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Onesta : "On est redevenus humains"

Les handballeurs français sont "redevenus humains" a estimé devant la presse le sélectionneur Claude Onesta qui ne se fait plus d'illusions à l'Euro où les Bleus commencent le tour principal à 18h10 face à la Slovénie, avec pratiquement aucun espoir d'atteindre les demi-finales.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Question : Croyez-vous encore en vos chances dans ce tournoi?
Claude Onesta : "Non. C'est tellement lié aux échecs des autres que je ne préfère même pas l'envisager. Certains dans l'équipe ont dit ce n'était pas fini. C'est vrai qu'on peut toujours dire que si machin perd contre la grand-mère et que l'autre bat son cousin on va peut-être finir par aller en demi-finales. Moi j'ai dit aux joueurs que je me positionnais déjà dans la perspective des jeux Olympiques."

Q: Avez-vous peur que le groupe implose?
CO: "C'est l'enjeu de cette semaine: montrer qu'on est capables de rester solidaires. J'ai clairement dit aux joueurs que toute personne qui se sentirait davantage concernée par des préoccupations personnelles que collectives se mettrait en difficulté à l'approche des Jeux. Quelqu'un qui trahirait aujourd'hui c'est quelqu'un dont ont pourrait se passer par la suite."

Q: Pourquoi tant de difficultés cette année?
CO: "On n'est pas arrivés dans le même état de mobilisation que dans d'autres circonstances. Quelque part ce n'est pas étonnant que ce soit au moment où l'équipe est la mieux constituée que cela nous arrive. Inconsciemment chacun s'est senti conforté par la présence des autres."

Q: La qualité du jeu a été étonnamment faible...
CO: "C'est la première fois que notre jeu n'évolue pas d'une compétition à une autre. On est restés trop timides dans la transformation, on était prévisibles. Il n'y a que le talent individuel qui aurait pu faire la différence. Or cette année ce talent était plutôt fragile."

Q: Parmi les nombreuses défaillances individuelles, celle de Nikola Karabatic interpelle...
CO: "C'est difficile pour lui. Je vous laisse imaginer ce qu'il peut y avoir en plus pour lui dans la dimension personnelle avec la disparition de son père (en 2011), le fait d'être sur sa terre natale, tout ce qui a dû accompagner son approche de la compétition. Ca a créé un déséquilibre qui l'a affecté. Mais je ne doute pas qu'il s'en sorte."

Q: Avez-vous des reproches à vous faire?
CO: "On a raté notre rendez-vous et comme c'est moi qui suis censé organiser les retrouvailles c'est forcément moi qui suis responsable de ce décalage. Cet échec, je l'assume pleinement, mais plus dans l'accompagnement en amont que dans la gestion du tournoi lui-même."

Q: La proximité des jeux Olympiques a-t-elle eu un impact négatif?
CO: "D'évidence les JO sont de loin ce qui nous attire le plus. Dans cette optique ce qui nous arrivé hier soir est peut-être la meilleure des nouvelles. Ca va nous éviter de continuer dans une situation qui est devenue imparfaite et dont on aurait payé la note aux JO. On a construit nos excellents résultats sur un moment de souffrance qui était le Mondial-2007 (défaite en demi-finales). Cela nous avait servi à identifier ce qui nous manquait. J'espère que l'échec d'aujourd'hui sera tout aussi fondateur."

Q: Comment le vivez-vous cet échec?
CO: "Notre notoriété est autant liée à nos médailles qu'au comportement de nos joueurs. Faire en sorte que ce comportement soit identique dans la difficulté est la meilleure façon de démontrer que ça a du sens. C'est maintenant qu'on prend la mesure de ce que les quatre compétitions précédentes avaient d'exceptionnel. On est redevenus humains au yeux du grand public, avec nos doutes, nos fragilités et nos souffrances. Au fond de nous mêmes on l'a toujours été. Sauf que là on l'a démontré."

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