Matches truqués: un rapport d'experts à charge
"Notre intime conviction est qu'une telle convergence d'indicateurs anormaux, une telle différence d'engagement, de vitesse dans le jeu, notamment entre la première et la deuxième mi-temps du match expertisé est trop curieuse pour être innocente et conjoncturelle", écrivent Nordine Lazaar, docteur en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) et ancien arbitre, et Johann Rage, professeur à l'université de Perpignan, en conclusion de leur rapport remis fin août au juge d'instruction et dévoilé jeudi par le Midi Libre et dont l'AFP a obtenu copie.
Dans leur analyse de cette rencontre de championnat de France de D1 que le MAHB a perdu (31-28), les experts reconnaissent que "la nature" de la question posée par le juge, à savoir "déterminer l'existence ou l'absence d'une carence collective ou individuelle du MAHB lors de la première mi-temps" ne peut "appeler une réponse de la preuve déductive mais seulement inductive". Pour les deux experts, l'analyse du jeu montre "tout autant des ingrédients d'un match raté que les ingrédients d'une carence volontaire".
"Si l'on se place du côté des motifs, le mauvais match du MAHB peut s'expliquer d'une part par la conformation au sens des paris mais d'autre part par le contexte d'une saison durant laquelle le club a quasiment tout gagné au niveau national (...) avec des joueurs fatigués et un effectif diminué", expliquent-ils. Cependant, les deux spécialistes considèrent qu'il y a de "nombreux éléments chiffrés et comportementaux" qui "corroborent un scénario" visant "à conduire à ce que Cesson mène à la mi-temps conformément aux enjeux des paris". Et d'insister sur "nombre d'indices" qu'ils qualifient de "curieux, originaux, atypiques" qui les "interpellent" et qu'ils listent: la "distribution des pertes de balles nombreuses et exclusives sur la première mi-temps", "la faiblesse des contre-attaques", "la passivité de la défense"... "Ce qui nous apparaît de manière certaine, c'est que le MAHB n'a pas mis dans ce match les ingrédients habituels de ses victoires", assènent-ils.
Pour les avocats de Nikola Karabatic, le code de procédure pénale prévoit que la mission d'un expert ne peut avoir pour objet qu'une question d'ordre technique. Or, remarque Me Mickaël Corbier, "les +experts+ font référence à leur intime conviction comme s'ils étaient des juges". "On est dans l'auto-analyse de bistrot, dans l'extra-lucidité, c'est un rapport de cartomanciens", a déploré devant l'AFP Me Corbier. "C'est une expertise paranormale, à la limite du charlatanisme. C'est le plus beau cadeau fait à la défense", a assuré dans le Midi Libre son confrère Jean-Robert Phung. Cette expertise a été demandée par le juge d'instruction après l'annulation par la cour d'appel du précédent rapport réalisé par un autre expert, M. Pierre Sallet.
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