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"Je suis inquiet" pour les joueurs au chômage, explique le directeur du stage de l'UNFP FC Pascal Bollini

Dimanche dernier, l'annulation de l'UNFP FC (un stage d'intersaison destinés aux joueurs au chômage) a été annoncé par le syndicat des joueurs en raison du contexte actuel. Cette saison, ces joueurs en rupture de contrat de travail devront donc se débrouiller seuls pour se trouver un nouveau club et se maintenir en forme physiquement. Pour Pascal Bollini, passé par l'UNFP FC en 1994 en tant que joueur et directeur du stage depuis quinze ans, le contexte actuel est inquiétant pour ces footballeurs.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Pour la première fois depuis sa création en 1990, le stage de l'UNFP FC n'aura pas lieu. Comment vous sentez-vous après l'annonce faite dimanche ?
Pascal Bollini :
"D'abord il faut savoir que le stage, on le prépare dès le mois d'octobre, donc c'est un travail sur dix mois. C'est toujours un plaisir de participer à l'UNFP FC. Je suis très déçu mais la raison l'a emporté, avec des choses très graves et on s'est rendu compte qu'on ne peut pas mettre en sécurité les joueurs."

Justement, quelles sont les spécificités du stage qui font que vous ne pouviez pas mettre les joueurs en sécurité ?
PB :
"C'est surtout par rapport au protocole qui est imposé aux clubs de football. Le problème, c'est qu'à l'UNFP FC, il n'y a pas de médecin référent. On est un club qui accueille des joueurs le temps qu'ils participent à des matches amicaux, qu'ils fassent des essais dans une équipe ou qu'ils re-signent un contrat, mais on n'est pas en mesure d'assurer leurs sécurité quand ils font des allers-retours à travers la France pour des essais justement. Mon groupe est très variable : quand un joueur signe, un autre le remplace. Et automatiquement, le protocole sanitaire rend les choses trop compliquées avec l'arrivée de nouveaux joueurs."

Est-ce que l'absence de ce stage va être un manque pour les joueurs au chômage ?
PB :
"Oui, très certainement. C'est une manière de se préparer physiquement, et pour les footballeurs, les aspects terrain et retrouver un groupe, c'est très important. Et c'est ce qui nous anime à l'UNFP FC. C'est l'idée première, de pouvoir retrouver une cohésion, qu'ils n'auront donc pas cette année. La difficulté qu'ils vont avoir, c'est de réussir à s'entraîner seuls et réussir à ne pas sombrer mentalement."

Combien de joueurs vous apprêtiez-vous à recevoir cet été ?
PB :
"Habituellement, on contacte les joueurs entre quinze jours et trois semaines avant la fin des championnats. Trois semaines avant le début du stage, on a un pré-liste d'une centaine de joueurs prêts à participer au stage. Mais aujourd'hui, dans la situation actuelle, on a contacté les 200 joueurs qui sont dans notre base de travail. On les a appelé pour faire un point avec eux et prendre de leurs nouvelles et savoir s'ils étaient prêts à participer à un stage. Plus de cinquante d'entre eux étaient partants."

Vous expliquiez que ce stage est un travail sur plusieurs mois. Vous aviez eu l'occasion de passer dans les clubs pour sensibiliser les joueurs sur la fin de contrat et évoquer le stage de l'UNFP FC ?
PB :
"Oui, sauf que cette sensibilisation, on la fait généralement entre janvier et fin mai. Le problème, c'est qu'avec le Covid-19, on n'a pas pu aller dans tous les clubs. C'est un manque de ne pas pouvoir voir les joueurs, de pouvoir leur expliquer les choses et de pouvoir les écouter."

Malgré l'absence de stage, allez-vous essayer de maintenir un contact avec ces joueurs au chômage, pour les accompagner d'une manière ou d'une autre ?
PB :
"On va d'abord rappeler tous les joueurs au chômage qui étaient intéressés par le stage. L'idée est de leur faire une proposition de programme de réathlétisation imaginé par notre préparateur physique. On partira sur un programme de quinze jours. Et ensuite, on proposera un accompagnement avec le préparateur mental pour les joueurs qui le désirent. L'idée est de les accompagner coûte que coûte d'une autre façon que le stage."

Avec la crise actuelle, les clubs vont probablement devoir réduire les effectifs. Avec l'absence de stage, avez-vous des doutes sur la capacité des joueurs au chômage à rebondir dans une nouvelle équipe ?
PB :
"Oui je suis inquiet. Je suis toujours inquiet surtout qu'on n'a aucune visibilité aujourd'hui. Personne n'a de visibilité sur ces joueurs en fin de contrat, ils ne peuvent pas faire d'essais, les clubs vont devoir faire des choix. C'est vrai qu'on se pose des questions avec la baisse des budgets parce que les clubs vont être très vigilants quand ils vont signer de nouveaux joueurs. On s'adaptera, avec l'idée pourquoi pas de faire un stage en novembre si on voit qu'il y a beaucoup de joueurs sur le carreau. Mais toujours en faisant attention aux règles sanitaires. Mais c'est vrai que ça fait peur."

Est-ce que vous allez venir en aide à ces joueurs, en vous mettant par exemple en contact avec les clubs ?
PB :
"Oui, c'est sûr qu'on va communiquer. On va envoyer la liste des joueurs libres aux clubs, essayer d'être en relation avec eux. Au sein du staff de l'UNFP FC, on a tous des contacts avec des clubs, donc on va échanger avec eux pour voir à quels postes ils peuvent chercher des joueurs. On va être plus à l'écoute que d'habitude, c'est certain, on va intensifier nos relations avec les clubs."

Et pour les joueurs qui se retrouveront au chômage fin juin, quel est le message que vous allez leur faire passer ?
PB :
"Le message, c'est surtout de continuer à s'entraîner dans cette période difficile. Ils peuvent bien évidemment faire appel à l'UNFP pour ceux qui ont des questions, qui sont perdus. Ils peuvent revenir vers nous pour qu'on puisse les accompagner mentalement. Ce sera très important, parce que cela fait plusieurs années qu'on a fait évoluer ce stage pour accompagner les joueurs avec un préparateur mental, qui soulève des peurs et qui permet aux joueurs de se libérer. Donc l'idée c'est vraiment de continuer à s'entraîner, même si c'est plus facile à dire qu'à faire. Et de continuer à y croire."

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