Mondial de hand 2023 : France-Danemark, un classique du handball mondial en sept actes
Dans le monde des sports à balle ronde qu'il faut faire entrer dans un but, il n'y a pas qu'en football que la France a pris ses habitudes au plus haut rang mondial. Sur la planète handball, les Tricolores sont la référence absolue du XXIe siècle. Mais les Français partagent depuis dix ans ce statut de géant de la discipline avec le Danemark, meilleur ennemi sportif des Tricolores. Une rivalité amorcée dès les Mondiaux de 2007 et 2009, mais qui a pris une autre dimension depuis douze ans, avec une série d'affrontements souvent électriques lors des grands rendez-vous.
2011 : une finale mondiale... déjà en Suède
Dans la salle de Malmö, à moins d'une heure de Copenhague et donc totalement acquise aux Danois, les Experts, tenants du titre, visent un quatrième sacre mondial. Double champions olympiques et champions d'Europe, les Français sont les grands favoris de cette rencontre face au Danemark, qui dispute là sa deuxième finale mondiale, la première depuis 1967. Mais en ce soir de janvier 2011, le monde découvre Mikkel Hansen et son bandeau. Le Danois fait vivre un calvaire aux Français et à Thierry Omeyer. Poussés en prolongations, les Bleus l'emportent finalement 37 à 35, notamment grâce à un grand Nikola Karabatic (10 buts, 7 passes décisives). Il s'agit alors du quatrième titre consécutif des Experts, au sommet de leur art.
L'œil de Jérôme Fernandez : "C’était le tout début de la grande décennie des Danois, qui avaient pris le relais des Croates pour nous disputer l’hégémonie mondiale. C'était une finale compliquée pour nous, parce que pour une fois Thierry Omeyer n'était pas dans le coup jusqu’aux prolongations. Pour eux, il s'agissait des prémices des grandes années qui allaient suivre. Mais nous, nous savions que c'était déjà une grande équipe avec des joueurs qui pouvaient beaucoup marquer, et qui nous avaient bien fait mal ce jour-là."
2014 : la claque française au Danemark
En pleine transition entre deux générations, la France veut retrouver le goût de l'or après les déceptions de l'Euro 2012 et des Mondiaux 2013. Et pour cela, les Bleus sont face à une mission de taille en finale de ces championnats d'Europe : battre le Danemark, tenant du titre et double vice-champion du monde, dans sa salle, à Herning. Thierry Omeyer est dans un grand soir et écarte les premières tentatives danoises, tandis que la machine offensive tricolore se met en route. A la pause, les Bleus mènent 23 à 16. Ils continuent de dérouler en seconde période, et s'imposent 41-32. La France est championne d'Europe pour la troisième, et dernière, fois de son histoire.
L'œil de Jérôme Fernandez : "Cette année-là, on fait une super finale chez eux. On nous promettait l'enfer, et on a plié le match dès la mi-temps. On a tué le suspense. C'est sûrement la finale la plus aboutie de l'histoire de la France. On avait l'expérience de 2009 en Croatie pour tenir face au public, et on était décidé à entrer fort dans le match pour ne pas les laisser prendre confiance. On a plutôt bien réussi..."
2016 : les Danois détrônent les Bleus
Un an et demi après leur sacre mondial au Qatar, le cinquième de leur histoire, les Bleus sont logiquement les grands favoris du tournoi olympique de l'été 2016, même s'ils ont raté leur dernier Euro, remporté par l'Allemagne face à l'Espagne. Face à eux, la génération dorée danoise ne l'entend pas de cette oreille. Après leur victoire en poule, les Français sont confiants. Mais ils se font surprendre par la nouvelle règle qui permet de faire sortir le gardien pour jouer à 7 en phase offensive. Déboussolés par la maitrise de cette nouveauté par les Danois, les Bleus s'inclinent de deux buts (28-26), à l'issue d'un nouveau récital de Mikkel Hansen (8 buts).
L'œil de Jérôme Fernandez : "Cette première défaite intervient dans un contexte spécial. J’étais consultant, j’ai commenté et j’ai souffert. C'était le tout début de la nouvelle règle du 7 contre 6 en phase offensive. Les Danois nous ont piégés là-dessus. Avec le recul, c'était une sorte de passage de témoin. Derrière ce succès, ils sont devenus très dominateurs à l'échelle mondiale."
2018 : la relève bleue en bronze
Un an après leur sixième titre de champions du monde, acquis à domicile, les Français sont naturellement favoris du championnat d'Europe en Croatie. Mais les ambitions tricolores s'écroulent en demi-finale, face à une démonstration espagnole. Pour accrocher le bronze, les Bleus ont alors rendez-vous avec leur nouvel ennemi danois. Après une bonne entame de match, les Scandinaves subissent la marée française et s'inclinent une nouvelle fois face à la France (32-29).
L'œil de Jérôme Fernandez : "On avait fait entrer la jeune génération pour prendre la relève, on était moins stable. Thierry Omeyer venait d’arrêter. Il a fallu reconstruire patiemment. C’était déjà beau d’être en petite finale pour la France, dans ce contexte."
2019 : l'avènement des Danois
Jusque-là maudit aux Mondiaux, le Danemark vainc enfin le signe indien en 2019, lors de Mondiaux conjointement organisés avec l'Allemagne. Pour enfin goûter à l'or mondial, les Danois doivent de nouveau ferrailler avec les Bleus. Le combat a lieu lors des demi-finales, à Hambourg. Les Français, toujours entre deux générations, prennent ce soir-là une leçon. Le Danemark est intouchable, en mission pour aller en finale des Mondiaux dans sa salle mythique d'Herning. Balayés 38-30, les Tricolores iront chercher le bronze face à l'Allemagne, pendant que le Danemark filera vers le premier de ses deux titres mondiaux.
L'œil de Jérôme Fernandez : "On a compris ce jour là que c’était leur moment, leur époque, alors que nous, on était toujours en reconstruction. Ça annonçait une période moins faste pour nous, mais on était toujours dans le dernier carré quand même. Avec notre jeune génération, on allait accrocher des médailles, ce qui était encourageant. Quand ma génération a succédé aux Barjots, ce n'était pas le cas !"
2021 : la revanche olympique des Bleus
Privés du sacre en 2016 après ceux de 2008 et 2012, les Français disputent une quatrième finale olympique de rang en 2021, aux Jeux de Tokyo. Et le destin fait bien les choses en plaçant le Danemark sur leur route, pour une revanche, quatre ans après Rio. Cette fois, les Bleus maîtrisent les phase offensives à 7, sans gardien. Et si les Danois sont devenus double champions du monde quelques mois plus tôt, la France et sa nouvelle génération arrivent à maturité et croquent l'or à pleines dents, en l'emportant 25-23.
L'œil de Jérôme Fernandez : "Je savais que les Français avaient bien préparé ce retour olympique, malgré les Mondiaux ratés pendant l'hiver. Cette fois, on n'allait pas se faire piéger par la règle des phases offensives à 7. Et le jour de la finale, on a été très bons. La nouvelle génération était arrivée à maturité. Les Danois ont dû trouver qu’on avait reconstruit très vite alors qu’eux avaient toujours la même équipe."
2022 : la rechute tricolore
Dans la foulée du titre olympique, la France arrive confiante au championnat d'Europe 2022, qui sera la dernière compétition des légendes Luc Abalo et Michaël Guigou. Mais les Bleus tombent de nouveau en demi-finale, face à la Suède, future championne. Pour sauver les meubles et accrocher le bronze, la France fait face aux Danois, qui prennent à nouveau leur revanche. Le chassé-croisé entre les deux meilleurs ennemis continue. Le Danemark accroche finalement le bronze, et les Bleus quittent la Hongrie bredouilles.
L'œil de Jérôme Fernandez : "C'était délicat à gérer, le contexte était particulier pour la France, puisque c'était la dernière compétition des légendes Abalo et Guigou. Il fallait gérer ça, mais l'équipe a fait une très bonne compétition. On savait que ce serait compliqué, mais on était encore au rendez-vous avec les trois autres cadors mondiaux : l'Espagne, le Danemark et a Suède."
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