Omeyer-Fernandez, miracle à la Française
Une fracture du 4e métatarse et une désinsertion du biceps brachial, Jérôme Fernandez et Thierry Omeyer ont failli rater l'Euro. Un temps, Claude Onesta a cru qu'il devrait se passer de deux de ses cadres. Ils seraient venus s'ajouter aux blessures de Xavier Barrachet, Bertrand Gilles et à la retraite de Didier Dinart. Mais les deux hommes ont finalement récupéré à temps pour faire le voyage au Danemark. Ils devaient au minimum apporter leur expérience à un groupe rajeuni. Ils apportent leur talent, à 36 (Fernandez) et 37 ans (Omeyer).
"Le problème est de savoir à quel niveau je vais être", se méfiait le capitaine des Bleus en décembre, alors qu'il luttait contre la montre pour se rétablir. Même en l'appelant pour l'Euro, début janvier, Claude Onesta n'était pas sûr de l'avenir: "Je n'ai pas d'inquiétude quant à sa blessure ou à son niveau de préparation physique. L'interrogation qui persiste encore porte sur son aptitude à jouer à son meilleur niveau dans le cadre d'une compétition internationale".
Fernandez, capitaine courage et de devoir
Pour le premier match contre les Russes, le Toulousain a passé 12 minutes sur le parquet, suppléant au poste d'arrière droit Valentin Porte, blessé. Une remise en route, ponctuée d'une victoire, avant de hausser le ton face à la Pologne (37 minutes, 3 buts sur 6 tirs), et maintenir le cap contre la Serbie (46 minutes, 2 buts sur 5 tirs). Homme à tout faire, capitaine courage, joueur de devoir, Jérôme Fernandez apporte tout ce qu'il peut. Et il est rentré dans le rang lors du retour de Porte contre la Croatie, dans le premier match du tour principal. Quatorze minutes, un but pour deux tirs et trois passes, l'ombre lui convient aussi, du moment que l'équipe gagne.
Et si la France s'est sérieusement rapprochée des demi-finales, c'est en partie grâce à Thierry Omeyer. Malgré les superbes prestations de Cyril Dumoulin, héros contre la Serbie, et la présence de Vincent Gérard, le portier emblématique de l'équipe a remis le bleu de chauffe. Pendant plusieurs semaines, le staff français a préparé l'Euro sans lui. Mais le Montpellierain est revenu. Une première apparition contre la Serbie, pendant un quart-d'heure, sans grand relief. "Il va falloir que je retrouve mon meilleur niveau et après trois mois d'absence, cela ne se fait pas par magie", disait-il avant l'épreuve. Mais la magie a opéré dès son deuxième match, contre les Croates. Titulaire, Dumoulin lui a cédé la place, et Omeyer est redevenu "Titi", l'homme qui attire les ballons à lui, le gardien qui fait trop réfléchir les attaquants adverses.
Le collectif avant tout
Au bout de sa performance, 11 arrêts sur 23 tirs, une victoire précieuse, et le sentiment du devoir accompli. Mais toujours le sens du collectif: "On a très bien défendu donc cela m'a permis de toucher des ballons derrière et de prendre l'ascendant psychologique sur les tireurs. J'ai essayé de le garder le plus longtemps possible." Mais il sait l'exigence du haut niveau: "L'intensité physique des matches, cela ne se travaille pas à l'entraînement. Même si on bosse physiquement, on se rend pas compte à quel point c'est encore plus dur en match."
Avec un groupe rajeuni, mais des jeunes au niveau (Nyokas, Porte, Anic, Grebille, Dumoulin), des cadres au rendez-vous (N. Karabatic, Guigou, Narcisse, Abalo, Joli, Sorhaindo) et des blessés revenus à temps, l'équipe de France a retrouvé de l'ambition." La défense a vraiment tenu la route, le gardien (Thierry Omeyer ) qui retrouve toutes ses capacités, c'est un super mélange pour aller au bout", glissait même le talentueux Porte, après le match de la Croatie. A une victoire des demi-finales, les champions olympiques refont peur, et rêvent de reprendre la couronne européenne, abandonnée en 2012 en Serbie au profit du Danemark, l'hôte de cette édition. Gagner en terre hostile, la France en a l'habitude. C'est même ainsi qu'elle a écrit sa légende.
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