maximum de plaisir sur le terrain. Tes coéquipiers, tes amis, bientôt tu ne seras plus avec eux, donc savoure et donne-toi à fond et sans penser à la suite. Victoire ou pas, médaille ou pas'. J’aurais bien aimé avoir cette sagesse un peu plus tôt dans ma carrière".
Plus libéré, grâce à un "travail mental permanent", Nikola Karabatic sourit davantage, y compris durant l’hymne national. "Avant, il y a des années où je jouais avec une pression qui était différente, une énergie différente. C’était plutôt : on est les meilleurs du monde, il ne faut pas se laisser détrôner. C’est un peu plus négatif, et tu vas te battre aussi un peu contre toi-même. Là ce n’est pas la même chose, c’est juste trop bien", résume-t-il. Comme si c'était son premier sacre, ou le dernier, il a longuement profité de sa famille, sur le terrain de la Lanxess Arena après la finale, avec son frère Luka. "C'est un emblème pour l'équipe de France. Il apporte tellement de choses et on a tous un immense respect pour lui, pour tout ce qu'il a accompli et la façon dont il a joué cet Euro. Ce qu'il a montré pour nous, pour tous les joueurs d'ailleurs, ça devrait être un exemple. Il a été hyper moteur pour nous", a réagi Luka Karabatic, capitaine des Bleus, après la rencontre.
Avec cette nouvelle consécration européenne, et malgré la perte du statut de meilleur buteur de l'histoire de l'Euro au profit du Danois Mikkel Hansen lors de la finale, le numéro 13 de l'équipe de France peut encore profiter. En attendant les Jeux olympiques à Paris... Quadruple champion du monde, quadruple champion d'Europe, il y visera une quatrième médaille d'or olympique.
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