Doha : Un début de Mondial somptueux mais "sans effervescence"
Le Qatar a célébré sa jeunesse et sa diversité vendredi, à l’occasion d’une cérémonie d’ouverture fastueuse qui a inauguré par la même occasion le Lusail Multipurpose Hall, l’arène majestueuse de 15.500 places (et de 254 millions d’euros) qui accueillera la finale du Mondial. Les organisateurs ont évidemment mis le paquet pour éblouir les spectateurs, pour beaucoup vêtus de la dishdasha traditionnelle, venus assister au grand show conclu par un gigantesque feu d’artifice à l’extérieur du palais. "C’était vraiment pas mal, reconnaît Manu Roux, envoyé spécial à Doha. C’était un beau spectacle. Tout le monde était là, pas une équipe ne manquait à l’appel : elles avaient d’ailleurs toutes l’obligation d’y assister".
Des Espagnols invités... pour supporter le Qatar
L’émirat a réussi le lancement de ses Mondiaux de handball, haut en couleurs et digne d’une ouverture de Jeux olympiques. En revanche, il risque rapidement de se heurter à ses paradoxes. Trois exemples : une vidéo didactique diffusée à la fin de la cérémonie, destinée à expliquer les règles du handball aux spectateurs (venus voir un match de… handball) ; la salle, quasi-pleine pour le grand show d’avant-match, qui s’est considérablement vidée… lorsque le match a débuté ; le kop qatari, composé en grande majorité de supporters… occidentaux.
"Le Qatar n’étant pas un pays de handball, les organisateurs craignent que les arènes ne fassent pas le plein, précise Manu Roux. Ils n’ont donc pas hésité à faire venir des charters entiers de supporters espagnols, en leur payant le voyage jusqu’à Doha pour remplir les salles, et supporter le Qatar". Autant dire que l’ambiance pour le match entre le le pays-hôte et l’Espagne, le 21 janvier prochain, s’annonce folklorique.
Cette pratique, surprenante, est pourtant loin d’être inédite. Inviter des ‘faux’ supporters pour donner l’illusion d’un soutien populaire, c’est même "très courant dans le championnat qatari et il n’y a rien d’étonnant à ce que cela se reproduise à l’occasion des Mondiaux", explique notre envoyé spécial. "C’est naturel, confirme Gaël Monthurel, ancien international tricolore et entraîneur pendant deux ans des moins de 18 ans d’El Jaish, un club qatari. Dans mon équipe, c’était même normal que les enfants qui viennent faire du handball soient rétribués".
"Complètement perdues au milieu du désert"
A Doha, "pas d’effervescence". "Il y a pas mal d’affiches sur les buildings, quelques visuels, mais on ne croise pas de supporters, assure notre spécialiste hand. Pour l’instant, la compétition ne trouble pas la quiétude de la ville". Les trois salles "hallucinantes" qui accueilleront les rencontres sont, il est vrai, situées loin du centre-ville, parfois complètement perdues au milieu du désert. "Elles sortent au milieu de nulle part : la salle des Bleus (le Duhail Sports Hall), on dirait un champignon du village des schtroumpfs, avec des éclairages un peu fous".
Dans ce décor improbable, les joueurs, à commencer par les hommes de Claude Onesta, restent pour le moment dans leur bulle, même s’ils ont été "amusés par le côté exotique du lieu". Ils se sont échauffés vendredi à l’écart, dans une salle d’entraînement loin du relatif tumulte de Doha où les grues s’agitent, le jour, comme la nuit, et où on posait encore, deux heures avant la cérémonie d’ouverture, des panneaux ‘welcome’ et quelques derniers coups de peinture.
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