Italie : la campagne antiraciste qui fait tache
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A croire que la Ligue italienne de football le fait exprès... Face au fléau du racisme qui gangrène ses stades, les dirigeants de la Serie A ont mis en place plusieurs mesures, des mesures qui sont totalement occultées par une peinture représentant trois singes. L'association anti-discriminations FARE, ainsi que le club de l'AS Rome ont rapidement fait part de leur surprise. "L'AS Rome est très surprise de voir aujourd'hui sur les réseaux sociaux des singes peints sur des tableaux dans ce qui semble être une campagne de lutte contre le racisme lancée par la Serie A. Nous savons que la Ligue veut combattre le racisme, mais nous ne croyons pas que cela soit le bon moyen de le faire", a indiqué le club romain sur Twitter.
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Lundi, c'était avec une certaine forme de satisfaction que l'administrateur délégué de la Lega Serie A, Luigi De Servio, avait présenté le fameux plan de lutte contre le racisme. Parmi les mesures annoncées, est prévue la signature d'une charte par chacun des 20 clubs de Serie A. Mais il y a eu comme du grésillement sur la ligne lorsque la Ligue a présenté un tableau censé lutter contre les actes racistes, tels que les cris de singe.
Signée du peintre italien Simone Fugazzotto, une oeuvre représentant les visages de trois primates doit donc délivrer un message, un message qui s'avère au final incompréhensible. "Avec ce triptyque, j'ai essayé de raconter que nous sommes des créatures complexes et passionnantes, que nous pouvons êtres tristes ou heureux, catholiques, musulmans ou bouddhistes, mais que au fond, ce qui détermine ce que nous sommes, ce sont nos actions et pas la couleur de notre peau", a expliqué l'artiste.
L'incapacité des autorités pointées du doigt
Le peintre a beau détailler sa pensée, son message ne passe pas, du tout. Pour l'association de lutte contre les discriminations FARE, il s'agit tout simplement d'une "mauvaise blague". Dépitée, l'association traduit ce qui semble être au mieux un gros raté, au pire une ignorance voire un mépris du sujet. "Une fois de plus, le football italien laisse le monde sans voix. Dans un pays où les autorités restent incapables semaine après semaine de s'occuper du racisme, la Serie A lance une campagne qui ressemble à une mauvaise blague", a estimé l'association. "Nous espérons que la Ligue va revoir et remplacer ses affiches de campagne", a indiqué Kick It Out, autre association qui milite contre le racisme dans le football, évoquant une campagne "complètement inappropriée".
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Le mal en Italie est sans doute plus profond. Les actes de racisme, en tribunes, sur le terrain ou même sur les plateaux de télévision comme avec ce consultant viré en septembre dernier. La sortie de Luciano Passirani expliquant en direct que "la seule façon d'arrêter (Romelu Lukaku) c'est de lui donner dix bananes à manger" n'était en effet pas passée inaperçue... Pensée lancinante, à peine dissimulée, le racisme dans la société italienne est partout et n'est probablement pas considéré par tous comme une plaie suintante, contagieuse et dangereuse. Il y a deux semaines le Corriere dello Sport affichait en Une un déplorable "Black Friday". En Italie, comme dans bien d'autres pays, il y a encore beaucoup de travail pour éradiquer le racisme.
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