Thierry Omeyer, les adieux d'un géant
L'hommage a été à la hauteur du joueur. Dans une salle de Coubertin qui n'avait que d'yeux que pour son 'Titi", Omeyer a reçu des adieux rêvés. Déjà parce que le PSG l'a emporté, ensuite parce que le gardien a livré une dernière prestation digne de sa carrière. Avec 44% d'arrêts, le vieux lion a bondi comme à ses plus belles heures, et elles furent si nombreuses... Il se permettrait même le dernier luxe d'inscrire un but dans la cage adverse un temps désertée, déclenchant une nouvelle hystérie collective dans les tribunes. Au coup de sifflet final, le portier parisien avait bien du mal à contenir ses larmes, bouleversé par les ovations du public et les hommages de ses coéquipiers qui le portaient en triomphe.
"Ce soir c'est magique. C'est un dernier match qui comptera beaucoup" déclarait le héros de la soirée au journal L'Equipe. Lui qui a décidé de poursuivre sa carrière dans l'encadrement du PSG était dans l'émotion brute ce jeudi soir. Il aura tout le temps de se retourner ensuite pour embrasser du regard l'immensité d'une carrière exceptionnelle. Celle du plus grand gardien de l'histoire, tout simplement.
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10 médailles d'or autour du cou
Consultés en 2010 par la Fédération internationale lors d'un vote sur internet, les fans l'avaient élu N.1 à son poste, toutes époques confondues, avec 93% des suffrages! Un score de dictateur pour ce joueur qui étouffait les velléités de contestation avec ses arrêts spectaculaires, réussis souvent par séries. Son palmarès est gigantesque, le plus riche jamais accumulé dans sa discipline: deux fois champion olympique à Pékin (2008) et à Londres (2012), cinq fois champion du monde, la première (2001) et la dernière (2017) devant son public à Bercy, trois fois champion d'Europe, pour ne parler que de ses succès en sélection.
Dans la génération des "Experts", il est le seul à avoir un total de médailles d'or à deux chiffres, car Nikola Karabatic et Michael Guigou (neuf titres) n'étaient pas encore là quand "Titi" gagna sa première au Mondial-2001, aux côtés de son grand ami Daniel Narcisse (absent du Mondial-2011 sur blessure). Le public de l'Hexagone retiendra surtout ses exploits sous le maillot national. Un vibrant hommage lui a été rendu lorsqu'il a pris sa retraite, en même temps que Narcisse, après sa 358e sélection, lors d'un match de qualification pour l'Euro à Clermont-Ferrand en 2017, 18 ans après la première.
Un monstre aussi en club
Mais Omeyer a aussi été un très grand joueur de club. Fidèle à ses engagements successifs, il n'en a connu que quatre après ses années d'enfance et d'adolescence à Cernay, en Alsace: Sélestat, celui de la formation et des débuts professionnels dans sa région natale, Montpellier, où il est devenu une star, Kiel en Allemagne où il a vécu ses sept plus belles années (dont quelques-unes avec Nikola Karabatic et Daniel Narcisse), puis le Paris Saint-Germain (avec les mêmes) pour sa fin de parcours.
Là aussi, le bilan est colossal: 10 Championnats de France, 7 Coupes de France, 6 Coupes de la Ligue, 6 Championnats et 6 Coupes d'Allemagne et 4 Ligues des champions, la première avec Montpellier en 2003 et les trois autres avec Kiel (2007, 2010, 2012). Son grand regret restera de ne pas avoir pu s'en offrir une cinquième avec le PSG, malgré trois Final Four.
Le regard du tueur
Qu'est-ce qui faisait de lui la référence indépassable à son poste et même au-delà puisqu'il reçut en 2010 l'équivalent du Ballon d'or, que seuls trois gardiens avaient eu avant lui? Certainement pas son physique qui n'avait rien d'exceptionnel ni par la taille (1,92 m quand même) ni par la corpulence dans une spécialité où ses rivaux dépassent souvent les 2 mètres et le quintal pour prendre le maximum de place dans la cage. Bien sûr, Omeyer possédait des réflexes époustouflants et une souplesse impressionnante au service d'une panoplie technique ultra complète. Il avait aussi un sens de l'anticipation déroutant et sa résistance à la pression était exemplaire. Il n'hésitait pas d'ailleurs à user de l'arme psychologique en fusillant du regard les tireurs dépités (on a même frôlé l'incident lors de la finale de la Ligue des champions 2010 gagnée avec Kiel contre Barcelone).
La quintessence du pro
Mais c'est surtout sa méticulosité dans la préparation physique, tactique et mentale et son refus absolu de la défaite (y compris aux cartes contre ses coéquipiers!), qui ont marqué ceux qui l'ont fréquenté. "Psychopathe de l'analyse et du travail" selon Olivier Girault, "grand perfectionniste" pour Jérôme Fernandez, un autre de ses camarades de l'équipe de France, "adepte d'une perpétuelle remise en question" d'après l'entraîneur Claude Onesta, Omeyer a été la quintessence du "pro".
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