Comment retrouver la lumière à Londres ?
Un collectif déliquescent, un manque d'abnégation, des individualités défaillantes et un manque cruel d'innovations pour remédier aux problèmes posés: voilà en gros les carences entrevues lors de ce championnat d'Europe serbe qui aura eu le mérite de faire redescendre les Experts de leur nuage. La France a dominé la planète hand ces quatre dernières années mais on oublie qu'elle n'a pas toujours survolé les compétitions auxquelles elle a pris part. L'apogée de cette équipe fût atteint en janvier 2009 lorsque les hommes de Claude Onesta sont allés conquérir le titre mondial en terre croate face à "l'autre meilleure équipe du monde". Depuis, la marge s'était réduite progressivement et il s'en était fallu de très peu pour que les Bleus subissent la loi des Danois en 2011.
Trop prévisibles
Toutes les nations fortes du hand européen (Serbie, Allemagne, Hongrie, Danemark, Croatie, Suède) ont progressé en décortiquant le jeu proposé par les coéquipiers de Jérome Fernandez et se sont rapprochées des Bleus avant de les doubler cet hiver. Jusqu'au Mondial 2011, le jeu français évoluait toujours d'une compétition à l'autre. En Serbie, il est devenu trop prévisible. "J'ai senti que les adversaires savaient très bien ce qu'on allait faire. On n'avait pas de nouveautés à proposer", a confié l'arrière Xavier Barachet. Hormis contre les Russes, les Experts ont joué par intermittence, bien loin de l'intensité nécessaire affichée auparavant. Les déceptions sont nombreuses mais certaines sont plus préjudiciables que d'autres: Nikola Karabatic a totalement manqué son Euro.
Le joueur de Montpellier a refusé le tir dans des situations qu'il débloquait il n'y a encore pas si longtemps. A l'issue du premier tour, il ne dominait d'ailleurs qu'un seul classement individuel: celui des balles perdues. Thierry Omeyer ensuite. S'il a relevé la tête après une entame catastrophique contre l'Espagne, "Titi" affiche tout de même des statistiques inférieures aux compétitions précédentes (31% de parades). A titre de comparaison, quatorze gardiens du tournoi ont une moyenne plus élevée. La défense n'a d'ailleurs pas été irréprochable, contrairement à d'habitude. Socle sur lequel se sont bâtis les plus grands faits d'armes du hand tricolore, la défense s'est ébréchée. "Nous avons un gros chantier devant nous", reconnaît d'ailleurs sa clé de voûte, Didier Dinart. Quant à la précision aux tirs, elle a clairement manqué de la part des buteurs français (Karabatic mais aussi Guillaume Gille voire Jérôme Fernandez ou William Accambray, grosse déception, excepté son excellent 10/11 aux tirs lors du dernier match face à l'Islande).
Du travail en perspective
Les satisfactions individuelles se comptent donc sur les doigts d'une main: les ailiers Luc Abalo et Arnaud Bingo, le pivot Bertrand Gille en attaque et l'arrière Xavier Barachet, meilleur buteur français (20 buts) après un début d'Euro timide. Heureusement, la prise de conscience est générale. Claude Onesta ne se voile pas la face et tout le groupe France est au diapason. Champions de tout en arrivant en Serbie, d'Europe, du monde et olympiques, les joueurs comme l'encadrement se sont bercés d'illusions. "On pensait y être mais on n'y était pas. Le discours de la mobilisation est resté un discours. Le mental, l'intensité, la détermination, on fait défaut", admet l'entraîneur français, lucide. "Dès qu'un joueur s'est trouvé en échec personnel, j'ai senti un renoncement progressif. Il n'y avait plus personne pour prendre les décisions".
Un tableau guère reluisant mais qui tombe à pic dans la perspective du plus grand évènement qui soit pour un handballeur: les JO. Il reste cinq mois aux Experts pour se préparer dans leurs clubs et retrouver la flamme qui ne peut pas s'être éteinte d'un coup. Glaner un deuxième sacre olympique ferait rentrer cette équipe au Panthéon du sport mondial. Gageons que la réaction d'orgueil sera à la hauteur de l'évènement. De l'ombre à la lumière (de Londres), les Bleus pourraient bien écrire l'été prochain un nouveau chapitre de leur légende.
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