Jeux olympiques : les Londoniens craignent le revers de la médaille
Budget qui explose, risque de congestion dans les transports publics... Après avoir lu cet article, vous ne regretterez plus que les JO de cet été ne se déroulent pas en France.
Tout Français un tant soit peu supporter des Jeux olympiques de Paris 2012 a en mémoire les images de joie de la délégation britannique, en 2005, après l'annonce de l'attribution des JO à Londres. David Beckham qui se jette dans les bras de Tony Blair, sous le regard noir de la délégation parisienne, Bertrand Delanoë et de David Douillet en tête, qui n'ont pas tardé à répandre la théorie du complot dans les médias français. Paris outragé, Paris martyrisé, mais Paris libéré... d'un tas d'embêtements. Depuis le début de l'année, les polémiques et les mécontentements enflent dans la capitale britannique, au point qu'on serait bien en peine de trouver un "effet JO" comme il y avait eu un "effet Coupe du monde" en France en 1998. Non, vraiment, les Jeux olympiques de Londres, c'est Peur sur la ville puissance sept.
1 - Peur sur les transports
C'est LE gros sujet de préoccupation des Londoniens qui ont décidé de continuer à travailler cet été, voire de prendre les transports en commun. Les déclarations rassurantes des responsables du métro de Londres ont été accueillis avec scepticisme : la Jubilee line, qui relie la plupart des sites olympiques, ne détient-elle pas le record des pannes et autres désagréments en 2011 sur le réseau de la capitale ? Les publicités incitant les voyageurs réguliers à utiliser des lignes peu empruntées ou à louer un vélo pour faire de la place aux touristes laissent craindre le pire. Le pire, c'est trente minutes d'attente sur le quai du métro pour monter dans la rame. Ah, on allait oublier, les syndicats menacent de faire grève pour obtenir des hausses de salaires. Si tout se goupille mal, ils feront grève... en même temps que les taxis, qui réclament eux, le droit d'augmenter le prix de la course de 22%.
2 - Peur sur la mairie
Les Jeux olympiques commencent en août, mais pour le maire de Londres, Boris Johnson, la vraie échéance a lieu le 3 mai, date des élections municipales. Du coup, en attendant, le maire de Londres cherche à étouffer dans l'œuf la crainte de la pagaille des transports, qui relève directement de sa responsabilité, note le quotidien britannique The Guardian.
3 - Peur sur les sponsors
Dow Chemichal, vous connaissez ? Cette firme de produits chimiques a fait parler d'elle en 1984, lors de l'explosion de son usine à Bhopal en Inde. Une catastrophe humanitaire (15 000 morts) et environnementale qui lui vaut toujours de solides inimitiés. La levée de boucliers a été quasi-unanime quand il a été rendu public que Dow allait sponsoriser l'enceinte du stade olympique. Finalement, cette enceinte ne portera pas son nom. "C'était règlé dès le départ", expliquent les autorités... prises en flagrant délit de rétropédalage.
4 - Peur sur les locataires
Vous louez un appartement à Londres ? Danger. D'ici aux Jeux olympiques, ne dormez que d'un œil. De plus en plus de propriétaires congédient leurs locataires sans ménagement, profitant d'une législation britannique très souple, pour louer leurs mètres carrés à prix d'or aux journalistes et aux supporters.
5 - Peur sur les comptes publics
Les chiffres qui font peur :
- 8 milliards d'euros ont été dépensées pour bâtir les stades
- 644 millions ont été investis pour la sécurité. Et oui, on s'est brutalement rendu compte, en décembre, que 10 000 agents ne suffiraient pas à sécuriser la ville pendant deux semaines, et qu'il en faudrait plutôt 23 000, comme le fait remarquer The Independent.
Au total, le budget initial a explosé : 13 milliards d'euros, soit quatre fois plus que ce que le comité d'organisation avait annoncé lors de sa candidature (environ 3 milliards).
Rappelons qu'un des critères pour obtenir les Jeux était de présenter un budget raisonnable. Mais rassurez-vous : devant la polémique causée par l'explosion des coûts, les pompiers de Londres ont décidé de faire appel à des retraités pour être prêt à éteindre tout incendie sur un site olympique plutôt que de recruter. On les surnomme déjà "l'armée des papys".
6 - Peur pour la planète
Officiellement, les JO londoniens seront "verts" et "durables". Pourtant, le partenaire automobile ne fournira pas de véhicule électrique et, on l'a vu, l'un des principaux sponsors de l'événement est responsable de la catastrophe de Bhopal. Signalons au passage que les objectifs d'utilisation d'énergies renouvelables ont été divisés par deux et que le projet d'éolienne en plein Londres, symbole de cette belle volonté, a été abandonné.
Du coup, le site de la commission pour la durabilité des JO de Londres est surtout un bel outil de communication, avec des enfants qui soufflent sur des pissenlits devant un ciel tellement bleu qu'il doit être photoshopé. Parce qu'au-dessus de Londres, en juillet-août, il plane plutôt un beau nuage de pollution qui n'a pas grand chose à envier à celui de Pékin. Et il n'est pas prévu d'arrêter toutes les activités polluantes pendant la quinzaine olympique, comme ce fut décidé en Chine en 2008.
7 - Mais pas de peur de pénurie de capotes au village olympique
La célèbre marque de préservatifs Durex a annoncé qu'elle fournissait gratuitement ses produits au village olympique. Le tout avec une pub on ne peut plus classe. Pour la petite histoire, il vaut mieux prévoir large : le comité d'organisation des JO de Sydney, en 2000, n'avait commandé "que" 70 000 préservatifs en début de compétition, pour 10 000 athlètes présents. Les stocks ont été rapidement épuisés, et il a fallu en demander 20 000 supplémentaires. Cette année, Londres en distribuera 150 000 aux athlètes. De quoi permettre à chaque champion deux rapports sexuels par jour.
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