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Mondial de handball : dure, la vie de doublure de Thierry Omeyer...

Même si Vincent Gérard a brillé lors du quart de finale du Mondial face à la Suède, il est dur de quitter l'ombre de Thierry Omeyer.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Vincent Gérard dans les cages des Bleus lors du quart de finale du Mondial contre la Suède, à Lille, le 24 janvier 2017. (CITIZENSIDE/ANN-DEE LAMOUR / AFP)

Il est sorti de l'ombre au meilleur moment. Contre la Suède, mardi 24 janvier, en quart de finale du Mondial de handball, c'est Vincent Gérard, 11 arrêts en 33 minutes de jeu, qui a sauvé la patrie. Celui à qui on promettait le triste sort de cirer le banc en regardant briller l'inamovible Thierry Omeyer a su suppléer le coup de moins bien du titulaire. Un évènement plutôt rare dans la vie des doublures du gardien alsacien. 

"Derrière Omeyer, on récupère les miettes"

Depuis 2001, ils patientent. Thierry Omeyer n'est encore qu'un bizut lors de sa première compétition d'importance, le Mondial 2001, organisé en France, mais tape dans l'œil de Daniel Costantini, le sélectionneur de l'époque, qui l'aligne pendant une petite moitié de la finale contre la Suède, gagnée aux prolongations. Le début d'un règne sans partage dans les cages du handball français : Daouda Karaboué (151 sélections entre 2004 et 2013), Cyril Dumoulin (56 sélections depuis 2009) et désormais Vincent Gérard (26 sélections depuis 2013) se partagent les miettes derrière Omeyer (345 sélections).

Des chiffres de sélections qui cachent des bouts de matchs. Parfois, Daouda Karaboué n'a foulé le parquet que pour stopper un penalty, ou pour faire souffler Omeyer lors des dernières secondes. On peut essayer de compléter par le nombre de tirs subis lors des dernières grandes compétitions. On voit que le malheureux Daouda Karaboué n'a pratiquement pas joué lors de la campagne olympique de 2012, chef-d'œuvre des Tricolores, avec une médaille d'or à la clé.

"Quand on joue derrière Omeyer, on ne récupère que les miettes", avait résumé à Sport24 Claude Onesta, le sélectionneur qui a imposé pour de bon l'Alsacien dans les cages. Fidèle à son habitude de s'appuyer sur un groupe restreint, il choisit le gardien remplaçant en grande partie pour sa capacité à accepter son sort.

Ne pas rêver qu'Omeyer "tombe dans l'escalier"

Daouda Karaboué, éternelle doublure d'Omeyer, ne cachait pas son amertume au moment de raccrocher : "Est-ce que j’ai eu la reconnaissance que je méritais ? Ça fait longtemps que j’ai arrêté d’attendre qu’on reconnaisse mon talent." Vincent Gérard, considéré par beaucoup comme plus talentueux qu'un Cyril Dumoulin, réputé plus malléable, a longtemps rongé son frein en regardant les Bleus à la télévision. Les interviews de Dumoulin transpiraient la résignation : "Jeune, je pensais que la hiérarchie pouvait se bousculer par le travail. Depuis que je m'entraîne avec Thierry en sélection, j'ai changé d'avis..."

Vincent Gérard, meilleur gardien du championnat en 2014 et 2015, mais qui a eu sa chance en 2016 seulement, a mis du temps à reconnaître le bien-fondé de la méthode. Comparez ce que disait Gérard en 2015 – "c’est toujours rageant de s’entendre dire que, peut-être, on est meilleur et qu’on n’est pas pris" – avec ce qu'il confiait à Vosges Matin un an plus tard : "Si le remplaçant a envie de voir le titulaire tomber dans l’escalier, ça ne marchera pas." Claude Onesta, conscient de son potentiel s'était résolu à l'appeler "pour ne pas le perdre définitivement". D'après Eurosport, Thierry Omeyer a même eu son mot à dire dans le choix de son n°2.

Sort cruel de la doublure : Thierry Omeyer croule sous les lauriers, alors que les performances de ses doublures sont vite oubliées. Qui se souvient que Cyril Dumoulin a sauvé les Bleus en demi-finale de l'Euro 2014 contre l'Espagne ? La performance de Vincent Gérard contre la Suède pourrait être éclipsée par un réveil d'Omeyer contre la Slovénie en demi-finale. Il ne manquerait plus qu'après la retraite d'Omeyer (peut-être après le Mondial), les sélectionneurs décident de donner sa chance à une jeune, sacrifiant pour de bon la génération intermédiaire...

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