Thierry Omeyer, symbole de l’hégémonie tricolore
A voir son visage adieux quelques minutes après la finale, on n'avait pas l'impression qu'il s'était écoulé 16 ans depuis son premier trophée en Bleu. Il est néanmoins resté lucide pour résumer cette nouvelle finale. "On a été un peu dépassé au début du match, les Norvégiens trouvaient des bonnes solutions sur les tirs, on savait qu'ils jouaient très vite vers l'avant, mais on ne s'est pas affolé, on n'a pu resserrer en deuxième mi-temps et on a été extrêmement efficace en défense, ça a fini par les user.
On pourrait dire que la boucle est presque bouclée pour Omeyer qui vient avec les Experts de remporter un nouveau titre mondial à domicile, comme en 2001. Alors âgé de 24 ans, le dernier rempart des Tricolores avait connu son premier grand moment. Le sélectionneur de l’époque, Daniel Costantini, l’avait titularisé pour la finale, ce qui reste l’un de ses plus beaux moments en équipe de France avec les JO 2008 et 2012. « Ca fait partie de l’histoire », résume l’intéressé. "C'est difficile de réaliser que j'étais là 16 ans plus tôt. C'est effectivement beaucoup de chemin parcouru. C'est une grande fierté d'être encore là, de décrocher un titre 16 ans après, car 16 ans, c'est énorme !", lâche Omeyer.
Un compétiteur né
Alors la boucle est bouclée ? A l’écouter parler avec autant d’étoiles dans les yeux depuis le début de la compétition, cette question pourrait presque être indécente. Très posé d’ordinaire, Omeyer devient un vrai guerrier dès qu’il entre sur un terrain, et même avec le temps, il a gardé cette hargne qui lui a permis de franchir tant d’obstacle. « Persévérance, envie, plaisir, détermination, solidarité » sont autant de caractéristiques qui lui siéent parfaitement. Le portier du Paris Saint-Germain est un compétiteur né et tant que son corps le lui permettra, il poursuivra sa carrière sportive. "Ce titre, on le voulait absolument. On a pu fêter ça devant notre public, notre famille, nos amis, donc c'est vraiment exceptionnel", a encore déclaré Omeyer après ce nouveau titre.
De son premier rendez-vous avec les Bleus en 1999 contre la Roumanie en qualifications de l’Euro, à cette nouvelle finale, l’inusable gardien a empilé les titres les uns après les autres. Deux titres olympiques, trois couronnes européennes, et donc six sacres mondiaux, Omeyer a participé à toutes les épopées victorieuses des Bleus, à l’exception de la toute première en 1995. Il est d’ailleurs le seul dans ce cas, Daniel Narcisse qui était aussi présent avec lui en 2001, n’ayant pas participé au Mondial 2011.
Sur les traces d’Andreï Lavrov
356 sélections plus tard, il reste ‘Le’ gardien de cette fabuleuse équipe de France. Ce n’est pas pour rien que le public scande son nom à chaque match. Signe que l’homme est un grand champion, il n’a pas rechigné lorsque Vincent Gérard l’a relégué sur le banc lors de la demi-finale contre la Slovénie, puis lorsqu'il l'a de nouveau pris sa place après un début de finale compliqué contre la Norvège. Mieux, Omeyer n’a cessé de soutenir son coéquipier tout au long de la rencontre, contribuant à sa manière, à la belle performance de Gérard. « Que l’on joue 5, 10 ou 60 minutes, tout le monde doit être concerné. L’important c’est qu’à la fin, l’équipe de France gagne », assure-t-il. "Vincent a fait une superbe finale. On est un groupe et quand un joueur rentre sur le terrain, il est performant, et c'est ce qui fait la force de cette équipe", indique le Mulhousien.
"Il faut profiter de chaque instant. Une victoire dans un championnat du monde, c'est toujours un chemin très difficile, et on est allé le chercher. Aujourd'hui il n'y a que de la joie et que de bonheur de pouvoir décrocher un nouveau titre mondial", dit le joueur de 40 ans. Lui qui a découvert le poste de gardien à 12 ans, soit trois ans après s’être lancé dans le hand, Omeyer a parmi ses modèles un symbole de longévité, la légende russe Andreï Lavrov, retraité à 43 ans. "Pour l'instant je ne pense pas à la retraite", a-t-il assuré après la finale. "J'ai envie de profiter pleinement de ce moment là !" Le rendez-vous est donc pris pour l’Euro 2018 en Croatie, où un 11e titre l’attend déjà.
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