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"Je n'ai pas l'impression de voir du tennis" : quand les fans de la petite balle jaune réagissent à l'UTS

Le tennis a effectué son grand retour ce week-end avec la première manche de l’Ultimate Tennis Showdown (UTS). Organisé par Patrick Mouratoglou, ce tournoi totalement inédit est une petite révolution dans le monde du tennis. Mais les jeunes fans de tennis, la cible de l'entraîneur de Serena WIlliams, ne sont pas vraiment convaincus par cette expérience et estiment que le monde de la petite balle jaune n'a pas besoin de tous ces changements.
Article rédigé par Antoine Limoge
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Patrick Mouratoglou n'a pas fait les choses à moitié. Le circuit ATP et WTA étant encore à l'arrêt à cause de la pandémie de Covid-19, l'entraîneur de l'Américaine Serena Williams, a donc organisé, grâce à ses structures du côté de Nice, un tournoi exhibition rassemblant quelques pointures du circuit (Tsitsipas et Gasquet notamment). Ce dernier n'est pas qu'une simple compétition amicale comme on peut le voir parfois. Non cet évènement est une vraie révolution au sein de ce sport. Les règles et le format changent totalement. Si vous voulez tout savoir en détails, rendez vous juste en dessous avec notre article de la rédaction de france tv sport. 

Au bout des deux premiers jours de compétition, l'Otni (objet tennistique non identifié) qui n'a pas vraiment ravis les fans. Patrick Mouratoglou voulait rajeunir le public de ce sport mais visiblement ils sont encore loin d'être convaincus. 

"Je ne reconnais pas le tennis" 

Charlotte, réceptionniste du côté de Nancy dans la vie de tous les jours, est une grande fan de tennis. Son compte Twitter "Madame Tennis" est bien entendu un coin pour débattre sur cet évènement. Et pour la jeune fille de 27 ans, ce tournoi est "une bonne chose pour la reprise mais il ne doit pas s'étaler dans le temps". "Ça fait beaucoup trop jeux vidéos. Tout d'abord le système de points. C'est la base du tennis et il veut tout changer. Son idée c'est d'enlever tout le suspens et tout le charme du tennis", s'emporte-t-elle. 

Un avis partagé par beaucoup. Lilian, 20 ans, souhaite surtout que ce tournoi ne soit qu'en exhibition. "Tant qu'il ne prend pas part au circuit ATP, ça reste une bonne idée. Mais il ne faut surtout pas l'élargir. Ce serait une grosse erreur", suggère-t-il. "J'ai peur pour mon sport si d'autres idées comme celle-ci venaient à émerger", s'alarme l'étudiant en histoire. C'est l'inquiétude de beaucoup de fans de tennis qui n'ont visiblement pas reconnus leur sport favori en regardant les matchs de l'UTS. 

"Je n'ai même pas regardé un match en entier", confie Constance, ergonome mais aussi auto-entrepreneuse dans le monde du tennis. La gérante du compte "Jeu, Set et Maths" est quelque peu décontenancée par ce nouveau format. Surtout c'est l'incompréhension qui domine. "Ça dénature totalement l'âme même du tennis. On perd l'ADN du tennis. Mes plus beaux souvenirs sont souvent des matchs très longs de 3-4h où les deux joueurs s'arrachent sur de nombreux points. Là on assiste à des matches de 40 minutes où il n'y a aucun suspens. L'aspect physique est remplacé par le côté stratégique des cartes", assène-t-elle. 

Trop de changements tue le changement

Patrick Mouratoglou se serait-il précipité ? C'est l'avais majoritaire qui revient chez les pratiquants et suiveurs du monde du tennis. "Il a voulu modifier l'essence même de ce sport. Pour les puristes comme moi c'est terrible ce que veut essayer de faire monsieur Mouratoglou. Il ne peut pas aimer le tennis comme cela ce n'est pas possible. Tout ce qui fait le charme de ce sport, il a décidé de l'enlever et de les remplacer par du show", déplore Julien, pratiquant de tennis dans la région parisienne depuis plus de 20 ans. 

"Je suis une amoureuse de l'histoire du tennis et ce tournoi c'est tout l'inverse de ce que j'aime", reprend Constance. "On peut perdre 5-0 et remporter un set. Dans ce format c'est littéralement impossible. Finies les remontadas par exemple", constate la jeune entrepreneuse de 26 ans. "Patrick Mouratoglou a une vraie volonté de changement. Mais il n'y en a pas besoin. Il trouve que les jeunes ne regardent pas assez le tennis. Tout d'abord, j'en doute et deuxièmement je pense que nous, les jeunes, on se retrouve totalement dans le "vrai tennis" pas dans le show que veut exercer Mouratoglou", ajoute-t-elle. 

Pour Stéphane alias "Service à la cuillère" sur Twitter, l'instigateur de l'UTS est allé beaucoup trop vite. "Il a voulu tout changer en un claquement de doigts. C'est beaucoup plus compliqué que cela. Trop de changements tue le changement. Et là il y a beaucoup trop de choses en même temps." "En plus quand j'ai vu Benchetrit - Popyrin, j'ai failli en tomber de ma chaise. Le mec balance le dernier point avec une balle en l'air parce que son adversaire n'aura pas le temps de la rattraper c'est n'importe quoi", s'énerve-t-il légèrement. Pour autant, l'ingénieur informatique de 31 ans souligne "l'initiative de Patrick Mouratoglou qui essaye des choses. Au moins il a des idées et il cherche un nouvel élan au tennis mondial et ça on ne peut pas lui reprocher".

Tout n'est pas à jeter 

Néanmoins ces fans trouvent qu'il y a du positif et certains points mis en avant dans l'Ultimate Tennis Showdown méritent réflexions au sein du tennis mondial. Tout d'abord la réduction du temps de service entre chaque point, de 25 à 15 secondes, est une bonne chose pour Charlotte, alias "Madame Tennis". " C'est surement l'un des seuls points positifs pour ma part. Il est vrai que parfois les joueurs/ joueuses mettent beaucoup trop de temp à servir et ça peut vite devenir agaçant. En plus cette règle permettrait de réduire quelque peu la durée de certaines affiches", affirme-t-elle. 

Le deuxième point que les amoureux du tennis souhaitent voir perdurer est le système de coaching. En effet lors de l'UTS, joueurs et entraîneurs peuvent se parler beaucoup plus librement. "C'est un point à retenir pour les instances du tennis mondial. Je pense que cela peut être très intéressant si la réglementation est bonne. Il ne faut pas que ça devienne une conversation entre les joueurs et leurs coaches mais on se rend bien compte que ces derniers peuvent avoir un rôle beaucoup plus important à jouer", note Lilian, l'étudiant en histoire. 

" S'il y a un point positif à retenir de l'UTS, c'est que pour un premier tournoi post confinement, tout s'est très bien déroulé. Toutes les mesures sanitaires liées au covid-19 ont été respectées et ça n'a pas entravé les performances tennistiques des joueurs", salue tout de même Stéphane. Patrick Mouratoglou pourra donc se ravir d'une chose : tout n'est pas à jeter dans son UTS révolutionnaire. 

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