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JO 2016/ nage en eau libre : trois questions sur la disqualification d'Aurélie Muller

La nageuse, entraînée par Philippe Lucas, a obtenu quelques minutes la médaille d'argent, avant d'être disqualifié pour obstruction.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La nageuse Aurélie Muller lors des dix kilomètres de nage en eau libre aux Jeux olympiques à Rio (Brésil), le 15 août 2016. (RAMIL SITDIKOV / SPUTNIK / AFP)

C'est un coup dur de plus porté à la natation française, déjà mal en point aux Jeux olympiques à Rio (Brésil). Aurélie Muller, qui a cru le temps de quelques minutes avoir décroché la médaille d'argent au bout du 10 km de nage en eau libre, a finalement été disqualifiée, lundi 15 août. Francetv info revient en trois questions sur cette nouvelle désillusion pour les nageurs tricolores.

Pourquoi Aurélie Muller a été disqualifiée ?

Dans les derniers mètres du sprint final dans les eaux cariocas mouvementées, Aurélie Muller est au coude-à-coude avec l'Italienne Rachele Bruni. 

Déportée vers la bouée, l'élève de Philippe Lucas se replace pour pouvoir toucher la plaque et stopper le chronomètre. Elle met alors sa main sur la tête de Bruni, gênant son adversaire. C'est ce geste malheureux qui lui vaut, quelques minutes plus tard, une disqualification par le jury, la privant ainsi de sa médaille d'argent.

"Elle m'a plongé la tête sous l'eau", a dénoncé l'Italienne devant la presse. Bruni récupère ainsi la médaille d'argent , derrière la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal, partenaire d'entraînement de la Française et victorieuse de la course. La Brésilienne Poliana Okimoto hérite, elle, du bronze. Encore à proximité du podium au moment de la cérémonie protocolaire, Aurélie Muller, un temps prostrée, fond en larmes.

Comment l'équipe de France défend sa nageuse ?

Après la disqualification de sa nageuse, l'équipe de France a annoncé avoir déposé une réclamation auprès du Comité international olympique (CIO). Et ses dirigeants ont mis en cause l'organisation de l'épreuve.

"Aurélie a été obligée de se déporter vers la droite (...) parce que la corde du chenal est amarrée sur le boudin à l'extérieur, alors que normalement elle devrait être à l'intérieur", a argué Stéphane Lecat, le directeur de l'équipe de France d'eau libre. "Cette corde n'aurait jamais dû être à l'extérieur, ce que m'a confirmé par oral le juge arbitre", a-t-il insisté, cité par francetv sport.

Le président de la Fédération française, Francis Luyce, a même évoqué une théorie du complot au micro de RMC. "Il y a des zones assez troubles dans le cadre de la décision qui vient d’être prise. Comme par hasard, une Italienne seconde et une Brésilienne, ça ne vous interroge pas ? Moi, ça m’interroge. La Brésilienne, vous ne croyez pas que ça l’arrange d’être troisième ? Une médaille au Brésil, c’est extraordinaire non ? Et nous, on va accepter cette injustice. Non, je ne l’accepterai pas", a lâché le dirigeant.

Et de marteler : "Je pense qu’il s’agit d’une grande injustice. Quand on voit la course que vient de faire Aurèlie Muller, après s’être battue comme elle l’a fait, je trouve ça honteux, injuste, inqualifiable. Je me battrai contre cette décision que je conteste."

Pourquoi la réclamation a peu de chances d'aboutir ?

Le règlement de la Fédération internationale de natation, cité par L'Equipe, laisse peu d'espoir : "Si, de l'opinion d'un Juge-Arbitre, une action d'un nageur ou d'un bateau d'escorte de sécurité est jugée 'contraire à l'esprit sportif', celui-ci disqualifiera le nageur concerné immédiatement".

Furieux quand il a appris la disqualification de sa nageuse, Philippe Lucas a semblé finalement lui-même résigné. "C'est une course où tu te mets des pains, des gifles, et tu es disqualifiée quand tu effleures la main...", a soupiré l'entraîneur après la course, relaie l'Equipe.

Mais au final, Philippe Lucas n'a pas beaucoup d'espoir pour que la réclamation déposée par la Fédération française de natation aboutisse, comme le note ce journaliste de 20 minutes présent à Rio.

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