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Onesta: "Retrouver la bonne posture"

Claude Onesta, le sélectionneur de l'équipe de France masculine, livre son analyse de l'échec des Experts au dernier Euro, lors d'un long entretien à L'Equipe. "Ma première mission était d'anticiper les difficultés. Je n'ai pas été assez vigilant et je me suis trompé", dit-il. Révélant que cette compétition "était une hantise" pour lui à quelques mois des JO, il avoue avoir "pris trop de distance avec la fonction" et assure vouloir "retrouver la bonne posture".
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Cela faisait des mois que son fonctionnement chez les Bleus était loué. Champion olympique, double champion du monde, champion d'Europe, Claude Onesta avait le palmarès adéquat pour s'attirer tant de louanges. En prenant du recul pour laisser son groupe prendre des décisions et se prendre en main, tout en laissant beaucoup de pouvoir à ses adjoints, Claude Onesta avait mis en place un fonctionnement participatif qui gagnait sans attiser les rancoeurs. Mais à l'Euro, en Serbie, l'élimination avant même les demi-finales a mis fin au conte de fée. Et ce premier échec depuis 2008, le sélectionneur en endosse la responsabilité: "Cela m'incombe totalement. Ma première mission était d'anticiper les difficultés. Je n'ai pas été assez vigilant et je me suis trompé", dit-il dans un long entretien à L'Equipe.

"J'ai préparé l'Euro avec moins de soin"

De la préparation avec un match à Toulouse et un à Paris la semaine précédant le début de l'épreuve, de l'attitude générale, des joueurs comme du staff, il n'élude aucun sujet. "Notre réussite s'est installée sur l'exigence, l'effort de plus à produire. Cette concentration-là n'était pas au rendez-vous", assène-t-il. "Dans le fonctionnement, on a été moins précis, moins solidaires. Nous nous sommes tous accommodés, les joueurs comme l'encadrement, de nos petits défauts, de nos limites. Et là, je suis le seul responsable." Et d'avouer, de façon lapidaire: "J'ai préparé l'Euro avec moins de soin." 

Dans son désir d'assumer ses responsabilités, Claude Onesta évoque cet Euro, placé à six mois des JO, qui n'apportait rien aux Bleus déjà qualifiés pour l'épreuve olympique, mais s'arrête surtout sur le fonctionnement. "En équipe de France, on vit et on travaille sur un projet commun où chacun tient un rôle participatif. Mais il me faut désormais être plus présent à tous les niveaux de la chaîne afin de pouvoir intervenir de manière plus autoritaire." Et d'affirmer: "Je me suis beaucoup décalé, mais j'ai aussi pris trop de distance avec la fonction. Je cherche juste aujourd'hui à retrouver la bonne posture." Avant de conclure: "Je me suis laissé bouffer par les solliciations même si j'en ai profité, mais j'ai aussi décidé que d'ici aux Jeux, je réduisais de 80% tous mes engagements."

Pas d'arrêt après les JO

En disant cela, le sélectionneur assume que "notre échec impose la nécessité de se reposer des questions", et il estime que son collectif a tout le potentiel pour grandir après cette désillusion: "C'est justement parce que ce groupe a cette capacité d'intervention sur lui-même, cette objectivité, qu'il pourra se régénérer. Et puis, je n'ai pas le sentiment qu'un ressort s'est cassé." L'épisode de l'Euro lui a apporté quelques confirmations: "Dans la défaite, les joueurs ont été digne. Ils ont su rester soudés, mobilisés et ensemble." Reste qu'il demeure attaché à sa philosophie habituelle, ne se donnant pas plus de pouvoir qu'il n'en a: "Cette équipe peut encore très bien faire, mais elle est peut-être arrivée au bout de son aventure. Sur le sujet, ce sont les joueurs qui vont trancher." A la tête de l'équipe de France depuis 2001, Claude Onesta sait que titiller l'orgueil de tels champions est l'un des moyens d'obtenir une réaction.

Et contrairement à ce qu'il pouvait envisager un temps, il ne veut pas abandonner l'équipe de France à l'issue des JO, malgré le départ probable de certains cadres. "L'équipe de France, c'est tout un ensemble de valeurs, qui reposent sur la fraternité, la dignité des comportements, et qu'elle a, surtout, voulu véhiculer. (...) Je n'ai pas envie qu'on oublie au moment où débutera une nouvelle aventure avec d'autres hommes."

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