Jacques Chirac: un supporter passionné de sport
Son chien, il l'avait appelé Sumo. Original mais qui en disait tellement long sur la passion de Jacques Chirac. L'ancien Président de la République était un amoureux de ce sport, à la renommée confidentielle en Occident mais tellement populaire au Japon, un pays qu'il avait découvert dans les années 50. En 2005, il se rend dans le pays du Soleil levant pour l'exposition universelle d'Aichi, et en profite pour assister au tournoi de sumo d'Osaka toute une après-midi avant de dîner avec les lutteurs. Selon une anecdote racontée par Libération en 2005, certains l'ont même vu achever un entretien officiel avec un Premier ministre japonais avant de passer au salon avec son invité pour suivre et commenter avec lui du sumo sur Eurosport.
Né à Paris en 1932 dans une famille corrézienne, l'homme politique était admiré pour ses qualités à être au contact du peuple notamment lors des campagnes électorales, certains louant même sa capacité à "caresser le cul des vaches". Le peuple, c'est aussi le sport, et Jacques Chirac aimait les sportifs, aimait cette communion générale autour d'une équipe. Contrairement aux sumotoris, il ne connaissait pas toujours les vedettes françaises. On se souvient de cette scène en 1995, à l'Elysée, où il remet aux handballeurs de l'équipe de France, sacrés champions du monde, la Légion d'honneur. Et lorsqu'il s'adresse à Jackson Richardson, au nom beaucoup plus anglophone que ses origines réunionnaises ne le laissent paraître, il lui dit en anglais: "Congratulations. Do you speak french ?" Car Jacques Chirac était aussi bilingue...
Le sport comme image et comme communion d'un pays
Bien évidemment, toutes les personnes âgées de plus de 21 ans, ont en mémoire cette vidéo de la finale de la Coupe du monde 1998 de football, où le chef de l'Etat tente de prononcer, à l'unisson du public, le nom des joueurs français qui affrontent le Brésil au Stade de France. Avec quelques méconnaissances. Cela ne l'empêchera pas, deux heures après, d'apposer un baiser sur le front de Fabien Barthez, comme le faisait Laurent Blanc avant chaque match durant ce Mondial. Dans l'inconscient collectif, c'est lui qui aura remis la Coupe du monde pour la première fois à un capitaine de l'équipe de France, Didier Deschamps. "Ce 12 juillet 1998, j’étais évidemment heureux d’être le président chargé de remettre à l’équipe de son pays le plus prestigieux des trophées", dit-il à Ouest France. "Mais j’ai surtout ressenti, comme beaucoup de la fierté : cette victoire était celle de la solidarité, et de la cohésion. Elle a montré, une fois encore, que la France avait une âme. Cette équipe, à la fois tricolore et multicolore, donnait alors au monde une belle image de la France dans ce qu'elle a d'humaniste, de fort, de rassemblée." Et lorsqu'il les reçoit à l'Elysée pour la Garden Party, il commet un lapsus en présentant ses invités à la foule en lançant: "L'équipe de France et la Coupe de France, euh la Coupe du monde." Ces gaffes faisaient le bonheur des humoristes, mais n'ont jamais entamé son crédit auprès des sportifs.
C'est aussi lui qui aura remis pendant des années le maillot jaune du vainqueur du Tour de France, sur les Champs-Elysées, l'arrivée de la Grande Boucle se faisant sur les Champs deux ans avant son accession à la mairie. Il sera à l'origine de la construction du Palais omnisport de Paris-Bercy. Un an après son arrivée à la mairie, le PSG accède pour la première fois à la 1re division en football. Il en deviendra l'un des grands supporters. Un soir de défaite en demi-finale de la Coupe de l'UEFA contre la Juventus, il est dans les vestiaires du Parc des Princes pour réconforter les Ginola, Weah, Rai et Valdo, répétant invariablement à chacun: "Si on nous avait dit ça, il y a un an, on aurait signé tout de suite." Séquence devenue culte grâce aux images de Canal + et à l'humour des Guignols de l'info.
Son coup de gueule en finale de la Coupe de France 2002
Amoureux du sport et des sportifs, Jacques Chirac n'en oubliait pas son rôle de président de la République. Et lorsqu'en 2002, pour la finale de la Coupe de France entre Lorient et Bastia, la Marseillaise est sifflée par une partie des supporters corses, il décide de quitter la tribune après avoir dit une phrase désormais célèbre: "Ca siffle, je m'en vais". Claude Simonet, alors président de la Fédération française de football, devra présenter ses excuses au micro du stade, pour une finale dont le coup d'envoi sera retardé après une déclaration en direct à la télévision du chef de l'Etat.
Plus supporter que spécialiste, Jacques Chirac, au long de sa carrière politique dans les plus hautes sphères, aura nommé trois champions olympiques au ministère des Sports: Guy Drut, David Douillet et Jean-François Lamour. En homme politique avisé, il avait eu cette phrase que certains sportifs ont tous un jour ressenti: "Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille."
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