Accambray, joker de luxe
A l'automne, les difficultés de Montpellier, englué dans la crise des paris douteux, l'ont amené à prendre encore plus d'ampleur dans son club. Logiquement donc, dans un groupe vieillissant, on attendait donc beaucoup de lui en Espagne. Mais plutôt que d'enfoncer la porte à fond, il est entré à reculons dans le tournoi. La faute à une contracture au biceps qui l'a empêché de montrer son vrai visage lors des premiers matches, contre la Tunisie, l'Argentine ou le Brésil. "Je ne me sentais pas bien dans le le jeu, dans mes courses, dans mes timings", explique-t-il. "Et puis je préfère des matches plus classiques, avec un handball plus académique."
Souvent hasardeux dans les matches de préparation, pris dans la stabilité défensive, il ne s'est pas vu tout de suite offrir le fauteuil de titulaire qu'il convoitait. L'entraîneur Claude Onesta l'a maintenu sur un strapontin, le considérant toujours comme un "joueur d'impact".
La mutation a eu lieu en 8e de finale contre l'Islande (30-28). Confronté aux difficultés de Daniel Narcisse et à la faillite de Jérôme Fernandez, le sélectionneur a dû se retourner vers lui. Encore une fois, Accambray a répondu présent en apportant sa puissance et sa percussion (5 buts). "On va sûrement plus compter avec lui dans la compétition", prévoit désormais Onesta. "Sur le plan offensif, il nous a vraiment apporté. Sur le plan défensif, ça nécessite encore des réglages. Avec le temps de jeu, il va trouver de la confiance et peut-être il va s'améliorer dans ce secteur."
William Accambray (1,94 m - 104 kg) endosse donc volontiers le rôle de joueur puissant qui peut faire la différence en attaque même s'il regrette de ne pas être encore un élément indiscutable dans une équipe où les stars sont si nombreuses. "Je n'aime pas trop le mot joker", dit-il. "Je sens que je peux être un titulaire à part entière de cette équipe. Bon, devant moi il y a quand même des gros joueurs." Le défi est à sa mesure. Il a démontré avec son club qu'il n'avait pas peur des responsabilités. "Cette année, ce n'était pas un contexte facile. C'est quelque chose que je n'avais encore jamais vécu, donc ça fait réfléchir sur certains trucs", raconte-t-il. Mais "les responsabilités je les ai toujours prises", enchaîne-t-il. "Je ne me suis jamais caché. Ce n'est pas ce qui s'est passé cette année qui m'a fait prendre plus de maturité. Je sais ce que je dois faire et j'essaie de m'en acquitter au mieux."
Une analyse lucide qui va sans doute lui permettre de donner encore le meilleur de lui-même en quarts de finale contre la Croatie. Accambray, "joker de luxe", entend encore apporter contre la Croatie sa puissance et son efficacité offensive dont les Bleus auront peut-être bien besoin.
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