L'argent ne rapporte plus
"C'est un peu frustrant, de finir deuxième du Mondial et d'envisager un TQO très corsé." A l'image de Nina Kanto, une fois les larmes de la déception évacuées, le bonheur de la médaille d'argent oublié, l'équipe de France affichait une frustration de voir ses efforts pas vraiment récompensés. Car au-delà d'un sacre mondial, qui aurait été le 2e de l'équipe féminine après 2003, ce sont les Jeux Olympiques de Londres que visait le collectif. Et tout le monde le savait sur la ligne de départ: seule la victoire donnait un ticket. Cela n'empêche pas l'énervement, affiché avec vigueur par Olivier Krumbholz, l'entraîneur: "On avait un système qui marchait très bien. On avait déjà trop de matches pour les athlètes. Le président de l'IHF a décidé de mettre en place des TQO (Tournoi de qualification olympique, NDLR) et c'est complètement ridicule. Avec la deuxième place du Mondial, on devrait être qualifié directement pour les Jeux. Seulement, comme il n'y a aucun respect à l'IHF pour les joueuses, qu'il n'y a que les histoires d'argent qui comptent, on va être entraîné sur trois jours à jouer notre tête, alors qu'on a fait un Mondial extraordinaire. Tant que ces vieux dirigeants n'auront pas plus de respect pour les joueuses et les entraîneurs, on ne les respectera pas beaucoup non plus."
La Norvège étant patronne de la planète handball (or olympique, européen et mondial entre 2008 et 2011), c'est sa dauphine sur le plan continental, c'est-à-dire la Suède, 9e de ce Mondial-2011, qui hérite de la qualification européenne que les Norvégiennes avaient gagné en 2010. Pour la France, cette 2e place apporte une participation et l'organisation d'un Tournoi de qualification olympique. Elle aura donc l'avantage du terrain, les 25 et 27 mai prochains. Un moindre mal. Mais en face, elles retrouveront, vraisemblablement, les Roumaines (qu'elles ont battues en poule à Sao Paulo), le Monténégro (8e de finaliste) et le Japon (8e de finaliste), dans un groupe relevé et donc forcément incertain quant à sa finalité. Le gain n'est donc pas énorme en conclusion de cette aventure mondiale où les Bleues ont fait tomber les grandes favorites russes, les Danoises et les Suédoises lors de la phase finale.
Pineau face au chrono
Plutôt que de parler de gain, la balance pourrait même pencher du côté d'un déficit. En perdant en demi-finale Allison Pineau, honorée par une place dans le 7 idéal du Mondial, Olivier Krumbholz a perdu son arme fatale pour une longue durée. Et il va devoir regarder sa montre durant les six mois de sa convalescence, en priant que les Bleues soient à Londres et que la Messine soit rétablie pour cette échéance. En ayant retrouvé son niveau, ce qui ne sera pas simple non plus. La demi-centre est devenue l'une des meilleures du monde, et sa présence aura une répercussion directe sur les ambitions des Tricolores. Le TQO se fera sans elle, mais avec Mariama Signate, absente pour la finale et qui aura manqué lors de ce dernier acte.
Et si les Bleues ont craqué en fin de match en finale, encaissant 32 buts des Norvégiennes, elles ont encore prouvé que leur défense était l'un des leurs atouts majeurs. Et que l'attaque était encore en chantier, surtout quand Pineau et Signate ne sont pas là, que Lacrabère est muselée, ou que Deroin est en échec sur son aile. Ce constat négatif est peut-être une pierre de plus dans le jardin de la France, qui a six mois pour combler ces défauts et préparer le TQO, et même huit pour les JO. L'argent n'a peut-être pas rapporté grand-chose aux Françaises au Brésil, mais l'investissement à moyen terme pourrait être beaucoup plus fructueux.
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