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"Ce petit doigt me permet de vivre des aventures extraordinaires", raconte la championne paralympique Marie Bochet

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Article rédigé par franceinfo
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Avec huit médailles d'or au total, la skieuse Marie Bochet, porte-drapeau à Pyeongchang, est la sportive tricolore la plus titrée en paralympiques hivernaux. À peine rentrée en France, mardi, elle était dans le studio de franceinfo. 

Elle est la reine des Jeux paralympiques. Marie Bochet est revenue de Pyeongchang, en Corée du Sud, mardi 20 mars, avec quatre médailles d'or en ski alpin debout, égalant sa moisson de Sotchi en 2014. À 24 ans, la skieuse d'Albertville (Savoie) est la sportive française la plus titrée de l'histoire des Jeux paralympiques hivernaux. Elle a accordé sa première interview sur le sol français à franceinfo.

"Pour l’instant, j’atterris doucement, confie la championne qui ne réalise pas encore qu'elle est entrée dans l'histoire. J’ai mes quatre médailles dans les poches et pour l'instant il n'y en a que quatre dans la tête. Je n’ai pas encore fait l’addition avec celles de Sotchi. Je ne me rends pas vraiment compte encore."

Quatre médailles d'or sur cinq courses

Marie Bochet a remporté quatre médailles sur la neige sud-coréenne (descente, super-G, slalom géant et slalom). Elle en visait cinq mais cet espoir a été douché par une sortie de piste dans le super-combiné. "Je savais de quoi j'étais capable et, clairement, les cinq étaient atteignables, assure-t-elle. J'avais des ambitions que je n'avais pas trop voulu afficher pour ne pas être déçue."

Le véritable objectif était de ne vraiment pas être déçue et de n'avoir aucun regret.

Marie Bochet, championne paralympique de para ski alpin

à franceinfo

"Aujourd'hui, je rentre de Corée avec cet objectif atteint, assure Marie Bochet. Même si je tombe au super-combiné, j'avais vraiment bien skié, c'était une faute de vitesse. Je n'ai pas de regret." Sa troisième médaille d'or, après l'échec dans le super-combiné, a d'ailleurs été saluée par Emmanuel Macron sur Twitter.

La jeune championne olympique revient surtout avec de belles images et d'intenses souvenirs, notamment "l’entrée du stade avec le drapeau et la délégation" française qui la suivait. "J’étais porte-drapeau, c’était un moment unique, que j’ai vécu et que je ne revivrai pas je pense, c’était exceptionnel", raconte-t-elle.

"Je fais moins de choses avec ma prothèse"

Marie Bochet, le dit et le répète à ceux qui l'interrogent : son handicap "est une chance". Elle est née avec une agénésie, une atrophie du bras gauche. Elle n'a qu'un doigt au niveau du coude. "Je ne l'ai pas vécu comme un handicap parce que je n'ai toujours connu que ça : j'ai vécu ma vie avec six doigts depuis mes premières heures", rappelle-t-elle. Ce n'est pas un handicap, au contraire. Mettre une prothèse pour faire du ski est plus un handicap : je me rends compte que je fais moins que choses dès que j'ai ma prothèse et c'est la première chose que j'enlève quand je finis le ski, avant mes chaussures. Elles ne sont vraiment pas confortables !"

Finalement, ce petit doigt me permet de vivre des aventures extraordinaires. Oui, mon handicap est une chance.

Marie Bochet, championne paralympique de para ski alpin

à franceinfo

La porte-drapeau se voit-elle porte-parole du handisport (regroupant les déficiences visuelles, auditives et motrices) ? "Dès qu'on est sportif, médaillé d'or, on a ce petit chapeau qui s'ajoute, mais cela se fait assez naturellement, raconte Marie Bochet Je pense que tous les sportifs des Jeux paralympiques sont des personnes qui ont accepté leur handicap et qui sont de véritables ambassadeurs des bienfaits du sport pour les personnes en situation de handicap."

Médiatisation des Jeux : "On est sur la bonne voie"

Cette année, les Jeux paralympiques ont touché plus de 14 millions de téléspectateurs, selon les chiffres de France Télévisions qui a proposé 85 heures de directs et de programmes dédiés. Ce résultat, inférieur à celui de Sotchi en 2014 (17 millions), peut s'expliquer par le décalage horaire défavorable. "On arrive petit à petit à vraiment être visible, se félicite Marie Bochet. Je pense qu'on est plutôt sur la bonne voie. En tout cas, nous on donne tout ce qu'on a, sur les skis et sur les boards."

On s'est vraiment donné pour faire vivre de belles émotions. Je crois que les Français ont bien joué le jeu, ont bien suivi et ont bien vibré et on est fier de ça.

Marie Bochet, championne paralympique de para ski alpin

à franceinfo

La championne savoyarde espère que cette médiatisation touchera bientôt les autres compétitions handisport, elle qui compte 15 titres de championne du monde, quatre Globes de cristal de Coupe du monde et qui a reçu, en 2014, le prestigieux trophée Laureus World Sports Awards, dans la catégorie des sportifs avec handicap. "C'est vrai que ça pourrait être une superbe évolution qu'on ait un peu plus de suivi tout au long des saisons pour que les Français connaissent les sportifs avant les Jeux et qu'ils puissent suivre un petit peu plus facilement ensuite", confie Marie Bochet.

Sera-t-elle aux prochains Jeux, en 2022 à Pékin ? Rien n'est décidé. La star des bleus dit vouloir "prendre le temps de savourer ces Jeux, prendre un peu de recul, [se] poser les bonnes questions pour la suite".

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