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Qatar-France: les Bleus au nom de la tradition

Face au Qatar, l'équipe de France de handball va non seulement jouer pour un inédit et remarquable cinquième titre mondial, mais aussi d'une certaine manière, pour défendre les valeurs de la tradition sportive.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
France-Qatar: William Accambray face à Bertrand Roiné (Golden League 2014) (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Les hommes de Claude Onesta participent ce dimanche après-midi (17h15) à leur sixième finale de Championnat du monde. L'enjeu sportif n'est autre que de devenir la première équipe de hand à remporter cinq titres mondiaux. Auteurs d'un parcours sans faute lors de cette compétition, les coéquipiers de Fernandez, Karabatic et Omeyer ont une nouvelle fois dégoûté leurs adversaires. La France n'a jamais autant dominé un sport collectif, comme a pu le faire le Brésil en football, ou les Etats-Unis en basket. Quadruple champions du monde (1995, 2001, 2009 et 2011), mais aussi double champions olympiques (2008 et 2012) et triple champions d'Europe (2006, 2010 et 2014), les Bleus profitent depuis deux décennies de générations dorées. 

Vainqueurs en 2009 et en 2011, les Experts vont-ils remettre le couvert en 2015?

Alors que certains pouvaient encore douter de ses capacités à se sublimer après tant de titres, la génération 2015 à démontré qu'elle n'était pas là pour faire de la figuration. Même après avoir corrigé l'Argentine (33-20) en huitièmes et la Slovénie (32-23) en quarts, certains doutaient encore… Face à l'Espagne, les Bleus emmenés par un Omeyer impérial, ont mis tout le monde d'accord. Tout le monde ou presque. Car depuis peu, le monde du hand vit une révolution.

Un club ou une sélection ?

Avec seulement deux joueurs qataris de naissance, l'équipe du Qatar a plus l'air d'une équipe de club que d'une sélection nationale. Profitant à l'extrême d'une règle de la Fédération de handball autorisant tout joueur n'ayant plus évolué pour sa sélection nationale depuis trois ans à jouer pour une autre nation, l'émirat a donc fait ses emplettes parmi les joueurs internationaux susceptibles de répondre favorablement à un projet ambitieux assorti de propositions financières conséquentes. Après avoir obtenu à la surprise générale l'organisation de ce Mondial 2015, la Fédération du Qatar donc a tout mis en œuvre pour s'offrir une équipe extrêmement compétitive, et même des supporteurs (une soixantaine d'Espagnols "choisis pour assurer l'ambiance").

Aujourd'hui, la "sélection" du Qatar compte des joueurs d'origine syrienne, monténégrine,  égyptienne, bosnienne, espagnole, cubaine, tunisienne, et même française avec Bertrand Roiné, champion du monde avec la France en 2011... 

Faire naturaliser des sportifs de haut niveau ne date pas d'hier, et la France elle-même a parfois "utilisé" ce système pour obtenir de meilleurs résultats (Hongyan Pi en badminton, ou Marlene Harnois en taekwondo par exemple) dans certaines disciplines. Mais la demi-mesure ne fait visiblement pas partie des dirigeants qataris. Autrefois totalement absent des compétitions majeures, le Qatar a en peu de temps réussi la performance de devenir le premier pays non européen à atteindre la finale d'une Coupe du monde. Et si la suprématie des Bleus dans le hand peut agacer, que penser d'une équipe qui a été montée de toute pièce et qui se retrouve en finale de son Mondial ?

Vers la fin des compétitions inte​rnationales

Bertrand Roiné défend courageusement son point de vue en estimant que lui et ses coéquipiers forment "une équipe qui est géniale". Cette équipe est certes géniale, mais elle n'a pas l'histoire, l'âme, et encore moins l'essence d'une sélection nationale. Interrogé sur la question qui fâche, Claude Onesta a lui-même ouvertement dénoncé la situation actuelle. "Je peux me dire que si on tient à ce que les compétitions internationales demeurent, il faut peut-être que la notion de nationalité demeure. Sinon, c'est une espèce de grand bazar où tout le monde fait un peu ce qu'il veut", avait-il lancé. 

Même si l'équipe de France agace, certains de ses plus grands adversaires la soutiendront peut-être pour cette finale, ne serait-ce que pour sauver s'il en est encore temps, un peu de cet esprit, cette tradition du sport tel qu'on l'aime.

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