Les Barjots ont 25 ans (2/5): Volle / Stoecklin, les Barjots sans frontières
« Tu plaisantes avec Starsky et Hutch mais Zebra 3, c’est ce que je dis tous les jours! » De toutes les reconversions de sportifs, celle de Frédéric Volle, l’arrière gauche des Barjots en Islande, est sans conteste l’une des plus incroyables. À l’issue d’une carrière partagée entre la France, l’Allemagne et le Japon, « Charly » pose finalement ses valises dans le pays de sa femme, le Canada. Après avoir fait mille boulots (charpentier, manœuvre, constructeur de maisons en bois, installateur de cuisines, de comptoirs en béton...), il finit, comme son épouse, par embrasser une profession qui lui permet d’avoir « un emploi du temps plus cool, pour profiter un peu plus du pays et de la région »: celle de policier! Et plus exactement, de maître-chiens dans la brigade canine qui couvre un secteur de 150 kilomètres carrés entre Vancouver et Calgary.
« C’est comme dans les séries américaines. Le mec qui maîtrise les chiens quand les trafiquants de drogue se font arrêter, c’est moi! Et tu verrais les molosses! Pour garder de la came, ils ne prennent pas des chihuahuas, les mecs! Certains font 90 ou 100 kg. Coup de bol, je n’ai jamais été blessé! En tout cas, je sais que ça en fait rire beaucoup en France, que je sois aujourd’hui dans la Police, moi l’ancien Barjot !» En opérations, Fred Volle doit toujours porter un gilet pare-balles mais «pas besoin d’avoir un flingue car derrière, il y a neuf mecs qui assurent la couverture. »
Et pour Charly, devenu incognito au Canada et qui connaît désormais tout, tout sur les toutous, c’est bientôt la quille. En septembre prochain, il prendra sa retraite et partira s’installer un peu plus au Sud, au Panama! «J’ai toujours dit que je prendrais ma retraite à 55 ans et on y arrive tout doucement ! Avec ma femme, on est parti en vacances là-bas et ça nous a tout de suite plu. On a trouvé un petit coin de paradis, acheté un terrain et comme le coût de la vie n’est pas très élevé au Panama, on devrait s’y retrouver. Ma retraite je l’imagine comme ça: me lever, pêcher et partager des moments avec mes amis. » Le premier joueur à avoir franchi le cap des mille buts en équipe de France et qui se souvient « plus des fiestas que des matches» pourra ainsi repenser à celles, mémorables, qui avaient suivi le triomphe du 21 mai 1995. « Je suis surtout très heureux d’avoir été champion du monde à une époque où il n’y avait pas encore les réseaux sociaux et les IPhones. Les images sont toujours dans ma tête et j’ai pu profiter pleinement de ces moments, sans avoir à les partager avec le monde entier ! »
Stoecklin, Thaï patron
Sa place au soleil, Stéphane Stoecklin, lui, se l’est faite depuis maintenant quinze ans dans une autre contrée lointaine. Après une dernière pige à Chambéry, le meilleur buteur de la finale de Reykjavik (8 buts) s’est exilé sur l’île de Koh Samui, en Thaïlande. « On était venu en voyage de noce ici avec ma femme, on y est revenu en vacances et on a décidé d’y passer nos vieux jours, même s’il en reste encore beaucoup! », rigole Stock, élu meilleur joueur de la planète en 1997, deux ans après Jackson Richardson. Le couple Stoecklin, qui a adopté une petite Thaïlandaise, Kalaya, aujourd’hui âgée de 8 ans commence par ouvrir un restaurant «Le Boudoir » puis une résidence hôtelière, le «Jade cottages » transformée depuis en villa géante à louer.
Aujourd’hui, Stock, en vrai cordon bleu est revenu aux fourneaux dans un nouveau restaurant, le « Darling » situé à Fisherman’s village. « J’ai une petite équipe autour de moi, ce qui me permet de ne pas être en cuisine tout le temps. On est en bord de mer avec un petit bout de plage. Les gens peuvent venir manger des tartares de thons, des calamars à la plancha quasiment les pieds dans l’eau. Bon, en ce moment avec le Covid-19, ce sont surtout des locaux qui viennent. Pour revoir des touristes, il va encore falloir attendre six ou sept mois. Mais on prend les choses avec philosophie. Comme dirait le Président Macron: « on se réinvente! » », conclut l’arrière droit des Barjots au fabuleux bras gauche, avant de partir dans un de ses éclats de rire légendaires.
Et même s’il n’est plus revenu en France depuis l’inauguration d’une salle à son nom dans sa ville natale de Bourgoin-Jallieu il y a trois ans, il y a toujours du coq en Stock. «Beaucoup de gens me parlent encore de notre victoire de 1995. Au Jade notamment, on reçoit souvent des Français et on a une vraie clientèle de handballeurs. On est rentré dans la mémoire collective. En fait, je m’aperçois que les gens n’ont retenu que deux titres: le dernier des Experts en 2017 et le premier des Barjots! »
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