"Le hockey est le sport numéro un en Russie, ça va les toucher", juge Luc Tardif, président de la Fédération internationale qui a exclu Russes et Biélorusses
Le président de l'IIHF a expliqué vouloir participer à la "pression sportive internationale", déclenchée par plusieurs fédérations depuis lundi.
Lors de ces dernières heures, de nombreuses fédérations ont pris position sur le conflit russo-ukrainien, débuté jeudi 24 février. Dans le sillage de la Fédération internationale de football, la fédération de hockey a annoncé lundi 28 février, suspendre les sélections russes et biélorusses du prochain Mondial. Pour franceinfo: sport, Luc Tardif, le président de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), revient sur cette décision forte.
La fédération internationale de hockey sur glace a suspendu les sélections russes et biélorusses du prochain Mondial. Comment a été prise cette décision ?
Luc Tardif : Nous n'avons pas hésité à prendre ces sanctions inédites et lourdes, même si ce n'est pas de gaieté de cœur que nous sanctionnons de ce fait les athlètes. Mais nous souhaitions participer à cette pression sportive internationale et s'exprimer sur cette situation en Ukraine. Le problème dans pareil contexte, c'est que si nous voulons être efficaces, il ne faut pas être dans la demi-mesure.
Rapidement, nous avons constaté que des accords diplomatiques entre la Russie et l'Ukraine seraient compliqués à mettre en œuvre. La confrontation s'annonce également longue. Nous savions que, quoi qu'il advenait, la situation allait se complexifier, pour des questions de visas et de transport notamment.
A notre échelle, nous avons des échéances sportives qui se dessinent, avec, à court terme, les championnats du monde masculin dans deux mois, puis à moyen terme, le mondial féminin en août prochain, ainsi que les compétitions juniors. Avant tout, notre objectif était de permettre que l'organisation des championnats du monde soit sûre à 100%, dans une ambiance propice au sport.
"Etre solidaires avec l'Ukraine"
Quelques heures avant votre annonce, le CIO a "recommandé" aux fédérations de ne pas autoriser les athlètes russes et biélorusses à participer à leurs compétitions. Avez-vous attendu sa prise de position avant d'annoncer la vôtre ?
Nous avons suivi les recommandations du CIO, mais nous sommes allés plus loin. Il souhaitait qu'éventuellement les athlètes russes puissent participer aux compétitions sous bannière neutre, comme cela a été le cas sur les précédentes compétitions internationales.
Mais nous avons vraiment voulu être solidaires avec l'Ukraine, parce que ce qui se passe là-bas... Les athlètes ukrainiens ne pourront pas jouer lors des championnats du monde à cause de ce conflit. Certains sportifs se battent d'ailleurs actuellement pour défendre leur pays, leur terre. Alors, je ne vois pas pourquoi les Russes et Biélorusses pourraient participer à cette compétition.
Le hockey sur glace est très populaire en Russie. Vladimir Poutine a d'ailleurs été le premier à vous appeler lors de votre élection à l'IIHF en septembre 2021 pour vous féliciter. Dans ce contexte, cette suspension est donc d'autant plus forte.
Oui, il s'agit d'une décision très dure, car le hockey est le sport numéro un en Russie. Même si notre action ne va pas changer la face du monde, je crois toutefois qu'elle va les toucher. On le voit déjà depuis hier, les réactions le montrent bien.
D'ailleurs, la fédération internationale n'a pas été la seule à réagir. Dans le milieu du hockey, des compétitions internationales qui sont organisées en dehors de l'IIHF, et des matchs amicaux, ont aussi été annulés. Il y a donc vraiment une solidarité. Et nous allons continuer à suivre l'évolution de la situation en Ukraine.
"Une seconde salve de sanctions à disposition"
Pensez-vous à d'autres sanctions si la situation venait encore à s'aggraver ?
Oui, nous avons une seconde salve de sanctions à disposition selon l'évolution du conflit. Nous pensons en effet à la suspension de dirigeants, et à retirer aux Russes l'organisation des championnats du monde en 2023, prévus à Saint-Pétersbourg. On se laisse le temps de voir, en fonction de l'évolution du conflit. Nous avons d'ailleurs prochainement un congrès pour statuer sur ce sujet.
Le Comité international paralympique (CIP) doit annoncer mercredi 2 mars sa décision quant à la participation des athlètes russes. Selon vous, la suite logique serait d'exclure ces athlètes de l'événement qui débute vendredi 4 mars ?
Je ne veux pas prendre position, et le CIP est assez grand pour gérer cela. Mais, en effet, il y aurait une certaine logique.
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