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"Je veux insister sur le fait que la Seine-Saint-Denis est et restera au cœur des JO", rassure Tony Estanguet, le président de Paris 2024

Le président de Paris 2024 concède tout de même à franceinfo qu'il y aura des ajustements qui vont toucher "le nombre de sites de compétition", notamment les "sites temporaires".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Tony Estanguet, le président de Paris 2024. (MICHAEL ESDOURRUBAILH / MAXPPP)

Jeudi 10 septembre, des élus de Seine-Saint-Denis ont alerté l'État sur les conséquences de la crise du Covid-19 sur l'organisation des Jeux olympiques de 2024. Ils craignent que leur département, initialement au cœur du projet, ne devienne une variable d'ajustement au milieu d'un plan d'économies à faire pour s'adapter au nouveau contexte. "Je veux insister sur le fait que la Seine-Saint-Denis est et restera au cœur des JO", rassure Tony Estanguet, le président de Paris 2024 sur franceinfo. Il y aura bien des ajustements, qui vont toucher "le nombre de sites de compétition". Il souhaite surtout éviter ceux "qui ne sont pas réutilisés derrière" et les "sites temporaires".

franceinfo : Le Covid-19 vous a forcé à revoir votre copie. Vous anticipez une baisse du budget des Jeux. Pourquoi ?

Tony Estanguet : Aujourd'hui, on n'envisage pas vraiment de baisse du budget des Jeux. On ne constate aucune perte. On est dans un contexte économique incertain, donc un peu comme tous les Français qui, en cette période de confinement, ont fait des économies, on a une gestion prudente de notre projet. On essaie de se dégager des marges de manœuvre, autour de 10% de notre budget pour pouvoir anticiper.

Comment faites-vous justement pour mettre de côté ? On parle de 400 millions d'euros ?

Oui, c'est à peu près l'ordre de grandeur, donc c'est vraiment des budgets importants. Il faut se souvenir que c'est un projet qui est financé par de l'argent privé. Le comité d'organisation Paris 2024 est financé à plus de 97% par de l'argent privé. Aujourd'hui, nous sommes sereins parce que nous avons déjà levé à peu près 50% de nos revenus en seulement deux ans. Plus de 500 millions d'euros ont déjà été levés en partenariat privé. Ça n'a jamais été fait dans un événement sportif, ni pour la Coupe du monde de football ou l'Euro 2016, ni même les Jeux olympiques d'Albertville en 1992. C'est une première absolument inédite.

Mais malgré tout, on est dans un contexte incertain. On est prudent. Alors comment on fait pour dégager des marges de manœuvre ? On ne peut pas toucher à l'ADN des Jeux. L'enjeu, pour nous, c'est d'abord du sport et des émotions. On ne va pas toucher au nombre de sports. On ne va pas toucher au nombre d'athlètes. On veut continuer à offrir à notre pays et au monde la célébration du sport, des moments magiques autour des athlètes, des émotions très fortes.

En revanche, on veut garder cet équilibre entre des sites iconiques comme le Château de Versailles, des épreuves au pied de la Tour Eiffel, au Grand Palais, mais aussi un ancrage territorial très fort en Seine-Saint-Denis parce qu'on veut accompagner ce territoire. Et ces grands marqueurs là, on va les garder. 

Tony Estanguet, le président de Paris 2024

à franceinfo

On a un engagement très fort en matière d'empreinte écologique. On veut diviser par deux le bilan carbone de nos Jeux et donc, même si on cherche des économies, on ne veut pas toucher à ces grands marqueurs de Paris 2024.

Qu'est ce qu'on touche alors ?

On essaie de diminuer le nombre de sites de compétition. On va essayer de toucher tout ce qui ne se voit pas vraiment, ni à la télévision, ni pour les spectateurs. Donc, diminuer le nombre de sites et notamment les sites temporaires, ceux que l'on va construire juste pour quelques jours de compétition. On veut éviter les travers des dernières éditions des Jeux avec la construction de sites qui ne sont pas réutilisés derrière. On veut aussi éviter de construire des sites temporaires juste pour quelques jours de compétition et donc plutôt essayer de mieux utiliser des sites déjà existants en y mettant un peu plus de sport. C'est cette carte qu'on est en train de revoir. On veut aussi diminuer un peu les niveaux de service, c'est à dire que normalement, pendant les Jeux olympiques et paralympiques, vous avez des systèmes de transports séparés pour les spectateurs, pour les journalistes, pour les officiels. Donc, on est en train de voir comment mutualiser tous ces systèmes de transport pour faire des économies. Bref, tout ce qui, encore une fois, n'impacte pas le spectacle sportif qui lui doit rester au cœur de l'évènement.

Il y a un département où les élus s'inquiètent, c'est la Seine-Saint-Denis. Ils ont peur de perdre gros avec cette deuxième version du projet. Comment vous pouvez les rassurer aujourd'hui ?

Pour nous, la Seine-Saint-Denis, c'est vraiment un acteur majeur du projet Paris 2024. C'est vraiment le territoire qui bénéficie le plus des Jeux depuis le début. Moi, je veux insister sur le fait que la Seine-Saint-Denis est et restera au cœur des Jeux de Paris 2024. Quelques exemples : les grands symboles des Jeux vont être en Seine-Saint-Denis. Le village des athlètes, qui va accueillir les 206 pays, sera en Seine-Saint-Denis. Le seul équipement sportif construit spécifiquement pour les Jeux, le Centre aquatique olympique, sera en Seine-Saint-Denis. Le siège du comité d'organisation sera en Seine-Saint-Denis. L'épreuve reine des Jeux, l'athlétisme, sera au Stade de France, en Seine-Saint-Denis.

Le département s'inquiète surtout à propos du Village Médias et du Centre nautique.

Encore une fois, il y a des ajustements qui doivent être faits. Il y a des lignes de transport qui vont être livrées au-delà des Jeux de Paris 2024. Il y a des interrogations sur les logements qui devaient être construits et livrés au moment des Jeux. Il y a une volonté collective de livrer ces logements, mais peut être pas la totalité au moment des Jeux parce que les transports, pour le moment, ne sont pas encore garantis pour 2024. Donc voilà, il y a aujourd'hui des discussions pour voir comment on garde les engagements. Encore une fois, ce sera le territoire le mieux accompagné à travers Paris 2024. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on est face à un nouveau contexte et on doit trouver des solutions pour livrer les équipements d'ici 2024. Mais il n'y a pas de remise en question sur la volonté de laisser un héritage très fort en Seine-Saint-Denis qui, pour nous, reste l'acteur majeur des Jeux de Paris 2024.

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