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Mondial 2021 : la France ne fait plus partie des favoris

Pour la première fois depuis plus de quinze ans, l’équipe de France, qui entre en lice jeudi soir (20h30) face à la Norvège ne comptera pas parmi les favoris du Mondial (dont le coup d’envoi est donné aujourd’hui avec Egypte-Chili en ouverture). Un quart de finale serait déjà bien, le dernier carré presque inespéré et on n’ose rêver du Graal ni même d’une finale compte tenu des deux premières prestations de l’année, plus que mitigées, face à la Serbie. Espérons qu’en Égypte, les Bleus de Guillaume Gille sauront déjouer les pronostics et rompre avec le pessimisme ambiant pour se rassurer en vue du Tournoi de Qualification Olympique (du 12 au 14 mars), l’échéance la plus importante de ce premier trimestre 2021.
Article rédigé par Manu Roux
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (PATRIK STOLLARZ / AFP)

Ils avaient pris l’habitude d’être tout en haut de la pyramide et de regarder droit devant eux, fiers comme des Sphinx, sans détourner les yeux vers la concurrence. Durant plus d’une décennie, les Bleus, devenus en 2015 seuls recordmen du nombre de titres mondiaux remportés (6 à ce jour), ont régné tels des Pharaons sur la planète hand et fini par banaliser les médailles d’or. Mais le temps passe et la dynastie des Experts est sur le point de s’éteindre. Aujourd’hui, cette équipe de France, apparue si fragile lors de ses deux matches face à la Serbie, semble même plus proche de « tout en carton » que de Toutankhamon. C’est dire...

Le retour de la momie

On pensait que l’année sabbatique, certes contrainte et forcée par la Covid-19, allait permettre aux Bleus de se régénérer et de repartir sur de nouvelles bases en 2021. Las, les deux matches face à la Serbie en qualifications de l’Euro 2022 (conclus par une défaite et un nul) ont ravivé les doutes et les inquiétudes nés lors du dernier championnat d’Europe, ponctué par une élimination historique dès le premier tour et une piteuse 14e place finale. Les changements d’entraîneur, de staff et de capitaine n’ont, pour l’heure, pas eu les vertus du choc psychologique escompté et cette équipe de France se présente en Égypte encore convalescente. Avec ses bandelettes et sans leader.

Nikola Karabatic aurait évidemment dû tenir ce rôle lors du Mondial mais le demi-centre du PSG, après un début de saison très convaincant, s’est rompu le ligament croisé antérieur du genou droit lors d’un match de championnat mi-octobre à Ivry et ne sera de retour qu’après le tournoi de qualification olympique, si les Bleus ont leur ticket en poche pour Tokyo... Des Experts historiques présents en Égypte, ne reste plus que Luc Abalo (36 ans) et Michaël Guigou (38 ans) qui disputent probablement leur ultime championnat du monde. Ce dernier s’est vu symboliquement confier le brassard par Guillaume Gille, en remplacement de Cédric Sorhaindo début novembre lors d’un rassemblement à la maison du handball de Créteil mais, après avoir annoncé dans un premier temps vouloir prendre sa retraite internationale à l’issue des JO de Tokyo 2020, le meilleur ailier gauche de l’histoire des Bleus sait que le temps lui est compté et qu’il n’est qu’un capitaine de transition, à l’influence forcément limitée dans la durée.

Un cadre plus jeune (Valentin Porte, Luka Karabatic, Nedim Remili...) devrait vraisemblablement lui succéder à la rentrée prochaine pour repartir sur un nouveau cycle. Qu’on ne s’y trompe pas : cette équipe de France en reconstruction ne manque pas de talents mais les Dika Mem, Melvyn Richardson ou Ludovic Fábregas aussi brillants soient-ils en clubs semblent encore un peu jeunes pour assurer le leadership en sélection. Conséquence: après avoir pendant de nombreuses années misé sur leur expérience, les Bleus manquent désormais cruellement de tauliers pour prendre les shoots dans les moments décisifs, comme on a pu le voir samedi dernier à Créteil. Et, sans stigmatiser les gardiens, la défense est loin de s’être montrée intraitable lors des deux confrontations face à la Serbie.

Le Caire, nid d'espions

À l’heure où la France avance toujours à tâtons, d’autres nations débarquent en Égypte avec des certitudes et de sérieuses ambitions, bien déterminées à repartir d’Afrique avec le diamant du Nil et la couronne mondiale qui va avec. À commencer par la Norvège, premier adversaire des Bleus, emmenée par un Sander Sagosen dans une forme éblouissante, sur la lancée de la ligue des champions remportée fin décembre avec son club de Kiel. Tenant du titre, le Danemark de Mikkel Hansen et Niklas Landin (lui aussi titré avec Kiel) fait évidemment partie des favoris, même si les champions olympiques ont été capables du meilleur comme du pire ces dernières années. Double championne d’Europe en titre, l’Espagne espère enchaîner avec un titre mondial et/ou olympique. La Croatie, l’Allemagne et la Slovénie seront aussi bien évidemment à surveiller, tout comme le Portugal, nation montante du handball mondial que la France retrouvera selon toute vraisemblance au tour principal (et plus sûrement au tournoi de qualification olympique mi-mars), et l’Egypte, pays organisateur capable de se transcender chez elle.

Reste une donnée importante de ce Mondial repositionné en année olympique et seulement qualificatif pour le prochain championnat du monde, en 2023: les favoris vont-ils tout donner à cette période de l’année au risque de dévoiler leurs intentions avant les JO de l’été prochain, pour lesquels le Danemark (champion du monde) et l’Espagne (champion d’Europe) sont déjà qualifiés, ou brouiller les pistes dans le désert égyptien ? Jusqu’ici, jamais une nation titrée lors du premier rendez-vous majeur de l’année n’a en effet été sacrée par la suite championne olympique. Ce qui finalement pourrait laisser une petite chance à l’équipe de France en Égypte.

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