Euro de hand : un temps de jeu réduit pour continuer à peser sur les défenses adverses... Le nouveau rôle de Nikola Karabatic en équipe de France
Un onzième et dernier Euro, qu'il espère couronné de succès. Nikola Karabatic, qui prendra sa retraite après les Jeux olympiques de Paris 2024, est véritablement entré dans la compétition, mardi, contre l'Allemagne, après deux matchs décevants collectivement et individuellement. Il retrouve la Croatie, jeudi 18 janvier, meilleure ennemie des Bleus, avec qui il entretient un lien particulier puisque son père était Croate. Même sans ses jambes de 20 ans, l'arrière gauche entend encore apporter son expérience au collectif tricolore.
Du haut de ses 39 ans, et alors que la fin de sa carrière se profile, Nikola Karabatic répond toujours présent dans les grands matchs. Après une entrée en matière compliquée face à la Macédoine du Nord (un but sur quatre tirs) et seulement six minutes disputées contre la Suisse, le Parisien s'est mis au niveau pour une rencontre décisive contre l'Allemagne, mardi, et a même été nommé homme du match (quatre buts). De quoi prouver qu'il peut encore apporter à l'équipe de France. C'est notamment pour cela, avec 74 matchs de championnat d'Europe dans les jambes – soit plus que le nombre total de sélections de neuf de ses coéquipiers chez les Bleus – que Guillaume Gille l'a sélectionné, lui qui voit Nikola Karabatic comme "un grand frère" pour le reste du groupe.
"Je ne me considère pas comme cela, ni vieux ou pas vieux, rétorque pourtant l'arrière gauche. On est là du fait de nos compétences et c'est comme ça que je me positionne, sur un pied d'égalité par rapport aux autres." Un pied d'égalité qui lui confère logiquement moins de temps de jeu que durant ses plus belles années. "On ne peut pas être aussi fort à 40 ans qu'à 30, lorsque je pouvais jouer une heure par match, à faire de l'attaque-défense, sur 70 rencontres dans la saison. Ce n'est d'ailleurs pas ce qu'on me demande aujourd'hui", concède-t-il.
"Pour le staff, c'est comme un entraîneur en plus"
Malgré son aura et son palmarès, Nikola Karabatic doit parfois se contenter d'un rôle de joker de luxe, derrière Elohim Prandi notamment. "C'est un joker qui peut démarrer les matchs ou sortir du banc pour amener de la confiance et de la stabilité. Sur de courtes périodes, il peut encore porter l'équipe de France comme il le faisait avant, assure Jérôme Fernandez, son ancien coéquipier et meilleur buteur de l'histoire des Bleus. Il peut avoir un impact important sur des périodes de 15 ou 20 minutes maximum par mi-temps, parce que c'est quelqu'un qui a énormément d'expérience, qui a une très bonne hygiène de vie et qui est encore très talentueux."
Important sur le terrain, Nikola Karabatic peut également l'être en dehors, avec un rôle de leader dans le vestiaire et même sur le banc, même si selon Ludovic Fabregas, qui le côtoie en Bleu, "il a peut-être pris un peu de recul parce qu'il y a des joueurs qui montent comme Dika [Mem] ou Nedim [Remili] qui prennent aussi ce rôle. Il arrive à se mettre en retrait mais il donne aussi son avis et c’est un avis qui pèse dans le groupe".
"Pour le staff, c'est comme un entraîneur en plus, parce qu'il amène sa vision des choses et aide à la préparation tactique de l'équipe, que ce soit sur le plan défensif ou offensif", commente Jérôme Fernandez. "Pendant toutes ces années, il a vu son jeu évoluer. Il a donc une intelligence de jeu qui lui permet de comprendre les problématiques des équipes pour apporter ce qu'il faut", complète Daniel Narcisse, son ancien coéquipier, qui a lui aussi tout gagné avec les Bleus, et désormais consultant beIN Sports. Pour les adversaires, "voir une légende en face de vous, ça peut intimider et mettre un coup de pression", poursuit celui qui avait été élu meilleur joueur du monde en 2012.
Avec une performance de haute volée contre l'Allemagne, Nikola Karabatic a levé beaucoup de doutes sur son niveau de performance après deux premiers matchs ternes. Il devra confirmer pendant le tour principal, d'autant que la concurrence est rude à son poste. Seuls 14 noms seront couchés sur la liste pour les Jeux olympiques, alors que 19 Bleus prennent part à l'Euro. La non-sélection du jeune Thibaud Briet (23 sélections), très bon avec Nantes, a par exemple suscité quelques interrogations, mais Guillaume Gille accorde de l'importance à l'expérience dans ses critères de sélections. Sur ce point, personne ne peut rivaliser. La possibilité que celui qui a été élu à trois reprises meilleur joueur du monde (2009, 2014, 2016) devienne le meilleur buteur de l'histoire du championnat d'Europe – il est à quatre buts d'égaler Gudjon Valur Sigurdsson (288 réalisations) – en témoigne.
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