Euro féminin de hand : Estelle Nze Minko, comme une rock-star
"Elle marche sur l'eau", lance le sélectionneur Olivier Krumbholz quand on le questionne sur les performances d'Estelle Nze Minko, son arrière gauche ou demi-centre, en feu depuis le début du tournoi. Elle tourne à 85% de réussite au tir sur les sept premiers matches.
Contre les Pays-Bas en demi-finale vendredi, elle a rapidement débloqué le compteur des Françaises et a été élue joueuse de la rencontre, avec six buts sur six tentatives et aussi un rôle primordial en défense et dans les remontées de balles rapides.
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En quelques matches, elle est devenue un rouage essentiel des plans d'Olivier Krumbholz pour la quête d'un premier titre continental, dimanche contre la Russie. Au point de prétendre au titre de meilleure joueuse du tournoi, décerné après la finale. "Olivier a essayé de trouver des combinaisons qui pouvaient mettre en valeur des joueuses comme Estelle Nze Minko qui est forte en duel-débordement. Toute l'équipe fait tout en amont pour qu'Estelle soit bonne dans les moments-clefs", souligne Alexandra Lacrabère, arrière droite des Bleues.
"Elles a des qualités assez exceptionnelles"
"Elle est tout à fait incroyable et extraordinaire. Elle apporte énormément sur un poste où l'on a beaucoup de polyvalence", se réjouit Krumbholz, qui peut également compter sur Gnonsiane Niombla, Allison Pineau ou Orlane Kanor dans les mêmes secteurs.
A 27 ans, Nze Minko (1,78 m pour 67 kg) explose au très haut niveau, elle qui était des aventures médaillées aux Jeux olympiques en 2016 à Rio (argent), à l'Euro-2016 (bronze) et au Championnat du monde en 2017 (or), mais dans un rôle un peu moins éminent par rapport à son exceptionnel Euro-2018. "C'est un vrai plaisir de la voir à ce niveau-là. Comme l'ensemble de l'équipe, elle gère particulièrement bien le rythme de ses actions", souligne encore Krumbholz.
La native de Saint-Sébastien-sur-Loire, au sud de Nantes, aurait très bien pu faire de l'athlétisme, du sprint long ou du saut avec sa vitesse et son explosivité. "Sur un but qu'elle a mis contre la Slovénie, on aurait dit un triple saut: elle fait un appui à 18 mètres, un autre à 15, un troisième à 11 et elle finit dans la zone! Elles a des qualités assez exceptionnelles", note ainsi le préparateur physique de l'équipe de France, Pierre Terzi.
"Je suis plus habituée à jouer des matches à enjeux"
Elle s'est tournée vers le hand au début de l'adolescence. Un apprentissage tardif mais une trajectoire vers les sommets rapide, et une première sélection avec les Bleues à l'automne 2013. Hésitante, car très pudique, pour tenter de trouver une explication à sa progression, le fameux déclic, elle avance comme élément de réponse son passage en Hongrie depuis 2016 à Siofok. "J'ai un vrai leadership dans mon club. C'est certain, ça m'a aidé à prendre des responsabilités. Tu es là pour performer, parce qu'on t'a pris pour cela", explique-t-elle.
"Je suis plus confiante, et un peu plus habituée à jouer des matches devant du monde, des matches à enjeu. Ca s'appelle l'expérience, donc je suis un peu plus relâchée", glisse-t-elle. A son entrée dans Bercy en demi-finale contre les Pays-Bas, elle a été l'une des joueuses, si ce n'est la joueuse, la plus applaudie par les 12.500 spectateurs, signe que ses prestations depuis plus de deux semaines ont marqué les esprits.
Pour cette musicienne, qui adore chanter, joue très souvent de la guitare ou du piano et a même composé certains airs, Bercy est le décor rêvé pour briller une dernière fois en finale contre la Russie. Comme une rock-star.
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